C’est un phénomène qui touche plusieurs pays et auquel le Maroc semble ne pas pouvoir échapper. Les inquiétudes engendrées par la pandémie prennent parfois la forme d’actes irresponsables parmi lesquels l’abandon des animaux domestiques que certains considèrent à tort comme des vecteurs potentiels du coronavirus. «Depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de chiens et de chats qu’on nous ramène chaque jour à triplé» explique Ahmed Tazi président de l’Association de Défense des Animaux et de la Nature (ADAN) qui gère un centre d’accueil est de réhabilitation pour animaux domestiques abandonnés à Rabat. «Beaucoup de ces animaux sont déposés devant notre centre, ou sont abandonnés dans la rue puis amenés par les services d’hygiène. Les gens véhiculent de fausses informations sur le risque de contamination des humains par le coronavirus à travers leurs animaux domestiques et cela engendre des vagues d’abandons qui constituent un autre pro-blème de santé publique» s’alarme Ahmed Tazi.
Manque de nourriture et de moyens
Cette situation vient compliquer une gestion du centre déjà marquée par le manque d’espaces et de moyens. «La majorité de nos bénévoles continuent à travailler pendant cette période de confinement mais nous manquons de nourriture pour la population de chiens et de chats dont nous prenons soin» précise le président de l’ADAN, notant que les entreprises et magasins qui soutenaient l’association avec des aliments pour animaux ont quasiment tous fermé. «Nous avons quelques entreprises qui continuent à nous donner des restes de nourriture. Mais ce n’est malheureusement pas suffisant. Nous sommes sous une énorme pression dans toutes les villes où notre association est basée» avoue Ahmed Tazi qui appelle les citoyens à garder leurs animaux chez eux et à soutenir les associations de protection animale avec des denrées alimentaires.
Le COVID 19 n’est pas une zoonose
«Selon les études effectuées au niveau international, le COVID 19 est interhumain» explique Dr Hassan Lemrini président du Réseau Associatif pour la Protection Animale et le Développement Durable (RAPAD Maroc). «Tous les virologues internationaux, précisent que les animaux domestiques -chiens, chats et Animaux de ferme-, ne peuvent se transmettre le virus du COVID 19 et ne peuvent en aucun cas, le transmettre aux Humains» précise-t-il. Cette information est confirmée par Pr Ikhlass El berbri, enseignant-chercheur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II. «Les différents types de coronavirus sont généralement spécifiques à leurs hôtes. Parfois il arrive qu’il y ait des mutations qui engendrent le passage du virus vers une autre espèce. Mais à ce jour rien ne prouve que les animaux domestiques peuvent transmettre le covid19 à l’Homme» explique la spécialiste en microbiologie, immunologie et maladies contagieuses.
Des animaux infectés par le COVID 19
Cette vague de crainte qui a causé des abandons massifs d’animaux domestiques dans le monde et au Maroc prend certainement racine dans les informations qui ont circulé dernièrement dans certains médias à propos de cas d’animaux qui ont été infectés par le Covis19. «Les 2 cas exceptionnels suspectés -un chien sur Hong Kong et un chat en Belgique-, dont les médias ont parlé, se sont avérés négatifs après analyses et quarantaines. L’abandon des animaux, n’est pas à envisager sous l’angle sanitaire» assure Dr Hassan Lemrini qui précise que «les Associations affiliées au RAPAD Maroc, sont aujourd’hui au front et demande l’aide des autorités, pour aider à nourrir les animaux des rues et éviter un problème sanitaire».
Il est certain que la plus grande priorité –s’il fallait prioriser- est la lutte contre la propagation du coronavirus et la mise en place de mesures pour mitiger les dégâts économiques et sociaux de la pandémie sur la population. Le problème des animaux domestiques qui relève aussi de la santé publique est cependant un sujet à ne pas négliger. «La gestion de la population féline et canine est devenue une priorité absolue, qui doit être mise en oeuvre rapidement après la fin du confinement» conclu Dr Lemrini.
Il est certain que la plus grande priorité –s’il fallait prioriser- est la lutte contre la propagation du coronavirus et la mise en place de mesures pour mitiger les dégâts économiques et sociaux de la pandémie sur la population. Le problème des animaux domestiques qui relève aussi de la santé publique est cependant un sujet à ne pas négliger. «La gestion de la population féline et canine est devenue une priorité absolue, qui doit être mise en oeuvre rapidement après la fin du confinement» conclu Dr Lemrini.
Oussama Abaouss