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Sport

Analyse du match Maroc-Lesotho: Regragui ou le sacro-saint «équilibre»


Rédigé par Rabei Benkiran le Mardi 10 Septembre 2024

Au bout d’un match compliqué qui comptait pour la deuxième journée de qualification à la Coupe d’Afrique des Nations 2025 (pour laquelle l’équipe nationale est déjà qualifiée), le Maroc a vaincu la modeste équipe du Lesotho avec une faible marque de un à zéro, grâce à un but salvateur de Brahim Diaz, son deuxième en sélection. Cette victoire est venue clore une fenêtre internationale dont le bilan est globalement positif avec deux victoires pour les Lions, mais où les questions demeurent, particulièrement d’un point de vue tactique.



Walid Regragui a profité de cette occasion pour procéder à une large revue d'effectif, le onze de départ connaissant un remaniement majeur avec neuf joueurs différents que lors de la confrontation avec le Gabon. Seuls Aguerd et Hakimi, cette fois-ci aligné à son poste naturel de latéral droit, ont été reconduits. Sur le côté gauche de la défense, Aznou a honoré sa première sélection, alors que les olympiens Targhalline et Richardson, tout juste auréolés d’une médaille de bronze aux Jeux de Paris, débutaient dans l’entrejeu.
 
Mais les Crocodiles auront chèrement vendu leur peau... En alignant une formation en 4-2-3-1 ressemblant plus à un 4-3-3 hybride avec Ounahi dans un rôle de créateur, et pouvant se muer en 4-1-4-1 avec la descente des deux ailiers au niveau des milieux, Regragui a voulu tester une formule plus proche de l’ancienne que de l’actuelle qui résulte de l’incorporation de Brahim Diaz dans le collectif, et s’est retrouvé sans réels arguments face à une équipe qui défendait à 10.

Ainsi, face à une sélection réputée faible, le coach a fait le choix d’un relatif « équilibre » entre attaque et défense avec des joueurs plus aptes à faire l’effort à la perte du ballon et une formation plus compacte. Seulement, l’opposition étant ce qu’elle était, ce test n’a pas abouti puisque le Lesotho n’a eu le ballon que 21% du temps et n’a tiré que deux fois au but (pour un tir cadré). Pire encore, l’équipe est retombée dans les travers qu’on lui connaissait auparavant.
 
Domination stérile, Brahim Diaz sauve la soirée

En effet, avec cette stratégie éculée, la domination des Lions s’est révélée stérile, les milieux créatifs, les ailiers et les attaquants ne parvenant pas à faire la différence. Heureusement, Brahim Diaz sauve la soirée à la 93ème, après cinq changements offensifs qui résonnaient comme un aveu de la part du sélectionneur, celui de sa préférence désormais assumée pour un système plus porté vers l'avant.
 
Sur une belle combinaison, celui qui évolue avec le numéro 10 dans le dos en équipe nationale recevait le ballon à l’entrée de la surface, réalisait un enchaînement de toute beauté, et terminait l’action d’un tir du droit qui finissait sa course dans le petit filet. Diaz en est ainsi à son deuxième but en sélection, suite à celui marqué contre le Gabon, et clôt cette parenthèse internationale sur une note très positive, constituant peut-être l’une des principales satisfactions de cette fenêtre aux yeux du staff marocain. L’Hispano-Marocain semble s’adapter au jeu africain et avoir saisi sa chance pour mieux exprimer ses talents de percussion, de passe et de dribble, afin de toujours améliorer ses statistiques. Les prochaines échéances nous le confirmeront.

Comme relevé plus haut, cinq changements ont eu lieu avant cette réalisation, dont quatre à la 57ème, Brahim Diaz, En-Nesyri, Ziyech et Ezzalzouli entraient à la place d’Adli, de Kaabi, Richardson et Akhomache. Regragui revenait ainsi à la formule précédente, ce 4-2-3-1 avec un vrai offensif au poste de 10, en la personne de Ziyech. L’équipe nationale s’est alors tout de suite montrée plus incisive et dangereuse. Puis le technicien natif de Corbeilles Essonnes a fait entrer Rahimi à la place d’Ounahi, faisant évoluer un Maroc tout à l’attaque en 4-1-3-2 pendant les dernières minutes.
 
Un équilibre à trouver avant d’affronter de plus gros clients
 
Les enseignements de ce revirement stratégique sont dès lors assez clairs : face à des équipes plus faibles, les Lions ont tout intérêt à aligner une équipe portée vers l’attaque avec des talents exceptionnels tels que Ziyech et Brahim Diaz à la création, pouvant même passer en 4-2-4 lors des phases de possession. Contre des équipes qui relèvent plus du défi et qui seront capables de tenir la dragée haute à nos Lions, il serait intéressant de faire vivre un peu plus ce système et de combler ses faiblesses au milieu de terrain et en défense, notamment lors des phases de transition adverses, par de bons déplacements.
 
Car en effet, contre le Gabon, qui est une bonne équipe en soi, le score ne reflétait pas réellement la physionomie du match. Les joueurs de Regragui ont souffert et ont souvent été exposés aux offensives des Panthères (16 tentatives de leur part pour 7 cadrées), et c’était le plus souvent sur contre, avec en plus la lenteur notable d’Abqar qui exposait l’équipe à plus de vulnérabilité. Sans un match solide de la part de Bounou, le score au tableau d’affichage aurait même pu être largement différent.
 
Alors certes, grâce à ce 4-2-3-1, le jeu du onze national est moins latéral qu’il ne l’était auparavant et s’appuie moins sur des centres qui trouvent rarement preneur. L’ensemble est plus réfléchi grâce à des appuis dans l’axe incarnés par Diaz et Ziyech (respectivement 71 et 65 ballons touchés contre le Gabon), qui permettent de combiner et de progresser sur le terrain, mais les lacunes du nouveau système de Regragui ont tout de même été visibles.
 
De vrais tests à partir de mars
 
Qui plus est, après cette phase d’ajustements, le Maroc fera face à de vrais tests dès mars et les matchs de qualification à la Coupe du Monde 2026, comme l’a expliqué le coach en conférence de presse. Regragui a seulement quatre rencontres devant lui (deux contre la République centrafricaine le 7 et le 10 octobre, une face au Gabon, le 11 novembre et puis une contre le Lesotho le 19 du même mois) pour gommer ces problèmes.
 
La force de cette formation en 4-2-3-1 est la forte présence dans le milieu de terrain adverse, sur les ailes et dans le relais au cœur du jeu. Cependant, avec une telle organisation, il faut savoir gérer les temps forts comme les temps faibles. Cela passe par un contre-pressing haut avec un bloc compact, et le retour des joueurs offensifs lors des phases de domination de l’adversaire, ce à quoi Ziyech et Diaz devront s’habituer, sous faute de déséquilibre.
 
Si l’équipe fait l’objet d’un jeu de transition de son opposant, les centraux doivent être secondés par un milieu de terrain et dans l’idéal, par un des deux latéraux. C’est pourquoi ces derniers ne peuvent se permettre de monter systématiquement en même temps, et doivent faire l’effort à la perte de balle.
 
Aussi, la densité au milieu de terrain et la présence athlétique sur les deuxièmes ballons doivent s’appuyer sur un bon état de forme d’Amrabat qui devra être plus mobile pour combler les brèches, et sur sa complémentarité avec son acolyte du milieu. Ounahi étant en manque de rythme en ce début de saison, El Khannouss aura certainement sa carte à jouer, surtout s’il parvient à réaliser de bons débuts avec Leicester.
 
« L’équilibre » évoqué par Regragui ces derniers jours passera aussi par là.







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