Photo: droits réservés.
Au cœur de la Métropole, une artère s'apprête à faire peau neuve. Le boulevard Zerktouni, long ruban d'asphalte qui rapproche le Nord de la ville de son Sud, va connaître une transformation valant le pactole de 133,5 millions de dirhams. Un lifting dispendieux, certes, mais nécessaire pour cette cité qui ne cesse de se réinventer.
Deux groupements marocains, Vias-Electrimar et GTR-Nabilum, ont remporté la mise. Leur mission ? Transformer ce pan de macadam en une promenade digne du XXIème siècle. De la Corniche à Mohammed VI, une grande partie de la ville va recevoir un "coup de jeune" sous les yeux des Casablancais.
"Il s'agira de pistes cyclables qui vont serpenter le long des trottoirs élargis, des arbres plantés çà et là pour offrir une ombre bienvenue aux passants et un éclairage public repensé pour illuminer les nuits casablancaises" s'enthousiasme Moulay Ahmed Afilal, vice-président du Conseil de la Ville. C'est tout un écosystème urbain qui se dessine, promesse d'une ville plus respirable, plus vivable, en somme.
Néanmoins, ce chantier titanesque n'est pas qu'une affaire d'esthétique. C'est avant tout une réponse aux maux qui rongent la Métropole : embouteillages chroniques, pollution asphyxiante, stress urbain. En élargissant ici, en rétrécissant là, les ingénieurs jouent une partition subtile pour fluidifier le trafic et apaiser la ville.
Le boulevard Zerktouni, c'est un peu l'épine dorsale de la Cité blanche. Il raconte à lui seul l'Histoire de cette cité protéiforme, de ses ambitions et de ses contradictions. Ici, les façades Art déco côtoient les buildings de verre, témoins silencieux du passage du temps et des modes architecturales.
Au fil des sections, le visage du boulevard se transforme, s'adapte aux contraintes du terrain et aux besoins des habitants. Tantôt généreux en espaces verts et en places de stationnement, tantôt resserré autour de ses voies de circulation, il se fait le miroir des quartiers qu'il traverse.
Près de la Corniche, c'est l'opulence : trois voies de chaque côté, des pistes cyclables protégées, des trottoirs spacieux. Plus on s'enfonce dans la ville, plus l'espace se fait rare, obligeant à des choix cornéliens. Faut-il privilégier le stationnement ou la mobilité douce ? La fluidité du trafic ou le confort des piétons ?
Les trémies, ces tunnels urbains qui plongent sous les carrefours, ajoutent encore à la complexité du puzzle. Elles sont le symbole d'une époque où la voiture était reine, où la vitesse primait sur tout le reste. Aujourd'hui, elles sont un défi pour les urbanistes, contraints de composer avec ces héritages du passé.
Ce réaménagement, c'est aussi l'occasion de repenser la place de chacun dans l'espace public. Les cyclistes, longtemps oubliés, se voient offrir des pistes dédiées sur une bonne partie du tracé. Les piétons, eux, bénéficieront de trottoirs élargis, invitation à la flânerie et à la redécouverte de la ville à hauteur d'homme.
Houda BELABD
Le prix du pari...
Qu'on se le dise : ce chantier sera aussi synonyme de nuisances pour les riverains et les commerçants. Pendant des mois, il faudra composer avec le bruit des marteaux-piqueurs, la poussière des travaux, les déviations improvisées. C'est le prix à payer pour voir éclore une nouvelle urbanité.
Au final, ce projet est bien plus qu'une simple réfection de voirie. C'est un pari sur l'avenir, une tentative de réconcilier Casablanca avec elle-même. Entre modernité et tradition, entre fluidité et convivialité, le nouveau boulevard Zerktouni sera le témoin des aspirations d'une ville en perpétuel mouvement.
Alors que les pelleteuses s'apprêtent à entrer en action, c'est toute une cité qui retient son souffle, dans l'attente de ce nouveau chapitre de son Histoire urbaine.
