Il fait partie de ces anciens qu’on découvre et accompagne à longueur de décennies, d’années, de créativités, de troubles créations. Il ne s’appelle pas, il s’épelle. Il ne s’étale pas, il s’installe. Il n’évoque pas, il invoque. Il ne s’éloigne pas, il se soustrait. Il ne vit pas, il existe. Un artiste est forcément un amas de curiosités, Bachir EST une curiosité. Son univers est empli de relais fictionnels nés de réalités où la fusion s’écrase dès que la communion se fait base. Sa propre fusion s’attise dès qu’on s’éloigne de son œuvre, la léchant des yeux, la caressant des battements du chœur.
Les toiles sonores réclament indéniablement l’ouïe contemplative, taquinant le rebrousse-poil, essayant de le redresser. Avec une abstraction fine en formes. Hicham Daoudi, hôte de l’exposition du Comptoir des Mines dont il est le « directeur de la publication » se vautre dans le passé récent de cet artiste en perpétuel questionnement emprunté avec vergogne : « En 1971, il réalisait deux œuvres très marquantes à nos yeux, la première intitulée ‘’Alignement, 1971’’ qui présentait plusieurs rangées de cercles colorés dont les formes semblent évoluer au sein de l’espace blanc de la composition, jouant avec les notions d’équilibre et de perspective selon le point de vue du spectateur, et la seconde ‘’Profondeur, 1971’’ qui présentait plusieurs carrés insérés les uns dans les autres, dans différentes nuances de couleurs.
Grâce à ces deux œuvres, nous pouvions entrevoir une parenté avec les idées de l’immense artiste Russe Kasimir Malevitch, qui prônait ‘’la suprématie du sentiment pur, qui trouve un équivalent dans la forme pure’’, débarrassée de toute symbolique ‘’rationnelle, ou irrationnelle’’. De ce postulat en 1915, Malevitch a donné naissance à un courant artistique appelé ‘’Suprématisme’’, où il est question de capturer l’évolution des formes dans les multiples dimensions. Malevitch aimait représenter un univers infini blanc dans lequel flottent, montent ou chutent des formes géométriques et où Il remettait au spectateur la responsabilité de la compréhension de ses compositions.
Il est intéressant de voir aujourd’hui comment Bachir Demnati partage inconsciemment et à travers l’histoire les préceptes de cet immense artiste russe considéré à raison comme l’un des plus importants du XXI e siècle, et l’un des pères de l’abstraction. Chez Bachir, le plaisir ultime est avant tout de dompter l’espace de l’œuvre pour inventer des compositions au graphisme élaboré, et au geste très affirmé. »
Les toiles sonores réclament indéniablement l’ouïe contemplative, taquinant le rebrousse-poil, essayant de le redresser. Avec une abstraction fine en formes. Hicham Daoudi, hôte de l’exposition du Comptoir des Mines dont il est le « directeur de la publication » se vautre dans le passé récent de cet artiste en perpétuel questionnement emprunté avec vergogne : « En 1971, il réalisait deux œuvres très marquantes à nos yeux, la première intitulée ‘’Alignement, 1971’’ qui présentait plusieurs rangées de cercles colorés dont les formes semblent évoluer au sein de l’espace blanc de la composition, jouant avec les notions d’équilibre et de perspective selon le point de vue du spectateur, et la seconde ‘’Profondeur, 1971’’ qui présentait plusieurs carrés insérés les uns dans les autres, dans différentes nuances de couleurs.
Grâce à ces deux œuvres, nous pouvions entrevoir une parenté avec les idées de l’immense artiste Russe Kasimir Malevitch, qui prônait ‘’la suprématie du sentiment pur, qui trouve un équivalent dans la forme pure’’, débarrassée de toute symbolique ‘’rationnelle, ou irrationnelle’’. De ce postulat en 1915, Malevitch a donné naissance à un courant artistique appelé ‘’Suprématisme’’, où il est question de capturer l’évolution des formes dans les multiples dimensions. Malevitch aimait représenter un univers infini blanc dans lequel flottent, montent ou chutent des formes géométriques et où Il remettait au spectateur la responsabilité de la compréhension de ses compositions.
Il est intéressant de voir aujourd’hui comment Bachir Demnati partage inconsciemment et à travers l’histoire les préceptes de cet immense artiste russe considéré à raison comme l’un des plus importants du XXI e siècle, et l’un des pères de l’abstraction. Chez Bachir, le plaisir ultime est avant tout de dompter l’espace de l’œuvre pour inventer des compositions au graphisme élaboré, et au geste très affirmé. »
Rêvasseur intemporel
Mais Bachir Demnati n’a de cesse de se retirer, de faire corps avec un silence qui le conduit vers l’interpellation majestueusement ignorée par des soins qu’il cultive, les siens. Il se tait verbalement, continue à palabrer intérieurement. Il prend de l’élan et ne s’élance que pour signer un retour hypothétique. Et puis, voilà, il resurgit par la force du démon, par l’insurrection de l’ange. Bachir se (re)fait violence pour s’adoucir l’action. « Le voilà de retour parmi nous, pour reprendre un parcours passionnément entamé depuis 1961. L’artiste sommeillant en lui se réveille, hanté par les nombreuses esquisses qu’il n’a pas eu le temps de réaliser. Durant son absence, l’artiste n’a pas perdu la main, une main que la mémoire a su sauvegarder dans les plis de la peau et les articulations des doigts. Une mémoire qui veille à cette renaissance à soi de l’artiste, voire à sa résurrection.
Rappelons que cette mémoire du corps, une fois réactivée, est confrontée à une temporalité en suspens, au passé du passé et à l’avenir d’un présent en pleine effervescence. Beaucoup d’eaux ont coulé sous les ponts depuis 1978, et nombreux sont les évènements qui ont marqué le parcours de Demnati : le décès de Melehi et Chebâa, ses deux compagnons de parcours », dit le critique Farid Zahi en poursuivant : « Les peintures qui, dans cette exposition, s’offrent à notre regard, bien qu’elles soient le fruit d’une nouvelle vision, portent en elle l’histoire d’une carrière artistique, d’un long arpentement et d’un double legs, personnel et historique : celui qui demeurait enfoui dans la caverne de l’artiste, et celui qui le liait intimement à l’aventure de l’abstraction géométrique dans les années soixante et soixante-dix. Car, sous les cendres de ce feu, se découvre une flamme artistique intarissable, indissociable de l’histoire de notre modernité artistique. L’artiste a, tout d’abord, ‘’réactivé’’ sa créativité par la reprise d’esquisses anciennes, jalousement conservées depuis les années soixante-dix. Une façon de rattraper un temps fluide qui s’écoule sans relâche, de le capter en marche et de l’interpeller » Technicien fin en nuances, Demnati -77 ans d’âge-se suggère artiste dès son treizième printemps.
Il évolue par à-coups, se crée un univers, installe une création entre deux chaises, s’épanouit en se détachant de noms préalablement approchés, se fait des adeptes avant de s’évanouir… Son come-back en 2014 à la galerie tangéroise Mohamed Drissi puis en 2018 au Comptoir des Mines à Marrakech et début 2023 à l’Institut français de Tanger fait de cet artiste, hermétiquement contemporain, un déclencheur de rêvasseries intemporelles.
Anis HAJJAM