Rabat est une ville calme, d’habitude. Comparée à ce vendredi matin, elle était en fait trépidante… Avenues vides, rues et ruelles dépeuplées, commerces fermés, les files timides et clairsemées devant les épiceries restées ouvertes ne participent guère à l’animation de la ville mais contribuent à la déprime généralisée qui s’installe à l’extérieur, en dehors des foyers chauds et animés par la famille, les chamailleries des enfants, le bruit de la télé, des ustensiles dans la cuisine. A l’extérieur, peu de voitures circulent. Le silence n’est pas total mais les éclats de voix se font rares pour ne pas dire ont disparu. Les gardiens de voitures sont toujours là mais paraissent plus discrets. Ils n’ont pas perdu le sourire malgré le peu de voitures à garder. Les rideaux baissés des cafés, des restaurants et de beaucoup de commerces ajoutent au calme ambiant qui s’est emparé de la ville.
Au supermarché, dans le quartier Hassan, il y a foule… et un certain désordre devant l’entrée. Contrairement à seulement hier, jeudi, les clients font la file. C’est ce qu’à trouver la direction du supermarché pour essayer de fluidifier la circulation entre les rayons qui sont fournis en produits. Un détail : les prix restent stables, n’accusent pas de variations remarquables. Il est à noter que les haricots conditionnés en paquets de 500 gr et de 1 kg ont disparu des supermarchés. C’est le cas à Hassan, comme à l’entrée de Souissi et à l’Agdal où le consommateur peut, néanmoins, les trouver en vrac, au supermarché d’Arribat Center.
Aux rayons laitages, boulangerie, fruits et légumes, boucherie… tout semble normal.
Dans les administrations le temps n’a pas suspendu son vol, sauf au ministère de l’Education nationale. Au service de légalisation de la Direction des Affaires Consulaires et Sociales du Ministère des Affaires Etrangères, il n’y a pas foule. Les documents sont réceptionnés à la porte et vous sont restitués dans la minute qui suit. L’attente n'a pas du dépasser les 5 minutes. C’est un record à inscrire dans le Guinness. Cerise sur le gâteau, la personne qui reçoit les visiteurs a un air avenant et la patience pour expliquer… et résoudre les problèmes liés à de petits détails que les administrés ont toujours tendance à négliger.
A l’arrondissement du quartier Hassan, le personnel chargé des copies conformes et autres légalisation de signatures est réduit à son strict minimum : un agent en tout et pour tout assure une sorte de permanence, avec l’officier qui doit signer.
Là encore, il n’y a pas foule. Des barrières sont érigées devant l’accès au bureau d’accueil pour éviter la cohue (des jours heureux !) et instaurer la distance de prudence, 1 m à 1,50, entre les visiteurs. Là encore, le temps d’attente n’a pas excédé les 10 mn.
Au ministère de l’Education, l’attente n’est pas nécessaire. Il n’y personne en dehors des gardiens. Du moins au service des équivalences de diplômes. Si les autres vendredis, les fonctionnaires s’absentent pour la prière à la mosquée, suivie d’un couscous en famille qui peut souvent durer jusqu’à l’heure de sortie des bureaux, le coronavirus est le prétexte à rester chez soi et pour ne pas assurer le service minimum vital aux administrés.
Abdallah BensmaÏn