Dans les salons parisiens, notamment parmi les élites médiatiques, une sorte de mantra semble désormais dominer les esprits où le Maroc est dressé en bouc émissaire. Avant même le récent emballement médiatique, cela fait des mois que dure une sorte de campagne centrée essentiellement contre le Royaume accusé d’avoir trop d’influence en France. Articles, reportages, fausses révélations, documentaires orientés, la presse hexagonale ne cesse de déployer son artillerie lourde contre le Royaume en le bombardant d’accusations, jusque-là, infondées.
La paranoïa est devenue d’autant plus claire que le Royaume fait régulièrement la Une des médias qui surestiment démesurément le soft power marocain en France. Dernière tentative en date, celle du magazine Marianne”. Le magazine, autrefois connu pour son obédience de gauche, a sorti un nouveau numéro avec le Maroc en couverture. Avec un dossier de 14 pages, l’hebdomadaire français a tenté de dépeindre le Maroc sous les traits d’un puissant lobby qui serait en train de lier les mains de la France à l'aide “d'un activisme de l'ombre”. Un postulat qui frôle le complotisme qu’on constate souvent chez nos voisins de l’est.
Le magazine est allé jusqu’à “accuser le Royaume d’infliger régulièrement “des coups bas” à la France”, en donnant crédit à toutes les accusations d’espionnage et d’entrisme que les médias français n’ont eu de cesse de colporter, poussant l’avocat du Royaume, Olivier Baratelli, a faire état d'accusations "fantaisistes et téléguidées".
Par ailleurs, ce qui est étonnant, c’est que les rédacteurs de Marianne accusent le Maroc de lobbying féroce alors qu’ils prétendent, en même temps, que le Royaume serait “en panne de réseaux” en France. Une contradiction de plus ou de moins ! Ainsi, Marianne n’a fait que ressasser les arguments que répètent à longueur de journée les officiels algériens, dont le président Tebboune, qui pointent du doigt le supposé “lobby marocain” en France.
Dès l’épisode Pegasus, cette paranoïa anti-marocaine n’a eu de cesse de grandir comme une boule de neige au sein des médias français qui ne semblent pas avoir envie de croire à la présomption d'innocence. Pour rappel, la coalition de médias français a relaté avec empressement le rapport d’Amnesty, sans se donner la peine de prouver les griefs en Justice que la Maroc a saisie pour diffamation. Le Royaume a voulu les confronter devant la Justice. Le Parquet a jugé irrecevable la plainte du Maroc.
S’en ai suivi une succession ininterrompue de supposées “révélations” qui vont dans le sens d’alimenter la phobie anti-marocaine. En témoigne celle qui concerne le journaliste d’origine marocaine de BFMTV, Rachid Mbarki, qui a été suspendu après avoir été soupçonné d’avoir diffusé un contenu pro-marocain sans l’aval de sa hiérarchie. La chaîne d’information continue s’est déchaînée sur son journaliste qui fait l’objet d’une enquête sur une prétendue ingérence.
Que signifie cet acharnement ?
Au fond, cet acharnement politico-médiatique contre le Maroc a suscité l’incompréhension de l'opinion marocaine qui se demande pourquoi un tel acharnement à ce moment-là. De nombreux experts s’accordent à dire qu’il s’agit d’une chasse aux sorcières des “supposés relais du Maroc” en France. “Quand il s’agit des européens, on parle de Soft Power, mais quand il s’agit des pays du sud, on parle de lobbying”, lâche un diplomate marocain sous couvert d’anonymat.
Selon notre interlocuteur, ces attaques médiatiques, à ce moment-là, ne sont pas innocentes et sont le reflet de l’état actuel des relations franco-marocaines et de ce pensent réellement certaines élites politiques en France. En réalité, cette campagne médiatique intervient au moment où le parti au pouvoir en France, "Renaissance", envoie des signaux ambigus, en prenant activement part, à l'acharnement du Parlement européen qui vient d'adopter une nouvelle résolution hostile au Maroc. Une résolution qui appelle à interdire l'accès du PE aux responsables marocains et qui a été votée par les eurodéputés macronistes sous la houlette de Stéphane Séjourné, un proche d'Emmanuel Macron. Sur ce point, le président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, Lahcen Haddad, n'a pas écarté le fait que l'Etat profond en France soit derrière la démarche du PE.
En effet, seuls les esprits candides peuvent croire au hasard et à la coïncidence. Mais la temporalité de ces attaques médiatiques n’est pas fortuite puisqu’elles interviennent à un moment charnière où l’axe Paris-Rabat est loin de ce qui étaient à son apogée durant l’époque Chirac et Sarkozy. Emmanuel Macron, fidèle à sa stratégie du “en même temps”, risque de faire voler en éclat les relations de la France avec le Maghreb, dont il ne connaît que peu les subtilités. La propension du Royaume à diversifier ses partenaires ne plaît nullement à l’Elysée qui semble attaché à sa relation paternaliste avec le Royaume. Le Maroc, rappelons-le, s’est allié avec les États-Unis et Israël tout en développant profondément son partenariat avec de nouveaux acteurs en Europe dont l’Espagne et le Royaume-Uni.