Depuis une quinzaine d’années, les challenges dangereux se succèdent mais ne se ressemblent pas. L’imagination des enfants et adolescents est sans limite quand il s’agit d’impressionner leurs amis et de se rendre populaires, souvent en acceptant de relever des défis toujours plus risqués. On entend régulièrement parler de ces jeux dangereux une fois qu’un drame est survenu à l’école, à la maison ou au centre de loisirs. Ces défis sont le plus souvent tabous dans le milieu familial ou scolaire.
En effet, les enfants font tout pour dissimuler ces pratiques interdites car ils savent qu’elles sont dangereuses. Aujourd’hui n’importe quel enfant peut y participer un jour, par défi ou par peur de l’exclusion du groupe, et cela peu importe son milieu social.
Si les défis et jeux dangereux existent depuis des décennies, ils ont pris un essor considérable avec Internet et les réseaux sociaux. On profite de la vitrine qu’offre le web pour se filmer, montrer de quoi on est capable et impressionner ses pairs. Mais les conséquences de ces jeux peuvent être dramatiques : sentiment de culpabilité, humiliation, séquelles physiques ou neurologiques irréversibles, décès… Les défis feraient des milliers de victimes dans le monde chaque année.
Quels jeux existent actuellement ?
Selon Grégory Michel, professeur de psychopathologie et de psychologie clinique, spécialiste des défis sur Internet et auteur de l’ouvrage « La prise de risque à l’adolescence », il existe 3 catégories de jeux : les jeux de non-oxygénation, les jeux de défis et les jeux d’agression. Les jeux de non oxygénation (jeu du foulard, jeu de la tomate, jeu du sac…) conduisent à une privation d’oxygène au cerveau jusqu’à l’évanouissement.
Ces jeux se pratiquent généralement en groupe. Certains essayent à la maison. C’est souvent là que les accidents surviennent. Les jeux de défis s’appuient sur le principe du « cap ou pas cap ? ». Il s’agit souvent de jeux avec un enjeu physique comme le snow challenge qui consiste à se jeter dans la neige en maillot de bain ou le train surfing (surfer sur le toit d’un train). Certains défis impliquent l’usage de produits : alcool, bombe aérosol, lessive… Dans les jeux d’agression, un groupe de personnes désigne une victime et l’attaque. C’est le cas du petit pont massacreur ou du happy slapping qui consiste à filmer une scène de violence et à la diffuser sur Internet. Ces types de jeux peuvent être en lien avec du harcèlement.
« Des phénomènes mineurs » Pour Dr Ghizlane Benamar, pédopsychiatre, des jeux de mort au jeu de vivre, la fascination des adolescents pour ces défis incombent en partie aux médias. « Les médias exacerbent des phénomènes mineurs et leur confèrent ainsi une ampleur considérable. En évoquant ces défis, ils leur donnent une publicité qui attise la curiosité. De nombreux adolescents qui ne connaissaient pas ces jeux vont avoir envie d’essayer ou d’en parler avec leurs copains. C’est l’ensemble de ces facteurs qui crée le phénomène ». Mais que recherche la minorité d’enfants et d’adolescents qui s’y risquent ? « Ils s’adonnent à ces défis pour exister dans le regard des autres. Dans notre société de l’image, il faut faire le buzz pour acquérir de la popularité », explique la spécialiste.
Un Challenge très dangereux
Parmi les challenges dangereux, on retrouve le #LabelloChallenge qui a fait des victimes sur TikTok. Il s’agit alors d’un jeu pour les ados qui consiste à se passer du baume à lèvres à chaque fois qu’ils ont vécu un moment difficile dans leur journée. À la fin du tube, ils doivent se scarifier, ou se suicider. Depuis quelques jours, une nouvelle tendance TikTok fait le tour. Et elle est aussi très dangereuse puisqu’elle a causé de grandes blessures à une enfant de 10 ans au Royaume-Uni.
La petite fille a pulvérisé du déodorant sur sa main pendant 10 secondes. Le but étant de ressentir une sensation de froid provoquée par le spray aérosol. Mais petit problème, cela l’a brûlée aux deux mains. Les médecins affirment qu’il lui faudra au moins deux ans pour guérir.
Sa maman explique alors sur Facebook : « 10 secondes de stupidité lui laisseront deux ans de douleur. Je n’arrivais pas à y croire quand j’ai vu ses mains, je ne savais pas si je devais rire ou pleurer. Je suis tellement en colère. C’est l’une des petites filles les plus brillantes, les plus polies et les plus sensées, je n’aurais jamais pensé qu’elle ferait une chose pareille ».
En effet, les enfants font tout pour dissimuler ces pratiques interdites car ils savent qu’elles sont dangereuses. Aujourd’hui n’importe quel enfant peut y participer un jour, par défi ou par peur de l’exclusion du groupe, et cela peu importe son milieu social.
Si les défis et jeux dangereux existent depuis des décennies, ils ont pris un essor considérable avec Internet et les réseaux sociaux. On profite de la vitrine qu’offre le web pour se filmer, montrer de quoi on est capable et impressionner ses pairs. Mais les conséquences de ces jeux peuvent être dramatiques : sentiment de culpabilité, humiliation, séquelles physiques ou neurologiques irréversibles, décès… Les défis feraient des milliers de victimes dans le monde chaque année.
Quels jeux existent actuellement ?
Selon Grégory Michel, professeur de psychopathologie et de psychologie clinique, spécialiste des défis sur Internet et auteur de l’ouvrage « La prise de risque à l’adolescence », il existe 3 catégories de jeux : les jeux de non-oxygénation, les jeux de défis et les jeux d’agression. Les jeux de non oxygénation (jeu du foulard, jeu de la tomate, jeu du sac…) conduisent à une privation d’oxygène au cerveau jusqu’à l’évanouissement.
Ces jeux se pratiquent généralement en groupe. Certains essayent à la maison. C’est souvent là que les accidents surviennent. Les jeux de défis s’appuient sur le principe du « cap ou pas cap ? ». Il s’agit souvent de jeux avec un enjeu physique comme le snow challenge qui consiste à se jeter dans la neige en maillot de bain ou le train surfing (surfer sur le toit d’un train). Certains défis impliquent l’usage de produits : alcool, bombe aérosol, lessive… Dans les jeux d’agression, un groupe de personnes désigne une victime et l’attaque. C’est le cas du petit pont massacreur ou du happy slapping qui consiste à filmer une scène de violence et à la diffuser sur Internet. Ces types de jeux peuvent être en lien avec du harcèlement.
« Des phénomènes mineurs » Pour Dr Ghizlane Benamar, pédopsychiatre, des jeux de mort au jeu de vivre, la fascination des adolescents pour ces défis incombent en partie aux médias. « Les médias exacerbent des phénomènes mineurs et leur confèrent ainsi une ampleur considérable. En évoquant ces défis, ils leur donnent une publicité qui attise la curiosité. De nombreux adolescents qui ne connaissaient pas ces jeux vont avoir envie d’essayer ou d’en parler avec leurs copains. C’est l’ensemble de ces facteurs qui crée le phénomène ». Mais que recherche la minorité d’enfants et d’adolescents qui s’y risquent ? « Ils s’adonnent à ces défis pour exister dans le regard des autres. Dans notre société de l’image, il faut faire le buzz pour acquérir de la popularité », explique la spécialiste.
Un Challenge très dangereux
Parmi les challenges dangereux, on retrouve le #LabelloChallenge qui a fait des victimes sur TikTok. Il s’agit alors d’un jeu pour les ados qui consiste à se passer du baume à lèvres à chaque fois qu’ils ont vécu un moment difficile dans leur journée. À la fin du tube, ils doivent se scarifier, ou se suicider. Depuis quelques jours, une nouvelle tendance TikTok fait le tour. Et elle est aussi très dangereuse puisqu’elle a causé de grandes blessures à une enfant de 10 ans au Royaume-Uni.
La petite fille a pulvérisé du déodorant sur sa main pendant 10 secondes. Le but étant de ressentir une sensation de froid provoquée par le spray aérosol. Mais petit problème, cela l’a brûlée aux deux mains. Les médecins affirment qu’il lui faudra au moins deux ans pour guérir.
Sa maman explique alors sur Facebook : « 10 secondes de stupidité lui laisseront deux ans de douleur. Je n’arrivais pas à y croire quand j’ai vu ses mains, je ne savais pas si je devais rire ou pleurer. Je suis tellement en colère. C’est l’une des petites filles les plus brillantes, les plus polies et les plus sensées, je n’aurais jamais pensé qu’elle ferait une chose pareille ».
Meryem EL BARHRASSI
Repères
Rester attentifs aux signes inquiétants
Les parents doivent aussi rester attentifs aux signes qui pourraient montrer que leur enfant est tombé dans les mailles du filet : « s’il connaît des troubles de sommeil, une baisse de concentration ou des résultats scolaires, il faut l’interroger sur ce qui ne va pas en lui certifiant qu’il ne sera pas jugé », conseille Dr Benamar. Mais pour les parents qui seraient tentés de jeter un coup d’oeil aux traces numériques laissées par leurs enfants, pas sûrs qu’ils en trouvent : « car les organisateurs de défis recommandent généralement aux participants d’effacer leur historique sur le Web », poursuit-elle.
Se garder d’un discours moralisateur
Face à ces phénomènes, « les parents se sentent bien souvent impuissants. Tout d’abord parce qu’ils ignorent l’existence de ces « jeux » viraux que leurs enfants expérimentent à l’abri de leur regard », constate Dr Benamar. Mais ils doivent surtout engager le dialogue avec leurs enfants sur le sujet. « Il ne faut pas attendre qu’un adolescent soit capté par un défi dangereux pour lui en parler. En se gardant d’un discours moralisateur, mais en responsabilisant l’enfant. Il faut l’interroger sur ce qu’il connaît de ces «jeux» et l’amener à comprendre les risques qu’il court, et lui donner la mission d’alerter ses amis sur les conséquences de ces défis dangereux », indique-t-elle.
L'info...Graphie
Défis 2.0 : Les adolescents sont-ils vulnérables ?
Les adolescents sont-ils vulnérables ?
Il ne faut jamais sous-estimer la capacité des adolescents à se mettre en danger. S’ils sont peu à y participer, ils sont nombreux à avoir déjà visionné des vidéos mettant en scène ces pratiques. Et l’inquiétude des parents autour de ces défis n’aide pas à enrayer le phénomène. « Quand on dit à un ado de ne pas regarder, il aura justement envie de le faire. C’est le goût de l’interdit », affirme Dr Ghizlane Benamar, pédopsychiatre. « Se mettre en valeur à travers des défis a toujours fait partie de la culture adolescente. Mais les réseaux sociaux, où il faut se démarquer, ont accentué l’aspect extrême de ces jeux et leur visibilité », souligne-t-elle.
Reste que face à ce phénomène, les parents sont parfois démunis. « La plupart ne savent pas ce que font leurs enfants sur leurs écrans et rechignent à aborder ce sujet. C’est une erreur », déplore la spécialiste. S’il s’avère compliqué d’empêcher un adolescent d’aller sur un site, des voix s’élèvent pour une meilleure réglementation sur les réseaux.
« Il faudrait responsabiliser les diffuseurs et les inciter à censurer ces contenus », insiste Dr Benamar. Car la pédopsychiatre est persuadée : « Tous les deux mois, il y a un nouveau challenge. Et ce n’est pas près de s’arrêter ».
Reste que face à ce phénomène, les parents sont parfois démunis. « La plupart ne savent pas ce que font leurs enfants sur leurs écrans et rechignent à aborder ce sujet. C’est une erreur », déplore la spécialiste. S’il s’avère compliqué d’empêcher un adolescent d’aller sur un site, des voix s’élèvent pour une meilleure réglementation sur les réseaux.
« Il faudrait responsabiliser les diffuseurs et les inciter à censurer ces contenus », insiste Dr Benamar. Car la pédopsychiatre est persuadée : « Tous les deux mois, il y a un nouveau challenge. Et ce n’est pas près de s’arrêter ».
Jeux dangereux à l’école
Les défis se développent
Ils ont toujours existé dans les cours des écoles et à la maison, mais sont longtemps restés confidentiels. Aujourd’hui plus que jamais, les jeux dangereux à l’école inquiètent. « Nos enfants et pré-ado doivent être informés des conséquences dramatiques de ces jeux. On ne joue pas avec sa vie. La frontière est étroite entre celui qui chutera et celui qui se sauvera », indique Dr Benamar.
Le fameux « cap ou pas cap » prend des accents dangereux, et encourage aujourd’hui les conduites à risque, en particulier chez les adolescents. Le Wild Balconning consiste à sauter d’un balcon ou d’une fenêtre dans une piscine ou une rivière, et à diffuser les images du saut sur le Net. En Espagne, 4 jeunes sont morts en tentant l’expérience.
Les héros et les « Supermen » ne sont que des images de BD ou de film, mais la réalité est toute autre. Non seulement ce jeu peut aboutir au décès du fait d’une non-oxygénation du cerveau pendant quelques minutes seulement, mais en cas de survie, les séquelles peuvent être graves : paralysie complète, ou de la moitié du corps, surdité, cécité, épilepsie sévère… « On a longtemps cru les jeux dangereux réservés aux adolescents en mal de sensations, voire suicidaires. Or, jouer à un jeu dangereux, c’est pour les enfants le sentiment d’évoluer dans un univers qu’ils pensent contrôler », explique la spécialiste.
De nombreux enfants ont été découverts les pieds touchant le sol, sans mobilier pour se percher initialement, ce qui prouve que lorsque l’enfant perd connaissance et qu’il n’y a pas d’accompagnant pour arrêter le processus, il ne peut plus y avoir de retour en arrière.
3 questions à Jihane Laraichi
« Si on voit quelqu’un prendre des risques ou mettre en danger une personne, on doit en parler »
On ne compte plus les jeux dangereux pratiqués dans les écoles ou à la maison. Aujourd’hui, la dangerosité de ces pratiques est décuplée par la diffusion des « exploits » sur les réseaux sociaux. Jihane Laraichi, coach scolaire, nous en parle en détails.
- Pourquoi les enfants participent-ils à des jeux dangereux ?
-Les jeux dangereux sont là pour que les enfants challengent leurs peurs et leurs limites. Ils veulent montrer aux autres et à eux-mêmes qu’ils savent oser et n’ont peur de rien. Pour les jeunes leaders, ils ont envie de tester leurs amis suiveurs pour savoir qui ils vont garder dans leur clan de « courageux ». Il faut réaliser des exploits pour surprendre l’autre.
- Quels rapports de pouvoir se jouent dans ces challenges ?
-De grands jeux de pouvoir se jouent qui peuvent parfois prendre forme de bizutage, de la méchanceté gratuite ou encore une forme de défoulement. C’est généralement une personnalité narcissique et charismatique qui peut avoir des troubles psychopathologiques. Elle se positionne en tant que leader et use de manipulation pour convaincre les autres de la suivre. Ces derniers ont des personnalités plus suggestives et ne se rendent pas compte des conséquences. D’ailleurs, l’été est le moment propice des jeux dangereux d’où l’importance d’informer les parents des jeux dangereux actuels et bien informer leurs enfants des dangers et comment réagir.
- Comment agir si l’on est témoin ?
-Il faut toujours intervenir lorsqu’on est témoin pour faire arrêter le jeu dangereux. Si on voit quelqu’un prendre des risques ou mettre en danger une personne, on doit en parler. Il faut également expliquer aux enfants que s’ils ne réagissent pas et qu’il se passe un drame, ils auront le poids de la culpabilité.
- Pourquoi les enfants participent-ils à des jeux dangereux ?
-Les jeux dangereux sont là pour que les enfants challengent leurs peurs et leurs limites. Ils veulent montrer aux autres et à eux-mêmes qu’ils savent oser et n’ont peur de rien. Pour les jeunes leaders, ils ont envie de tester leurs amis suiveurs pour savoir qui ils vont garder dans leur clan de « courageux ». Il faut réaliser des exploits pour surprendre l’autre.
- Quels rapports de pouvoir se jouent dans ces challenges ?
-De grands jeux de pouvoir se jouent qui peuvent parfois prendre forme de bizutage, de la méchanceté gratuite ou encore une forme de défoulement. C’est généralement une personnalité narcissique et charismatique qui peut avoir des troubles psychopathologiques. Elle se positionne en tant que leader et use de manipulation pour convaincre les autres de la suivre. Ces derniers ont des personnalités plus suggestives et ne se rendent pas compte des conséquences. D’ailleurs, l’été est le moment propice des jeux dangereux d’où l’importance d’informer les parents des jeux dangereux actuels et bien informer leurs enfants des dangers et comment réagir.
- Comment agir si l’on est témoin ?
-Il faut toujours intervenir lorsqu’on est témoin pour faire arrêter le jeu dangereux. Si on voit quelqu’un prendre des risques ou mettre en danger une personne, on doit en parler. Il faut également expliquer aux enfants que s’ils ne réagissent pas et qu’il se passe un drame, ils auront le poids de la culpabilité.