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8 Mars, 8 Femmes, 8 Histoires


Rédigé par L'Opinion Vendredi 8 Mars 2024

Plus de deux décennies après la première réforme du Code de la Famille, le Maroc amorce cette année un important virage législatif concernant les droits des femmes. Voulu par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et mené selon une approche fédératrice et collégiale incluant les diverses voix de la société marocaine, le projet de réforme de la Moudawana s’annonce comme l’un des chantiers les plus ambitieux de l’Histoire de notre pays. Mais pourra-t-il in uer véritablement sur les mentalités qui restent pour beaucoup marquées par un certain conservatisme ? Nous sommes allés à la rencontre de plusieurs personnalités féminines de diverses strates et tendances de notre société, pour avoir leur son de cloche sur la réforme.




Khadija Ezzoumi : « Ce que nous considérons comme intouchable, c’est l’héritage »

Khadija Ezzoumi, présidente de l’Organisation de la Femme Istiqlalienne, appelle à une réforme de la garde des enfants et du mariage des mineurs, soulignant l’importance de la transparence financière et la nécessité d’un débat constructif.

Le système actuel de garde des enfants doit être révisé en profondeur afin de garantir une équité entre les parents et une prise de décision efficace concernant les enfants “Il est temps de revoir en profondeur la question de la garde des enfants. Actuellement, il est inadmissible qu’une femme ait la responsabilité quotidienne de ses enfants, mais que l’homme doive être présent pour des formalités administratives telles que l’obtention de documents d’identité ou les voyages. La tutelle doit être conjointe, garantissant ainsi une équité et une efficacité dans les décisions concernant les enfants.”, affirme Khadija Ezzoumi, présidente de l’Organisation de la Femme Istiqlalienne (OFI).

Ezzoumi a ajouté que “Le mariage des mineurs est une pratique qui doit être régulée de manière stricte. Un mineur ne devrait pas pouvoir contracter mariage sans une autorisation explicite et des garde-fous clairs. Il est impératif de mettre en place des mécanismes qui empêchent les mariages de jeunes filles de moins de 16 ou 18 ans, sauf dans des cas exceptionnels”. La gestion du patrimoine financier au sein du mariage doit être clarifiée et régulée. Il est essentiel que les couples puissent décider de manière indépendante de la gestion de leurs ressources, et que cela soit enregistré de manière transparente dans un contrat. Cela garantira une utilisation et des investissements justes et équitables des ressources financières, souligne Ezzoumi, qui a affirmé : ” Ce que nous considérons comme intouchable, c’est l’héritage, car il existe d’autres solutions alternatives que nous devrions envisager, plutôt que de modifier ces textes clairs et définitifs, que nous ne pouvons pas accepter de changer”.

La réussite de cette réforme repose sur un débat serein et un travail approfondi réalisé par la commission nationale mandatée par Sa Majesté. Toutes les conclusions seront soumises à Sa Majesté, garantissant ainsi notre assurance. Malgré la diversité des opinions, notre pays demeure un État islamique dirigé par un commandeur des croyants, chargé des affaires religieuses. Dans nos échanges, nul n’a le droit de dénigrer autrui, exigeant ainsi un certain niveau de modération. Le débat et l’acceptation des opinions divergentes sont nécessaires, mais la décision finale revient à Sa Majesté, conclut Khadija Ezzoumi.

Zhor El Hor : « Plaidoyer continu vers une vraie égalité »

Zhor EL Hor est une des femmes ayant brillé dans le domaine du droit. Ayant fait partie de la Commission chargée de la Moudawana de 2004, l’ancienne juge présidente du tribunal de première instance à Casablanca place son espoir dans le nouveau Code de la famille pour garantir l’égalité, seule l’égalité.

La femme marocaine a brillamment démontré son excellence au cours des dernières décennies, s’imposant avec succès dans des domaines tels que le sport, la recherche scientifique, la santé, la politique et l’éducation, des secteurs qui étaient autrefois largement dominés par les hommes. En témoigne l’implication des femmes activistes dans le chantier de la réforme du Code de la famille, depuis son lancement par SM le Roi Mohammed VI.

Cependant, malgré les progrès réalisés, les inégalités persistent toujours, questionnant ainsi les efforts menés pour assurer une meilleure protection des droits, selon Mme Zhor El Hor, avocate au barreau de Casablanca, ancienne juge présidente du tribunal de première instance à Casablanca.

Au regard de l’experte, le projet tant attendu de la réforme de la Moudawana constitue un pas en avant vers la protection des droits de la femme au sein de la famille.

Pour Mme El Hor, le nouveau texte devrait garantir la responsabilité partagée de l’homme et de la femme, de manière à garantir le respect de la dignité de cette dernière. Elle prône, dans ce sens, un système de tutelle et de garde partagée entre les deux parents. De plus, Zhor El Hor estime nécessaire, voire urgent, d’interdire le mariage des mineurs, étant donné qu’il constitue une violation des droits des enfants et les expose à des abus et à des exploitations en les privant de l’éducation.

Outre les textes de loi, l’experte appelle à s’attaquer aux racines du phénomène en luttant contre l’analphabétisme parmi les femmes, particulièrement dans les milieux reculés, en promouvant « l’éducation obligatoire » pour toutes. Selon elle, l’autonomisation économique des femmes serait la solution pour lutter contre l’exploitation des mineures. « En leur assurant une éducation de qualité, ces jeunes femmes réussissent leur autonomisation économique en jouant un rôle actif dans plusieurs domaines », tel que l’aspire l’avocate Zhor El Hor.

Outre cela, elle appelle à promouvoir l’accès de la femme aux instances de décision, en prenant en compte le critère de la compétence. Mme El Hor préconise, dans ce sens, une meilleure représentation de la femme dans les partis politiques. « Malheureusement, la femme n’est aujourd’hui qu’une interface pour des enjeux politiques », observe-t-elle.

Rim Akrache : «L’usage de certains termes dans le Code de la famille actuel ne peut pas être accepté»

Rim Akrache fait partie de la nouvelle génération de militantes féministes qui s’empare du débat sur le code de la famille au Royaume. La Psychologie, son domaine d’expertise, l’a amenée à être au chevet des femmes victimes de violences.

Pour la psychologue clinicienne et chercheuse en psychopathologie, Rim Akrache, qui s’investit beaucoup dans des projets d’autonomisation des femmes, de justice sociale, et de lutte contre l’oppression, et les violences sexistes et sexuelles, les attentes de la réforme du Code de la famille sont nombreuses.

« J’ose espérer que les changements seront significatifs en ce qui concerne l’interdiction du mariage des mineures qui permettra de renforcer la protection des enfants, l’égalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne la garde et la tutelle des enfants, l’accès à la pension alimentaire avec une évaluation qui tient compte des besoins spécifiques des enfants. Je pense notamment aux enfants en situation de handicap qui ont des besoins spécifiques, la suppression des articles liberticides qui empêchent les femmes de refaire leur vie », nous liste-t-elle.

Et de nuancer que « les sujets les plus sensibles pourraient concerner l’héritage (égalité et suppression du taasib), et la polygamie déjà rendue plus difficile depuis la dernière réforme mais qui devrait être interdite, parce qu’elle pèse sur les femmes ». Pour réussir la réforme, tant attendue, de la Moudawana, au-delà des propositions et des recommandations, « c’est une refonte des textes fondée sur les droits qui est recommandée, pour en finir avec certains articles sexistes et liberticides », nous dit-elle. Et d’expliquer que l’usage même de certains termes dans le code de la famille actuel ne peut pas être accepté. « Par exemple, on parle des personnes en situation de handicap comme de « débiles mentaux » ou « faibles d’esprit », des termes très discriminants. La capacité d’exercice de ces personnes dépend de l’évaluation de juges qui ne sont pas forcément formés, avec des interprétations individuelles et subjectives qui motivent leurs décisions. Il faudra peut-être penser à la création d’appareils pour répondre à ces demandes en respectant la dignité de chacun.

Plus tard, c’est-à-dire pour l’application du nouveau code, il faudrait trouver des moyens de diffuser cette Moudawana pour que tout le monde soit sensibilisé, et que les femmes connaissent leurs droits, c’est-à-dire rendre le texte accessible ». 

Ghizlane M’a Mamouni : « Les Marocaines méritent une réforme à la hauteur de leur rôle dans la société »

Ghizlane M’a Mamouni, avocate d’affaires, militante féministe et présidente de l’association Kif Mama Kif Baba, a choisi son cheval de bataille : rétablir la justice et défendre les droits des femmes et des enfants.

A quelques jours de la formulation des recommandations de l’Instance chargée de la révision du Code de la famille, la campagne #MoudawanaKanTsana est lancée cette semaine par Ghizlane M’a Mamouni, présidente de l’association « Kif Mama Kif Baba » et Salma Hamdouch qui est derrière le mouvement « 7achak ». Objectif : faire entendre la voix des Marocains en faveur des réformes auxquelles ils aspirent et qui vont dans le sens de l’intérêt supérieur de l’enfant et de l’égalité en droits entre hommes et femmes.

« En tant que féministes, nous revendiquons une égalité parfaite en droits et en devoirs entre hommes et femmes ainsi qu’une protection effective de l’intérêt supérieur de l’enfant. Objectivement, aucune de nos revendications n’est « haram » ni ne dépasse les limites posées par Sa Majesté. Nous sommes donc remplis de l’espoir que toutes nos revendications soient prises en compte », assure Ghizlane M’a Mamouni.

Pour réussir la réforme du Code de la famille, elle croit fort que « notre droit doit, justement, précéder l’avancée des perceptions dogmatiques des citoyen.ne.s et dépasser les résistances sociales pour garantir l’application des principes universels justes tels que la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant et l’égalité homme/femme ».

Pour cela, il faut se rappeler que les Marocaines démontrent chaque jour leur force et leur résilience, souligne notre interlocutrice. « Elles méritent une réforme à la hauteur de leur rôle dans la société et dans l’essor de notre pays. La loi impose aux femmes les mêmes devoirs qu’aux hommes, il est temps qu’elle leur donne les mêmes droits », résume Ghizlane M’a Mamouni.

Quant à la résistance à l’égalité homme-femme, qui s’est manifestée ces derniers mois, elle tire son origine des “conservateurs”. « Ceux-ci prônent l’inégalité entre hommes et femmes, alors que l’islam, en tant que civilisation et système juridique, a institué beaucoup de droits pour les femmes. Je reste dubitative en constatant qu’en sept siècles, nous avons réussi l’exploit de passer d’une idéologie avant-gardiste à un régime gangrené par le patriarcat et des règles misogynes qui vont à l’encontre du Coran. Mais un Etat de droit ne doit jamais attendre que les plus obscurantistes et les plus aveuglés de ses citoyen.ne.s accèdent à la lumière pour opérer le changement. Au contraire, il est de son devoir de refuser le nivellement par le bas et de tirer ses citoyen. ne.s les plus égarés hors des ténèbres », explique-t-elle.

Boutaina Karouri : « La réforme de la Moudawana doit être guidée par les discours royaux et la Constitution »

La société civile fait bouger les lignes dans le processus de réforme du code de la famille. L’association Forum Azzahra pour la femme marocaine, présidée par Boutaina Karouri, nous fait part de sa participation au dialogue sur la réforme de la Moudawana.

Dans un contexte où les taux de divorce sont en constante augmentation, menaçant les fondements mêmes de l’institution familiale, des réformes législatives s’avèrent nécessaires pour préserver l’unité familiale au Maroc. “Les données officielles signalent une tendance alarmante : pour chaque 100 demandes d’autorisation de mariage, on compte 50 demandes de divorce ou de séparation, ce qui signifie que la moitié des mariages se terminent par un divorce, entraînant ainsi toutes les tragédies sociales qui en découlent, notamment la perte des enfants”, nous explique Boutaina Karouri, présidente de Forum Azzahra pour la femme marocaine. Boutaina Karouri justifie que “L’approche de la modification du Code de la famille au Maroc doit être guidée par les discours royaux et la Constitution, qui soulignent la primauté de l’Islam dans l’identité marocaine.

Cette approche reconnaît la spécificité culturelle, sociale et de développement du Maroc, plutôt que de se conformer à des normes de standardisation législative internationale. Au Forum Al-Zahra pour les femmes marocaines, une intégration créative entre la référence islamique et les droits de l’homme universels est prônée, reconnaissant que les droits de l’Homme résultent de diverses influences philosophiques, civilisationnelles et culturelles, avec un respect pour la diversité culturelle et les choix civilisationnels des peuples et des sociétés”.

Karouri propose non seulement des réformes relatives au divorce, mais également des ajustements dans le processus de mariage. En simplifiant les démarches administratives et en instaurant des critères de qualification pour les fiancés, inspirés de pratiques réussies à l’échelle mondiale, l’objectif est de réduire les taux de divorce en évitant les unions hâtives ou mal préparées.

Parallèlement, Boutaina Karouri a affirmé que pour garantir le succès de cette réforme, ils considèrent que les ressources humaines constituent le pilier essentiel. C’est pourquoi ils insistent sur l’importance d’avoir des juges spécialisés dans les affaires familiales, entièrement dédiés à cette tâche.

«Il est crucial d’avoir des juges spécialisés dans les affaires familiales, étant donné leur sensibilité. Cela implique de confier ces affaires à des juges bien formés, tout en mettant en place des programmes de formation spécialisée et continue pour couvrir tous les aspects nouveaux en termes de connaissances, de compétences, de buts juridiques et d’interprétations jurisprudentielles et légales», conclut-elle.

Bouchra Abdou : « Vers une meilleure protection des droits de la femme »

A la tête de l’association Tahadi pour l’Egalité et la Citoyenneté, Bouchra Abdou s’attache à la facilitation de la procédure administrative et judiciaire en vue de permettre à la femme de défendre efficacement ses droits.

Ces dernières années ont été marquées par l’adoption de plusieurs textes de loi en faveur des droits de la femme, notamment la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, le Code de la société marocaine accordant la nationalité marocaine aux enfants issus de mariages mixtes et la loi relative aux travailleuses domestiques et encore le Code de la famille en cours de réforme.

« Toutes ces lois marquent un pas en avant dans la protection des droits de la femme que ce soit au sein de la famille ou dans le domaine du travail », se félicitent Mme Bouchra Abdou, présidente de l’association Tahadi pour l’Egalité et la Citoyenneté (ATEC).

Toutefois, l’application efficace de ces initiatives se heurte, selon l’activiste, à des difficultés majeures, liées notamment aux procédures judiciaires et administratives souvent complexes, empêchant la femme de défendre ses droits.

« Ces difficultés freinent également la lutte contre plusieurs phénomènes tels que la violence physique et psychologique. Une souffrance majeure que la femme subit en silence », déplore la présidente d’ATEC, qui préconise la mise en place de lois organiques pour assurer une meilleure mise en œuvre des lois en vigueur.

En ce qui concerne la réforme de la Moudawana, le défi est de taille pour Bouchra Abdou, du fait que ce nouveau texte lui incombe la responsabilité de garantir la pleine égalité homme-femme au sein du couple. L’égalité concerne, dans ce sens, plusieurs aspects du mariage, notamment l’affiliation paternelle, la garde d’enfant, la tutelle, la gestion du partage des biens matrimoniaux, et d’autres où la femme s’estime toujours « lésée ».

Une autre fois encore, l’activiste insiste sur l’importance de faciliter la procédure judiciaire pour la femme pour jouir des droits que lui garantira la nouvelle Moudawana. Dans un autre registre, Mme Bouchra Abdou appelle à plus d’efforts dans la protection des femmes dans le domaine du travail. Ces dernières, poursuit-elle, font face à des pratiques inacceptables, telles que le harcèlement et la violence morale.

Pour lutter contre cela, la femme à la tête d’ATEC prône de renforcer le rôle des inspecteurs de travail dans la protection des femmes, en promouvant un changement des mentalités.

Asma Chraibi : « Les femmes doivent cesser de se saboter mutuellement »

Asma Chraibi incarne le rôle de psychothérapeute engagée, dévouée à la défense perpétuelle des droits des femmes. Elle insiste sur la conviction profonde que le progrès de la société est inextricablement lié à la protection inébranlable des droits de la femme, une cause à laquelle elle consacre sa vie avec détermination.

Asma chraibi est une psychothérapeute qui croit en les droits des femmes et milite pour ça toute sa vie. Elle explique les détours de la société qui, pour elle, ne peut se développer sans la protection des droits de la femme.

En tant que psychothérapeute engagée, Asma Chraibi a consacré une part significative de sa carrière à accompagner des femmes victimes de violence ou de harcèlement. Actuellement membre de la Fondation Connecting, elle poursuit son combat dévoué pour l’égalité homme-femme, focalisant son engagement sur la réforme de la Moudawana. Selon elle, cette réforme devrait prioritairement transformer les conditions familiales, notamment en assurant une protection accrue des enfants en cas de divorce, lorsque la garde est confiée à l’un des partenaires.

Dans les milieux économiquement défavorisés, Asma Chraibi constate une vulnérabilité accrue des femmes et des enfants en cas de divorce. Elle souligne la nécessité d’un suivi rigoureux pour garantir que les hommes divorcés contribuent effectivement aux besoins financiers de leurs ex-épouses et de leurs enfants. Elle dénonce les stratagèmes utilisés par certains hommes, travaillant dans l’informel et gagnant bien leur vie, qui prétendent ne pas avoir de salaire pour échapper à leurs responsabilités.

Asma Chraibi évoque également le problème de la polygamie, elle souligne comment certains hommes usent de chantage en menaçant de se remarier pour forcer leurs femmes à accepter la situation. Elle regrette que la Moudawana ne puisse pas changer les mentalités régressives de certains individus. Pour elle, le discours conservateur, souvent mal informé, s’oppose à la réforme sans comprendre les implications profondes de la Moudawana. Elle insiste sur la nécessité d’une sensibilisation à tous les niveaux, appelant à la mobilisation collective de toutes les parties concernées. Elle souligne également l’importance pour les femmes de cesser de se saboter mutuellement en participant à la tromperie conjugale, affirmant que la réussite de cette réforme dépend d’une approche globale et solidaire.

Latifa Bouchoua : « La voix des femmes marocaines, envers et contre tout »

En scrutant le bilan des années passées, ponctué par une série de failles et de dysfonctionnements, il est manifeste que beaucoup reste à faire. Pourtant, la révision de la Moudawana est un jalon historique pour le Maroc, soutient Latifa Bouchoua, présidente de la Fédération des Ligues des Droits des Femmes (FLDF).

Nous aspirons à une réforme globale, profonde et intégrale. Cette opportunité exceptionnelle, si rare, ne se présente pas chaque année. Il est impératif donc d’inscrire cette révision dans une perspective à long terme qui prévoit les défis futurs.

Nous réclamons un changement qui incarne la véritable essence de la Moudawana, consacrant sans équivoque l’égalité entre les hommes et les femmes, ainsi qu’une responsabilité parentale partagée, une force vive qui donne un nouveau souffle à l’éducation des enfants et à l’institution familiale.

Un tel changement doit aussi garantir l’intérêt supérieur de l’enfant, en particulier pour ceux nés hors mariage, souvent laissés pour compte. De même que pour la question de la tutelle et de la garde des enfants, devenues une exigence impérieuse pour assurer une responsabilité parentale équitable et protéger les droits fondamentaux de l’enfant.

En parallèle, il est crucial d’admettre et d’inscrire la contribution financière des femmes dans l’institution du mariage, tout en supprimant plusieurs formes de divorce devenues désuètes ou inopérantes. La question de la pension alimentaire doit être réexaminée aussi en tenant compte des capacités financières des deux parties. Il est temps de promouvoir avec force les droits des femmes en matière d’héritage, de briser les tabous et d’ouvrir le dialogue sur ces questions cruciales.

Depuis 2004, nous avons ardemment travaillé pour faire entendre la voix des femmes marocaines auprès des autorités gouvernementales sur la base de plusieurs plaintes que nous recevons. Nous persévérons dans cette voie, en souhaitant que les acteurs gouvernementaux s’engagent également.

L’Instance chargée de la révision du Code de la famille doit accorder une place de choix à l’avis des Oulémas spécialisés en jurisprudence islamique qui fournissent des interprétations éclairées à plusieurs problématiques actuelles et réelles.








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