Le vent (fié), 2020, Textile, 404 x 228 cm
Un modéliste n’est pas un couturier. Mais lorsqu’il joint les deux, il appelle à la réflexion, invite au toucher, pas forcément physique. Que faitil de l’apport du corps dans cet univers ? Une matrice aussi belle que ses créations, parce que vivante et génératrice de souffle. Dans ce canevas, nous détectons la peau et ce qui la magnifie. Abdoulaye Konaté, peintre mâchant (sans les recracher) modélisme et couture, fait de la matière qui le galvanise son drapé éternel. L’artiste choisit ce médium pour ne plus garder les pieds sur une terre ferme, proposant le dur et le massif, au détriment d’un aérien gorgé d’envols. Il crie avec belle désinvolture ses justes convictions à l’endroit de l’art depuis Diré où il voit le jour, puis Bamako où il compte s’affirmer. Le tissu l’enveloppe intellectuellement, le hante spirituellement, le fait internationalement acteur incontournable du signe et de l’enfoui.
Du bonheur et de la douleur
Après des mises en vagues locales aux ressacs bénéfiques, Konaté s’envole pour Cuba où il hume l’air compressant de résistantes iodes surréalistes. Il y croit et ne dérange quiconque à l’évocation de son doux passé à réécrire. Loué soit qui Mali pense ! Aujourd’hui, il grimace avec empreintes ses souvenirs. Il nourrit l’étoffe de volumes criants de poésie. Il mêle le texte et le textile, les confond, les mouille mais ne les essore jamais. Il en fait des plateformes de réflexion, des filaments accompagnés et continus d’inattendus. Pour lui, le tissu est une toile blanche qu’il teinte de thèmes et de couleurs. Dans ses multiples réalisations, il y a du bonheur et de la douleur, de l’importance des deux. Depuis qu’il s’exerce, qu’il exerce, il demeure ce grand enfant épris du contenu fuyant, celui à rattraper et à apprivoiser. Abdoulaye Konaté poursuit cette quête à la dimension plurielle, singulière d’approche. D’autres artistes africains s’associent au Malien dans son passage du textile pur à l’artistique purifiant : ils sont originaires du Nigéria, du Soudan…
Dépoussiérer le néant
Avec «Les plis de l’âme», l’artiste est en déploiement pour la deuxième fois à Casablanca, à la Galerie 38, signant un nouveau solo show. Ainsi fait-il voyager son art, en embrassant des contrées nouvelles, parfois en y retournant.
Ses enchevêtrements, s’imbriquant dans une espèce de tapis volant, épousent les airs, faisant escales là où son aura tisse des liens quintessenciés, délicats à délier. Sachant que l’opinion publique est un feu de forêt, l’artiste se livre au public en convoquant sa mémoire africaine tatouée à l’envi.
Il n’omet pas de souffler sur de timides braises, certifiées flamboyantes après son passage. Et patatras ! Le confinement glace l’atmosphère. Visiblement pas celle d’Abdoulaye Konaté.
«Les plis de l’âme» émanent de cette intimidation tristement universelle qu’il brave en faisant de l’ouvrage des gestes de réconciliation. C’est pour Casablanca qu’il dépoussière le néant, l’emplit de douloureuses proses politico- sociales, lui jette, tel le sort, un discours mariné dans l’espoir. Des phrasés brodés dans la contexture du questionnement souvent effiloché, entre la matière et son essence intellectuelle.
Réussit-il cet engagement ? Suggérons le «non» qui implique la recherche à bords perdus.
Disons que le lendemain est plus fils du passé que du présent. Konaté fait luire le devenir qu’il grave dans un futur à définir, en enchantant l’immédiat.
Et s’il fait dans le chatoiement des couleurs, c’est qu’il lui doit son existence et, moins colorées, ce qu’il espère illuminer dans un monde aussi sombre que la luminosité qui le perce.
Né sur les cendres de grandes illusions, Abdoulaye Konaté porte en lui un lourd héritage dont il s’allège le temps d’une création inédite, frappée du sceau de la larme hésitante. Ainsi se déplissent, peut-être, les rides du coeur. Apprêt tout…
Du bonheur et de la douleur
Après des mises en vagues locales aux ressacs bénéfiques, Konaté s’envole pour Cuba où il hume l’air compressant de résistantes iodes surréalistes. Il y croit et ne dérange quiconque à l’évocation de son doux passé à réécrire. Loué soit qui Mali pense ! Aujourd’hui, il grimace avec empreintes ses souvenirs. Il nourrit l’étoffe de volumes criants de poésie. Il mêle le texte et le textile, les confond, les mouille mais ne les essore jamais. Il en fait des plateformes de réflexion, des filaments accompagnés et continus d’inattendus. Pour lui, le tissu est une toile blanche qu’il teinte de thèmes et de couleurs. Dans ses multiples réalisations, il y a du bonheur et de la douleur, de l’importance des deux. Depuis qu’il s’exerce, qu’il exerce, il demeure ce grand enfant épris du contenu fuyant, celui à rattraper et à apprivoiser. Abdoulaye Konaté poursuit cette quête à la dimension plurielle, singulière d’approche. D’autres artistes africains s’associent au Malien dans son passage du textile pur à l’artistique purifiant : ils sont originaires du Nigéria, du Soudan…
Dépoussiérer le néant
Avec «Les plis de l’âme», l’artiste est en déploiement pour la deuxième fois à Casablanca, à la Galerie 38, signant un nouveau solo show. Ainsi fait-il voyager son art, en embrassant des contrées nouvelles, parfois en y retournant.
Ses enchevêtrements, s’imbriquant dans une espèce de tapis volant, épousent les airs, faisant escales là où son aura tisse des liens quintessenciés, délicats à délier. Sachant que l’opinion publique est un feu de forêt, l’artiste se livre au public en convoquant sa mémoire africaine tatouée à l’envi.
Il n’omet pas de souffler sur de timides braises, certifiées flamboyantes après son passage. Et patatras ! Le confinement glace l’atmosphère. Visiblement pas celle d’Abdoulaye Konaté.
«Les plis de l’âme» émanent de cette intimidation tristement universelle qu’il brave en faisant de l’ouvrage des gestes de réconciliation. C’est pour Casablanca qu’il dépoussière le néant, l’emplit de douloureuses proses politico- sociales, lui jette, tel le sort, un discours mariné dans l’espoir. Des phrasés brodés dans la contexture du questionnement souvent effiloché, entre la matière et son essence intellectuelle.
Réussit-il cet engagement ? Suggérons le «non» qui implique la recherche à bords perdus.
Disons que le lendemain est plus fils du passé que du présent. Konaté fait luire le devenir qu’il grave dans un futur à définir, en enchantant l’immédiat.
Et s’il fait dans le chatoiement des couleurs, c’est qu’il lui doit son existence et, moins colorées, ce qu’il espère illuminer dans un monde aussi sombre que la luminosité qui le perce.
Né sur les cendres de grandes illusions, Abdoulaye Konaté porte en lui un lourd héritage dont il s’allège le temps d’une création inédite, frappée du sceau de la larme hésitante. Ainsi se déplissent, peut-être, les rides du coeur. Apprêt tout…
Anis Hajjam