9400 cas positifs enregistrés mercredi et 30.000 cas durant les sept derniers jours, des chiffres alarmants qui montrent à quel point la nouvelle vague du variant Delta envahit notre pays. Confrontées à des scénarios pessimistes si la situation continue dans cet élan exponentiel, les autorités sanitaires misent sur l’accélération de la campagne de vaccination, quitte à prendre des décisions cruciales, voire drastiques.
Sur la base des recommandations du Comité scientifique pour l’élaboration de la stratégie vaccinale, le ministère de la Santé a émis, dans une circulaire dont « L’Opinion » détient copie, une série de mesures destinées à accélérer la campagne de vaccination, dont la levée des contre-indications pour les femmes enceintes et allaitantes ainsi que le maintien de la vaccination pour les cas d’antécédents d’allergie en dehors du « Choc anaphylactique » et « Oedeme de quincke ».
La vaccination obligatoire
En plus de ces mesures, les autorités sanitaires semblent déterminées à passer à la vaccination obligatoire. La circulaire évoque cette option et la justifie légalement par le décret loi n° 2-20-2922, qui date du 23 mars 2020, qui édicte des dispositions particulières à l’état d’urgence sanitaire.
En effet, ce texte exceptionnel donne au gouvernement la possibilité d’appliquer toute mesure nécessaire pour empêcher l’aggravation de la situation épidémiologique, comme le stipule l’article 3, sachant que l’article 5 permet de déroger à la législation en vigueur : « L’état d’urgence déclaré suspend l’effet de tous les délais légaux prévus par les textes législatifs et réglementaires en vigueur et leur cours reprend à compter du jour suivant la levée dudit état urgence sanitaire », lit-on dans le décret.
Bien qu’elle soit amère pour certains vaccino-sceptiques, cette mesure, aussi rigoureuse soit-elle, s’impose au moment où le Royaume parvient tant bien que mal à sécuriser son stock de vaccins avec des livraisons au goutte-à-goutte. Il s’agit d’un dernier recours pour renverser la tendance de la propagation du virus, surtout au sein de la jeune population, dont une grande partie n’est pas encore immunisée (39% seulement des personnes de 30 à 40 ans sont vaccinées). Force est de constater ici que le variant Delta circule plus rapidement parmi les jeunes.
Des mesures d’accompagnement s’imposent
Toutefois, l’application de cette mesure reste tributaire de plusieurs dispositifs juridiques et organisationnels. Allal Amraoui, député istiqlalien à la Chambre des Représentants, nous explique que l’état d’urgence sanitaire est un appui légal de la vaccination obligatoire. Or, contraindre à se faire vacciner n’est pas chose aisée, M. Amraoui souligne que l’obligation veut dire la multiplication du contrôle qui fera en sorte que les non vaccinées pourraient être pénalisés dans certains cas, surtout dans l’accès aux lieux publics.
Ici, le député précise que la possession d’un pass sanitaire équivaut à un permis de conduire sur les routes. « L’Etat ne va certainement pas aller chercher ceux qui n’ont pas fait le vaccin, mais prendre les dispositions nécessaires pour les y encourager », a-t-il nuancé. Pour autant, la vaccination obligatoire ne peut être appliquée, aux yeux de M. Amraoui, sans des mesures d’accompagnement dont la sensibilisation.
« Il faut sensibiliser les gens le plus fréquemment possible », a plaidé le député, reprochant au gouvernement de ne pas assez communiquer sur les vertus du vaccin pour échapper aux formes graves. « Ce n’est que dernièrement que les autorités ont commencé à expliquer que la majorité des cas de réanimation concerne des personnes non vaccinées, il fallait le faire depuis longtemps », a-t-il regretté.
Eviter des restrictions préjudiciables à l’économie du pays
Cependant, le Maroc ne s‘inscrit pas dans une démarche coercitive en recourant à l’option de l’obligation en vue d’une vaccination universelle. Alors que les compteurs de contaminations explosent, une mesure aussi drastique s’impose à l’évidence, d’autant que l’essor du variant Delta promet un été catastrophique. Pour les autorités, en plus de se prémunir contre la recrudescence de la pandémie, l’enjeu est clair : ne pas sacrifier l’économie nationale par des restrictions additionnelles qui seraient ravageuses.
Sur la base des recommandations du Comité scientifique pour l’élaboration de la stratégie vaccinale, le ministère de la Santé a émis, dans une circulaire dont « L’Opinion » détient copie, une série de mesures destinées à accélérer la campagne de vaccination, dont la levée des contre-indications pour les femmes enceintes et allaitantes ainsi que le maintien de la vaccination pour les cas d’antécédents d’allergie en dehors du « Choc anaphylactique » et « Oedeme de quincke ».
La vaccination obligatoire
En plus de ces mesures, les autorités sanitaires semblent déterminées à passer à la vaccination obligatoire. La circulaire évoque cette option et la justifie légalement par le décret loi n° 2-20-2922, qui date du 23 mars 2020, qui édicte des dispositions particulières à l’état d’urgence sanitaire.
En effet, ce texte exceptionnel donne au gouvernement la possibilité d’appliquer toute mesure nécessaire pour empêcher l’aggravation de la situation épidémiologique, comme le stipule l’article 3, sachant que l’article 5 permet de déroger à la législation en vigueur : « L’état d’urgence déclaré suspend l’effet de tous les délais légaux prévus par les textes législatifs et réglementaires en vigueur et leur cours reprend à compter du jour suivant la levée dudit état urgence sanitaire », lit-on dans le décret.
Bien qu’elle soit amère pour certains vaccino-sceptiques, cette mesure, aussi rigoureuse soit-elle, s’impose au moment où le Royaume parvient tant bien que mal à sécuriser son stock de vaccins avec des livraisons au goutte-à-goutte. Il s’agit d’un dernier recours pour renverser la tendance de la propagation du virus, surtout au sein de la jeune population, dont une grande partie n’est pas encore immunisée (39% seulement des personnes de 30 à 40 ans sont vaccinées). Force est de constater ici que le variant Delta circule plus rapidement parmi les jeunes.
Des mesures d’accompagnement s’imposent
Toutefois, l’application de cette mesure reste tributaire de plusieurs dispositifs juridiques et organisationnels. Allal Amraoui, député istiqlalien à la Chambre des Représentants, nous explique que l’état d’urgence sanitaire est un appui légal de la vaccination obligatoire. Or, contraindre à se faire vacciner n’est pas chose aisée, M. Amraoui souligne que l’obligation veut dire la multiplication du contrôle qui fera en sorte que les non vaccinées pourraient être pénalisés dans certains cas, surtout dans l’accès aux lieux publics.
Ici, le député précise que la possession d’un pass sanitaire équivaut à un permis de conduire sur les routes. « L’Etat ne va certainement pas aller chercher ceux qui n’ont pas fait le vaccin, mais prendre les dispositions nécessaires pour les y encourager », a-t-il nuancé. Pour autant, la vaccination obligatoire ne peut être appliquée, aux yeux de M. Amraoui, sans des mesures d’accompagnement dont la sensibilisation.
« Il faut sensibiliser les gens le plus fréquemment possible », a plaidé le député, reprochant au gouvernement de ne pas assez communiquer sur les vertus du vaccin pour échapper aux formes graves. « Ce n’est que dernièrement que les autorités ont commencé à expliquer que la majorité des cas de réanimation concerne des personnes non vaccinées, il fallait le faire depuis longtemps », a-t-il regretté.
Eviter des restrictions préjudiciables à l’économie du pays
Cependant, le Maroc ne s‘inscrit pas dans une démarche coercitive en recourant à l’option de l’obligation en vue d’une vaccination universelle. Alors que les compteurs de contaminations explosent, une mesure aussi drastique s’impose à l’évidence, d’autant que l’essor du variant Delta promet un été catastrophique. Pour les autorités, en plus de se prémunir contre la recrudescence de la pandémie, l’enjeu est clair : ne pas sacrifier l’économie nationale par des restrictions additionnelles qui seraient ravageuses.
Anass MACHLOUKH
3 questions à Saïd Afif Benhima
« Nous invitons les jeunes à se faire vacciner pour réduire la transmissibilité du variant Delta »
Moulay Saïd Afif, membre du Comité scientifique consultatif de vaccination, a répondu à nos questions sur la vaccination obligatoire et les mesures prises dans le cadre de l’accélération de la campagne nationale.
- Le Comité scientifique semble miser sur la vaccination obligatoire pour prévenir la nouvelle vague de la pandémie. Pourquoi ce choix à ce moment-là ?
- Après la dégradation inquiétante de la situation épidémiologique, le Comité scientifique a jugé nécessaire d’accélérer la campagne de vaccination, en recommandant de nouvelles mesures incitatives pour aller vers une vaccination plus massive. Il faut absolument vacciner davantage dans la population jeune qui ne se vaccine pas assez par rapport à celle des personnes âgées, et ce, pour casser la chaîne de transmission du virus.
- Pourquoi les jeunes en particulier ?
- Les chiffres sont parlants : le taux de vaccination avoisine 95% en moyenne chez les personnes âgées de 60 à 75 ans, et 70% pour les gens de 40 à 60 ans. Par contre, seules 39% des personnes âgées de 30 à 40 ans sont vaccinées. Cela pose problème puisque le variant Delta est connu pour sa forte contagiosité chez les personnes jeunes, qui le transmettent plus facilement.
- Convaincre les jeunes de l’obligation de se faire vacciner n’est pas une tâche facile. Quel conseil leur donnez-vous pour les encourager ?
- Je tiens d’abord à préciser que le vaccin permet de réduire la transmission du virus de 12 fois. Les personnes jeunes vaccinées transmettent douze fois moins la charge virale du virus que celles non vaccinées. J’ajoute que le taux de mortalité baisse significativement chez les personnes vaccinées, qui sont moins exposées aux formes graves du Covid-19. Il suffit de constater que les services de réanimation sont occupés en majeure partie par des personnes non vaccinées, sachant que les jeunes sont autant exposés aux formes graves du virus que les autres catégories d’âge.
- Le Comité scientifique semble miser sur la vaccination obligatoire pour prévenir la nouvelle vague de la pandémie. Pourquoi ce choix à ce moment-là ?
- Après la dégradation inquiétante de la situation épidémiologique, le Comité scientifique a jugé nécessaire d’accélérer la campagne de vaccination, en recommandant de nouvelles mesures incitatives pour aller vers une vaccination plus massive. Il faut absolument vacciner davantage dans la population jeune qui ne se vaccine pas assez par rapport à celle des personnes âgées, et ce, pour casser la chaîne de transmission du virus.
- Pourquoi les jeunes en particulier ?
- Les chiffres sont parlants : le taux de vaccination avoisine 95% en moyenne chez les personnes âgées de 60 à 75 ans, et 70% pour les gens de 40 à 60 ans. Par contre, seules 39% des personnes âgées de 30 à 40 ans sont vaccinées. Cela pose problème puisque le variant Delta est connu pour sa forte contagiosité chez les personnes jeunes, qui le transmettent plus facilement.
- Convaincre les jeunes de l’obligation de se faire vacciner n’est pas une tâche facile. Quel conseil leur donnez-vous pour les encourager ?
- Je tiens d’abord à préciser que le vaccin permet de réduire la transmission du virus de 12 fois. Les personnes jeunes vaccinées transmettent douze fois moins la charge virale du virus que celles non vaccinées. J’ajoute que le taux de mortalité baisse significativement chez les personnes vaccinées, qui sont moins exposées aux formes graves du Covid-19. Il suffit de constater que les services de réanimation sont occupés en majeure partie par des personnes non vaccinées, sachant que les jeunes sont autant exposés aux formes graves du virus que les autres catégories d’âge.
Propos recueillis par A. M.