Tout en rendant audibles les dégâts que la trajectoire du progrès actuel a bien pu causer, cette pandémie exhorte à repenser la notion même du progrès en la réconciliant avec celle de durabilité. La logique écologique et planétaire devant désormais orienter et façonner tous les dispositifs de production, d’échange, d’innovation et d’investissement, avec comme maître mot la soutenabilité de la relance socio-économique. D’ailleurs, on assiste à un large consensus en ce sens de la part d’économistes, philosophes, financiers ou autres.
En effet, après le choc du Covid 19, l’urgence écologique tant décriée s’impose désormais dans les agendas pour diverses raisons. Nous en retiendrons deux aspects : une menace internationale et un atout national.
La menace concerne l’interconnexion et l’indissociabilité des préjudices sanitaires, économiques et environnementaux actuels qui peuvent être appréhendées comme une mise en garde contre des crises plus importantes.
D’ailleurs, c’est à juste titre que l’ONU a recommandé l’intégration des changements climatiques parmi les priorités de la reprise économique pour éviter une deuxième catastrophe sanitaire. Le désastre écologique enregistré la fin du mois dernier en Sibérie arctique suite à l’échouement d’un réservoir minier russe installé sur un sol gelé en est un exemple éloquent et une sonnette d'alarme contre les conséquences du changement climatique. En effet, le dégel du permafrost, ce sol régulièrement gelé abritant des méga-virus endormis sous la glace, constitue une bombe climatique et sanitaire susceptible de libérer des virus mortels conservés pendant très longtemps. Pis encore, en 2018, la revue Geophysical Research Letters, publiait que suite au réchauffement climatique, la fonte du permafrost serait à même de dégager une quantité énorme de mercure susceptible de toucher les écosystèmes du monde entier avec des conséquences néfastes sur la santé.
Ce constat alarmant rappelle encore une fois la nature transfrontière des préjudices environnementaux et leurs conséquences sur la santé et par ricochet sur l’économie.
Il interpelle vivement sur les prérogatives des gouvernements et des citoyens vis à vis de la planète, surtout que les dégâts sanitaires ou environnementaux n'ont pas de frontières et doivent être résolus à l’échelon mondial. La crise actuelle le rappelle bien et oblige une reconsidération radicale de cette problématique en mettant à l’œuvre des coalitions larges et solides.
Aussi, c’est dans cette perspective que s’inscrit le pacte mondial pour l’environnement, un projet de traité international qui invoque autant le devoir de prendre soin de l’environnement que le droit de vivre dans un environnement sain.
De par sa portée générale, sa perspective unificatrice et sa valeur obligatoire, ce pacte tend à élargir la dynamique de l’Accord de Paris qui ne concerne que le régime spécifique de la réduction anthropique des GES. Il serait aussi le prolongement des Objectifs du Développement Durable dont le caractère juridique et formellement contraignant fait défaut.
Or, aujourd’hui, Ce pacte mondial pour l’environnement est plus que jamais d’actualité. Toujours faut-il maintenir sa première finalité, celle du premier traité global sur l’environnement qui comblerait les lacunes du droit international en la matière jusque-là morcelé, en donnant lieu à un cadre juridique mondial plus protecteur de la planète. Il viendra de la sorte compléter l’édifice juridique des normes fondamentales avec les deux Pactes internationaux adoptés en 1966, en l’occurrence le pacte inhérent aux droits civils et politiques et celui relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
L’enjeu est vital, et cette pandémie est venue propulser le changement de paradigme tant attendu vers des modes de production et de consommation plus soutenables. Et c’est de là que procède le deuxième aspect qui est un atout national.
Assurément, si les répercussions de la crise actuelle sont manifestes sur diverses filières dont la survie requiert de nouvelles stratégies pour composer avec la nouvelle situation, le point de bascule serait de se tourner vers l’économie verte en poursuivant deux finalités.
La première concerne l’exploitation du fort potentiel de marchés verts au Maroc dont les opportunités économiques sont légion et touchent aussi bien les secteurs verts dont l’agriculture, les énergies renouvelables et l’environnement, que le « verdissement » d’autres secteurs comme l’industrie, le tourisme, le transport ou le bâtiment. La deuxième finalité tient à la compétitivité économique qui passera désormais par cette filière qui en conditionnerait le repositionnement au niveau international.
Cette orientation reste néanmoins tributaire de l’implication collective, solidaire et bien coordonnée de toutes les parties prenantes de l’écosystème national. Société civile, secteur privé, Etat et collectivités territoriales sont responsables, chacun au niveau qui lui incombe, d’assurer cette transition et partant une relance à la hauteur des défis.
Cela étant, le leadership de l’Etat en la matière demeure vital et passe entre autres par l’instauration de plus d’actions favorisant l’achat durable dans l’esprit de la Stratégie Nationale de Développement Durable et également par la mise en place d’instruments fiscaux incitatifs à l’entreprenariat vert et l’eco-innovation. Les acteurs au niveau des territoires devront s’impliquer d’avantage dans ce processus tout en encourageant les initiatives éco-sociales.
L’environnement législatif s’y prête bien avec en perspective une loi sur le crowdfunding dont l’entrée en vigueur facilitera amplement le financement de ces projets.
En tous cas, cette crise aura été pleine d’enseignements qui vont permettre une redéfinition de la notion d’équilibre et sa corrélation avec celle de Développement Durable.
En effet, après le choc du Covid 19, l’urgence écologique tant décriée s’impose désormais dans les agendas pour diverses raisons. Nous en retiendrons deux aspects : une menace internationale et un atout national.
La menace concerne l’interconnexion et l’indissociabilité des préjudices sanitaires, économiques et environnementaux actuels qui peuvent être appréhendées comme une mise en garde contre des crises plus importantes.
D’ailleurs, c’est à juste titre que l’ONU a recommandé l’intégration des changements climatiques parmi les priorités de la reprise économique pour éviter une deuxième catastrophe sanitaire. Le désastre écologique enregistré la fin du mois dernier en Sibérie arctique suite à l’échouement d’un réservoir minier russe installé sur un sol gelé en est un exemple éloquent et une sonnette d'alarme contre les conséquences du changement climatique. En effet, le dégel du permafrost, ce sol régulièrement gelé abritant des méga-virus endormis sous la glace, constitue une bombe climatique et sanitaire susceptible de libérer des virus mortels conservés pendant très longtemps. Pis encore, en 2018, la revue Geophysical Research Letters, publiait que suite au réchauffement climatique, la fonte du permafrost serait à même de dégager une quantité énorme de mercure susceptible de toucher les écosystèmes du monde entier avec des conséquences néfastes sur la santé.
Ce constat alarmant rappelle encore une fois la nature transfrontière des préjudices environnementaux et leurs conséquences sur la santé et par ricochet sur l’économie.
Il interpelle vivement sur les prérogatives des gouvernements et des citoyens vis à vis de la planète, surtout que les dégâts sanitaires ou environnementaux n'ont pas de frontières et doivent être résolus à l’échelon mondial. La crise actuelle le rappelle bien et oblige une reconsidération radicale de cette problématique en mettant à l’œuvre des coalitions larges et solides.
Aussi, c’est dans cette perspective que s’inscrit le pacte mondial pour l’environnement, un projet de traité international qui invoque autant le devoir de prendre soin de l’environnement que le droit de vivre dans un environnement sain.
De par sa portée générale, sa perspective unificatrice et sa valeur obligatoire, ce pacte tend à élargir la dynamique de l’Accord de Paris qui ne concerne que le régime spécifique de la réduction anthropique des GES. Il serait aussi le prolongement des Objectifs du Développement Durable dont le caractère juridique et formellement contraignant fait défaut.
Or, aujourd’hui, Ce pacte mondial pour l’environnement est plus que jamais d’actualité. Toujours faut-il maintenir sa première finalité, celle du premier traité global sur l’environnement qui comblerait les lacunes du droit international en la matière jusque-là morcelé, en donnant lieu à un cadre juridique mondial plus protecteur de la planète. Il viendra de la sorte compléter l’édifice juridique des normes fondamentales avec les deux Pactes internationaux adoptés en 1966, en l’occurrence le pacte inhérent aux droits civils et politiques et celui relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
L’enjeu est vital, et cette pandémie est venue propulser le changement de paradigme tant attendu vers des modes de production et de consommation plus soutenables. Et c’est de là que procède le deuxième aspect qui est un atout national.
Assurément, si les répercussions de la crise actuelle sont manifestes sur diverses filières dont la survie requiert de nouvelles stratégies pour composer avec la nouvelle situation, le point de bascule serait de se tourner vers l’économie verte en poursuivant deux finalités.
La première concerne l’exploitation du fort potentiel de marchés verts au Maroc dont les opportunités économiques sont légion et touchent aussi bien les secteurs verts dont l’agriculture, les énergies renouvelables et l’environnement, que le « verdissement » d’autres secteurs comme l’industrie, le tourisme, le transport ou le bâtiment. La deuxième finalité tient à la compétitivité économique qui passera désormais par cette filière qui en conditionnerait le repositionnement au niveau international.
Cette orientation reste néanmoins tributaire de l’implication collective, solidaire et bien coordonnée de toutes les parties prenantes de l’écosystème national. Société civile, secteur privé, Etat et collectivités territoriales sont responsables, chacun au niveau qui lui incombe, d’assurer cette transition et partant une relance à la hauteur des défis.
Cela étant, le leadership de l’Etat en la matière demeure vital et passe entre autres par l’instauration de plus d’actions favorisant l’achat durable dans l’esprit de la Stratégie Nationale de Développement Durable et également par la mise en place d’instruments fiscaux incitatifs à l’entreprenariat vert et l’eco-innovation. Les acteurs au niveau des territoires devront s’impliquer d’avantage dans ce processus tout en encourageant les initiatives éco-sociales.
L’environnement législatif s’y prête bien avec en perspective une loi sur le crowdfunding dont l’entrée en vigueur facilitera amplement le financement de ces projets.
En tous cas, cette crise aura été pleine d’enseignements qui vont permettre une redéfinition de la notion d’équilibre et sa corrélation avec celle de Développement Durable.
Pr Soumia Guennoun
Enseignante-chercheure à l’Université Euromed de Fès