La hausse des températures en été s’accompagne souvent de menaces diverses variées. Aux risques de déshydratation ou encore de feux de forêts, s’ajoute également celui des mauvaises rencontres avec des scorpions, voire avec des serpents qui sont particulièrement actifs durant la saison estivale.
A l’instar des autres reptiles, les serpents sont des animaux à « sang-froid ». Cela signifie que leur température corporelle est dépendante de celle de leur environnement. Dans notre climat tempéré, le regain d’activité des serpents commence à partir du printemps et se prolonge jusqu’en automne.
« Durant cette période, ces espèces sont très actives : elles cherchent à se nourrir et à se reproduire à la sortie de leur phase d’hibernation », explique Abdellah Bouazza, docteur en herpétologie et enseignant-chercheur à l’Université Ibn Zohr. Un constat que les réseaux sociaux confirment à travers les dizaines de publications illustrant des captures de serpents dans le milieu rural, mais également dans certaines périphéries urbaines.
« Rencontres fatales »
Souvent partagées dans les groupes marocains dédiés à la faune sauvage, les images de serpents tués font réagir les internautes de diverses manières, même si, chaque année, les commentaires déplorant un « gâchis inutile » semblent prendre de l’ampleur. « C’est une couleuvre fer à cheval pas une vipère. Elle n’est pas du tout dangereuse puisqu’elle n’a pas de venin. Pourquoi tuer une espèce inoffensive et qui joue un rôle écologique important ? », s’indigne un membre du groupe « Wild life in Morocco » en commentaire d’une photo illustrant un serpent tué après sa découverte dans une ferme dans la région de Settat.
« Ces groupes sur les réseaux sociaux sont, en effet, utiles pour partager des informations sur les reptiles. Ils participent à la sensibilisation relative à la diversité et à l’importance des serpents, mais constituent également un espace de ‘science participative’ puisqu’ils permettent également aux scientifiques d’avoir des données qui peuvent parfois s’avérer précieuses », commente Dr Abdellah Bouazza.
« S.O.S Serpents »
Comme on peut l’imaginer, les herpétologues marocains ainsi qu’un nombre croissant d’amateurs de la faune sauvage comprennent le danger que peuvent constituer les rencontres inattendues avec des serpents. Ils s’activent cependant à expliquer et à rappeler la différence entre couleuvres et vipères (voir infographie) et tentent tant bien que mal de conseiller les internautes et le grand public sur la conduite à tenir en cas de détection d’une espèce potentiellement dangereuse.
« Malheureusement, du fait du manque de spécialistes, nous n’avons pas encore un système d’intervention pour prendre en charge les serpents (qui sont trouvés par des particuliers), et ce, afin de limiter les dangers autant pour les humains que pour les reptiles qui sont systématiquement tués. Dans le cadre des activités de l’association marocaine dédiée à l’herpétologie que nous sommes en cours de constituer, notre ambition est de pouvoir travailler - entre autres - à la mise en place d’un système S.O.S Serpents de ce genre, à l’image de ce qui se fait déjà dans d’autres pays européens », confie l’enseignant-chercheur.
« Herping » touristique
Si la majorité des gens craignent les mauvaises rencontres avec des serpents, certaines personnes sont prêtes à dépenser de l’argent et à voyager pour le faire.
« Le Maroc est classé 2ème en termes de richesse herpétologique dans la Bassin méditerranéen et cette diversité est un potentiel écotouristique sous-estimé qui mérite d’être mieux valorisé. En attendant, beaucoup de passionnés de la Nature du monde entier se rendent régulièrement au Maroc à la découverte de notre patrimoine naturel et à la recherche d’espèces particulières qu’ils peuvent observer ou photographier dans leurs milieux naturels », raconte Abdellah Bouazza. Il n’est bien évidemment pas question ici de personnes venues spécialement pour voir les montreurs de serpents à Jamaâ Lafna, mais de véritables passionnés qui vont en compagnie de guides spécialisés sillonner la Nature pour les joies d’une rencontre avec une espèce rare ou endémique. Qu’on les aime ou qu’on les déteste, les serpents du Maroc ne laisse manifestement personne indifférent.
A l’instar des autres reptiles, les serpents sont des animaux à « sang-froid ». Cela signifie que leur température corporelle est dépendante de celle de leur environnement. Dans notre climat tempéré, le regain d’activité des serpents commence à partir du printemps et se prolonge jusqu’en automne.
« Durant cette période, ces espèces sont très actives : elles cherchent à se nourrir et à se reproduire à la sortie de leur phase d’hibernation », explique Abdellah Bouazza, docteur en herpétologie et enseignant-chercheur à l’Université Ibn Zohr. Un constat que les réseaux sociaux confirment à travers les dizaines de publications illustrant des captures de serpents dans le milieu rural, mais également dans certaines périphéries urbaines.
« Rencontres fatales »
Souvent partagées dans les groupes marocains dédiés à la faune sauvage, les images de serpents tués font réagir les internautes de diverses manières, même si, chaque année, les commentaires déplorant un « gâchis inutile » semblent prendre de l’ampleur. « C’est une couleuvre fer à cheval pas une vipère. Elle n’est pas du tout dangereuse puisqu’elle n’a pas de venin. Pourquoi tuer une espèce inoffensive et qui joue un rôle écologique important ? », s’indigne un membre du groupe « Wild life in Morocco » en commentaire d’une photo illustrant un serpent tué après sa découverte dans une ferme dans la région de Settat.
« Ces groupes sur les réseaux sociaux sont, en effet, utiles pour partager des informations sur les reptiles. Ils participent à la sensibilisation relative à la diversité et à l’importance des serpents, mais constituent également un espace de ‘science participative’ puisqu’ils permettent également aux scientifiques d’avoir des données qui peuvent parfois s’avérer précieuses », commente Dr Abdellah Bouazza.
« S.O.S Serpents »
Comme on peut l’imaginer, les herpétologues marocains ainsi qu’un nombre croissant d’amateurs de la faune sauvage comprennent le danger que peuvent constituer les rencontres inattendues avec des serpents. Ils s’activent cependant à expliquer et à rappeler la différence entre couleuvres et vipères (voir infographie) et tentent tant bien que mal de conseiller les internautes et le grand public sur la conduite à tenir en cas de détection d’une espèce potentiellement dangereuse.
« Malheureusement, du fait du manque de spécialistes, nous n’avons pas encore un système d’intervention pour prendre en charge les serpents (qui sont trouvés par des particuliers), et ce, afin de limiter les dangers autant pour les humains que pour les reptiles qui sont systématiquement tués. Dans le cadre des activités de l’association marocaine dédiée à l’herpétologie que nous sommes en cours de constituer, notre ambition est de pouvoir travailler - entre autres - à la mise en place d’un système S.O.S Serpents de ce genre, à l’image de ce qui se fait déjà dans d’autres pays européens », confie l’enseignant-chercheur.
« Herping » touristique
Si la majorité des gens craignent les mauvaises rencontres avec des serpents, certaines personnes sont prêtes à dépenser de l’argent et à voyager pour le faire.
« Le Maroc est classé 2ème en termes de richesse herpétologique dans la Bassin méditerranéen et cette diversité est un potentiel écotouristique sous-estimé qui mérite d’être mieux valorisé. En attendant, beaucoup de passionnés de la Nature du monde entier se rendent régulièrement au Maroc à la découverte de notre patrimoine naturel et à la recherche d’espèces particulières qu’ils peuvent observer ou photographier dans leurs milieux naturels », raconte Abdellah Bouazza. Il n’est bien évidemment pas question ici de personnes venues spécialement pour voir les montreurs de serpents à Jamaâ Lafna, mais de véritables passionnés qui vont en compagnie de guides spécialisés sillonner la Nature pour les joies d’une rencontre avec une espèce rare ou endémique. Qu’on les aime ou qu’on les déteste, les serpents du Maroc ne laisse manifestement personne indifférent.
Oussama ABAOUSS
Repères
Conduite à tenir en cas de morsure
En cas de morsure d’un serpent ou de piqûre d’un scorpion, le ministère de la Santé recommande de transférer en urgence la victime vers le service des urgences le plus proche. Tout retard dans le traitement de tels cas ne fait que limiter l’efficacité de l’intervention thérapeutique. Le ministère exhorte les citoyens à ne pas recourir à des méthodes traditionnelles qui peuvent entraîner de graves complications. A noter que le Centre Antipoison dispose d’un numéro dédié (7/7, 24/24) : 0537686464 ou 0810000180.
Sérum antipoison
Le Centre national antipoison et de pharmacovigilance, relevant du ministère de la Santé, a récemment annoncé que tous les centres hospitaliers concernés par le traitement de cas de morsures ont été dotés des médicaments et équipements nécessaires. Plus précisément, 600 antidotes anti-morsures de serpent ont été distribués à tous les hôpitaux. A cela, s’ajoutent 1200 à 1500 sachets de médicaments utilisés dans le traitement des piqûres de scorpions, en plus des médicaments destinés à la prise en charge dans les services de réanimation.
L'info...Graphie
Prévention
Quelques précautions pour éviter les morsures de vipère
Afin d’éviter les morsures de vipère, encore faut-il pouvoir reconnaître la dangerosité de l’espèce (voir infographie) et prendre les bonnes précautions. Lors des campagnes de prévention contre les piqûres de scorpions et les morsures de vipère, le ministère de la Santé a régulièrement incité les citoyens à « éviter les herbages, les endroits rocheux et les terriers, à vérifier systématiquement les chaussures et les tenues de protection ».
Au niveau des zones résidentielles, le ministère souligne la nécessité de « procéder au désherbage à proximité des maisons et d’entretenir les alentours, tout en veillant à la fermeture d’éventuels trous et terriers se trouvant au niveau des murs et des plafonds et au carrelage des murs ». En outre, le ministère a exhorté les populations concernées à stocker le bois et les objets usés dans des endroits spécifiques, rappelant que « l’approvisionnement en électricité et en eau ainsi que la collecte régulière des déchets sont autant de facteurs qui favorisent la protection contre les risques d’envenimation ».
Au niveau des zones résidentielles, le ministère souligne la nécessité de « procéder au désherbage à proximité des maisons et d’entretenir les alentours, tout en veillant à la fermeture d’éventuels trous et terriers se trouvant au niveau des murs et des plafonds et au carrelage des murs ». En outre, le ministère a exhorté les populations concernées à stocker le bois et les objets usés dans des endroits spécifiques, rappelant que « l’approvisionnement en électricité et en eau ainsi que la collecte régulière des déchets sont autant de facteurs qui favorisent la protection contre les risques d’envenimation ».
Recherche
Déclin d’espèces précieuses pour la Nature et la recherche
Publiée en avril dernier dans la revue scientifique Nature, une étude a sonné l’alarme sur le déclin des reptiles au niveau mondial. Il s’agirait, selon les auteurs, d’un « désastre mondial » qui menace très sérieusement la santé des écosystèmes. En plus du rôle qu’ils jouent dans la régulation des populations de rongeurs potentiellement nuisibles, les serpents venimeux constituent un apport précieux pour la recherche médicale.
Selon Mouad Mkamel, expert en venins et toxines à l’Université Hassan II de Casablanca, les venins permettent de fabriquer plusieurs types de médicaments, notamment pour traiter l’hypertension, le cancer gastrique et le cancer cérébral. « Le véritable potentiel du venin se retrouve cependant auprès des laboratoires spécialisés dans la découverte de nouveaux principes actifs », précise la même source.
Chaque venin s’érige ainsi en pourvoyeur de plusieurs types de toxines utilisées par les grands laboratoires afin de trouver de nouvelles molécules qui peuvent avoir diverses applications (médicament, génétique, industrie, etc.). « Les animaux venimeux sont souvent vus uniquement à travers le prisme du danger. Mettre à profit le capital économique et scientifique qu’ils peuvent représenter peut drastiquement changer la perspective avec laquelle ils sont considérés et également démontrer tout l’intérêt à les conserver à l’état sauvage », explique Mouad Mkamel. Rappelons que le Maroc est actuellement en train de se positionner dans le domaine de l’industrie d’extraction et de commercialisation de venins animaux à travers la startup « Venoma UH2C ».
Selon Mouad Mkamel, expert en venins et toxines à l’Université Hassan II de Casablanca, les venins permettent de fabriquer plusieurs types de médicaments, notamment pour traiter l’hypertension, le cancer gastrique et le cancer cérébral. « Le véritable potentiel du venin se retrouve cependant auprès des laboratoires spécialisés dans la découverte de nouveaux principes actifs », précise la même source.
Chaque venin s’érige ainsi en pourvoyeur de plusieurs types de toxines utilisées par les grands laboratoires afin de trouver de nouvelles molécules qui peuvent avoir diverses applications (médicament, génétique, industrie, etc.). « Les animaux venimeux sont souvent vus uniquement à travers le prisme du danger. Mettre à profit le capital économique et scientifique qu’ils peuvent représenter peut drastiquement changer la perspective avec laquelle ils sont considérés et également démontrer tout l’intérêt à les conserver à l’état sauvage », explique Mouad Mkamel. Rappelons que le Maroc est actuellement en train de se positionner dans le domaine de l’industrie d’extraction et de commercialisation de venins animaux à travers la startup « Venoma UH2C ».
3 questions à Abdellah Bouazza, herpétologue
« La pandémie a entraîné un ralentissement important des activités des montreurs de serpents »
Docteur en herpétologie et enseignant-chercheur à l’Université Ibn Zohr, Abdellah Bouazza répond à nos questions.
- Comment la pandémie de Coronavirus a-t-elle impacté l’activité des montreurs de serpents à Jamaâ Lafna dans la ville de Marrakech ?
- La pandémie du Coronavirus et ses conséquences sur le tourisme au Maroc ont entraîné un ralentissement important des activités des montreurs de serpents à Jamaâ Lafna. Comme vous pouvez vous en douter, cette activité en temps normal nécessite la collecte de milliers de serpents dans la Nature chaque année, surtout les cobras, les vipères et les couleuvres de grande taille. Cela a évidemment un impact sur la viabilité des populations naturelles de ces reptiles. Du fait de la baisse de la demande sur ces animaux, leur collecte dans la Nature a également baissé d’une manière significative.
- Avec la reprise du tourisme, peut-on comprendre que le braconnage de serpents a également repris ?
- Oui, effectivement, on a récemment constaté que les personnes qui se spécialisent dans la collecte illégale de serpents dans la Nature ont repris leurs activités. Il y a certes des efforts qui ont été entamés pour impliquer les agences de voyage dans le boycott des activités qui impliquent une maltraitance animale, mais je pense que ce n’est pas encore suffisant pour mettre fin à ces pratiques nocives pour la biodiversité.
- Les couleuvres et les vipères marocaines sont-elles également impactées par le changement climatique ?
- Malheureusement, les couleuvres et les vipères qui vivent au Maroc n’échappent pas aux impacts des changements climatiques. D’après les données sur la répartition des espèces marocaines, on constate que certaines espèces sont impactées plus que d’autres, surtout en haute altitude. Exemple de certaines espèces qu’on appelle « généralistes » qui vivent généralement en basse altitude et qui sont actuellement en train de migrer vers les hautes altitudes, empiétant ainsi sur les territoires et niches écologiques d’autres espèces qui sont parfois menacées ou endémiques.
- Comment la pandémie de Coronavirus a-t-elle impacté l’activité des montreurs de serpents à Jamaâ Lafna dans la ville de Marrakech ?
- La pandémie du Coronavirus et ses conséquences sur le tourisme au Maroc ont entraîné un ralentissement important des activités des montreurs de serpents à Jamaâ Lafna. Comme vous pouvez vous en douter, cette activité en temps normal nécessite la collecte de milliers de serpents dans la Nature chaque année, surtout les cobras, les vipères et les couleuvres de grande taille. Cela a évidemment un impact sur la viabilité des populations naturelles de ces reptiles. Du fait de la baisse de la demande sur ces animaux, leur collecte dans la Nature a également baissé d’une manière significative.
- Avec la reprise du tourisme, peut-on comprendre que le braconnage de serpents a également repris ?
- Oui, effectivement, on a récemment constaté que les personnes qui se spécialisent dans la collecte illégale de serpents dans la Nature ont repris leurs activités. Il y a certes des efforts qui ont été entamés pour impliquer les agences de voyage dans le boycott des activités qui impliquent une maltraitance animale, mais je pense que ce n’est pas encore suffisant pour mettre fin à ces pratiques nocives pour la biodiversité.
- Les couleuvres et les vipères marocaines sont-elles également impactées par le changement climatique ?
- Malheureusement, les couleuvres et les vipères qui vivent au Maroc n’échappent pas aux impacts des changements climatiques. D’après les données sur la répartition des espèces marocaines, on constate que certaines espèces sont impactées plus que d’autres, surtout en haute altitude. Exemple de certaines espèces qu’on appelle « généralistes » qui vivent généralement en basse altitude et qui sont actuellement en train de migrer vers les hautes altitudes, empiétant ainsi sur les territoires et niches écologiques d’autres espèces qui sont parfois menacées ou endémiques.
Recueillis par O. A.