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Crainte d’un choc environnemental suite à la reprise des industries

Entretien avec Ayoub Krir, Président de l’Association « Oxygène pour l’Environnement et la Santé »


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 18 Janvier 2021

La fermeture du plus grand trou dans la couche d’ozone, au-dessus de l’Antarctique, est certes une bonne nouvelle. Mais cela ne signifie pas forcément que tout va bien.



Ayoub Krir
Ayoub Krir
- Le trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique, considéré comme l’un des plus grands, s’est refermé fin décembre dernier après avoir atteint une taille maximale à l’automne. Quel commentaire en faites-vous ?
- L’Organisation Météorologique Mondiale des Nations Unies (OMM) a plusieurs outils de détection et de suivi de l’évolution de l’état de notre environnement. Pour la première fois, cette Organisation a mené une étude sur le trou qui se trouve dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique. Les résultats ont montré que sa taille maximale, et record, avait été atteinte à l’automne 2020. Ce trou a été l’un des plus vastes depuis le début de la surveillance de la couche d’ozone de la Terre qui avait commencé il y a 40 ans. En outre, c’est celui qui a perduré le plus longtemps. Heureusement, ce trou s’est refermé aujourd’hui, surtout que les deux pôles Nord et Sud du globe terrestre sont les points les plus sensibles de la planète puisqu’ils assurent la stabilité des températures de la terre.

- Pouvons-nous affirmer que la pandémie et le confinement sanitaire qui s’en est suivi ont joué un rôle important dans le retour à la normale dans la couche d’ozone, au-dessus de l’Antarctique ?
- La crise du Coronavirus pose beaucoup de questions. Elle génère naturellement des craintes, mais aussi de l’espoir. Selon nos recherches et constats, la période du confinement général, qui a eu lieu entre les mois février et juillet derniers, a grandement participé à la réduction du plus grand trou dans la couche d’ozone, audessus de l’Antarctique. Durant cette période, plusieurs sites industriels ont fermé leurs portes, à travers le monde. L’environnement a retrouvé ses droits. Les véritables risques encourus sont ceux de l’après-Covid, à partir du moment où les sites industriels rouvriront. En effet, ils essayeront de compenser leurs pertes en doublant leurs productions. Là, il y a le risque d’un grand choc environnemental. En conséquence, tout ce qui a été bâti sera détruit, en dépit des grands accords internationaux dont celui de Paris sur le changement climatique, qui souligne l’importance de l’engagement des pays pour la protection de l’environnement. Malheureusement, l’intérêt économique prône sur l’intérêt environnemental.

- La couche d’ozone pourraitelle complètement se rétablir prochainement ?
- La fermeture du plus grand trou dans la couche d’ozone est une bonne nouvelle dont les résultats sont encourageants. En revanche, cela ne signifie pas que notre planète est à bout de souffle. Certaines recherches affirment que la couche d’ozone pourrait être restaurée d’ici 2060. Les explications avancées sont relatives aux températures en Arctique qui ne descendent pas suffisamment. Mais, cette année, de puissants vents circulent autour du pôle Nord, et ont emprisonné de l’air froid dans le vortex polaire. Le retour du soleil sur la région a ensuite provoqué un appauvrissement de la couche d’ozone. Il convient de rappeler que les données les plus récentes montrent que la couche d’ozone se rétablit globalement à un taux de 1 à 3 % par décennie depuis 2000. Ainsi, les experts annoncent que dans les latitudes moyennes de l’hémisphère Nord, elle sera totalement rétablie vers 2030. L’hémisphère Sud devrait avoir à patienter jusqu’en 2050 et les régions polaires, dix années de plus.

Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait

La nature le rend créatif 
Depuis 2014, date de création de son Association « Oxygène pour l’Environnement et la Santé », Ayoub Krir est devenu une figure incontournable de la cause climatique et écologique du Maroc, notamment de la région de Rabat-Salé-Kénitra. Son Association, à but non lucratif, a pour but principal de sensibiliser les gens en termes d’éducation et de santé et d’éducation à l’environnement, et ce, à travers des forums culturels, des excursions, des sorties, entre autres.

Après des années d’études techniques en mécanique et en électronique, Ayoub Krir a décidé de faire son chemin de jeune gourou du climat. Ce jeune trentenaire, né à Kénitra, a tout de la panoplie de l’activiste accompli. Son CV empile les distinctions. Après avoir obtenu trois certificats d’études techniques, il a réussi à avoir un Master Science du Territoire, à l’Université Ibn Tofail en 2019, après avoir décroché une Licence d’Études Fondamentales en Géographie de la même Université. En pleine pandémie, entre mars et juin derniers, il a dirigé une campagne pour la sensibilisation anti-Coronavirus pour l’union des organisations HASSANI – OXYGENE – ECOLOGIA, pour former des collaborateurs. En 2019, il était coordinateur responsable de projet «Oxygen Planet». Cet environnementaliste engagé a, entre 2012 et 2014, enseigné l’Histoire et la géographie au lycée et au collège. 

Le sport de combat fait partie du quotidien de ce militant précoce et fils du champion marocain de Karaté, Aziz Krir, qui a remporté le championnat international virtuel de karaté GojuRyu en 2020. A l’âge de 14 ans, Ayoub Krir a obtenu la Ceinture noire au 1er Dan du Karate-do. Quatre ans plus tard, il a eu son 2ème Dan.

S. K.

Repères

Un brin d’espoir
Le trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique, considéré comme l’un des plus grands, s’est refermé fin décembre, selon l’Organisation Météorologique Mondiale des Nations Unies (OMM). Il est précisé que sa taille maximale avait été atteinte à l’automne 2020. Fin décembre, elle s’est refermée grâce à des conditions météorologiques naturelles, et ce, en dépit de la présence de substances détruisant l’ozone dans l’atmosphère. L’OMM rappelle que cette déchirure avait augmenté rapidement depuis la mi-août de l’année dernière, atteignant un pic de 24,8 millions de kilomètres carrés le 20 septembre. Ce trou a été l’un des plus vastes depuis le début de la surveillance de la couche d’ozone de la Terre qui avait commencé il y a 40 ans. En outre, c’est celui qui a perduré le plus longtemps.
La planète a-t-elle repris ses droits ?
En mars dernier, des chercheurs ont observé un rare trou d’ozone au-dessus de l’Arctique. Trois fois plus grand que le Groenland, il était le plus large jamais observé sur la région. Au début de 2020, des chercheurs du Centre aérospatial allemand (DLR) observaient un trou particulièrement important dans la couche d’ozone au-dessus de l’Arctique. Soudain, le 23 avril, les images du programme européen de surveillance de la Terre Copernicus ont montré que celui-ci s’est refermé. Ce n’est pas encore sûr que c’est le résultat de la chute de la pollution liée au confinement imposé par la crise du Coronavirus. En tout cas, c’est sûr que c’est une conséquence heureuse de la rupture du fameux vortex polaire. Celui qui, jusque-là, s’était montré particulièrement puissant et persistant.








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