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Culture

Diadji Diop, l’art à mains fois


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 22 Octobre 2023

Des sculptures en résine aux couleurs frappantes arpentent le bel espace de la galerie Comptoir des Mines de Marrakech. Elles sont signées avec grâce par cet artiste sénégalais à la veine universelle. Il vit en France et n’oublie pas de claquer la bise à son Afrique. Avec l’exposition « Fraternité » qui se poursuit jusqu’à épuisement, il caresse l’âme, la main sur le cœur.



Il choisit le rouge, cette teinte qui disqualifie toutes les couleurs qui ornent les différents corps humains. Une frappe chirurgicale à l’endroit de l’ignorance intellectuelle. Faisons saigner un jaune, un blanc, un noir, un métis…, et c’est le sang qui jaillit. Rouge telle une expulsion de préjugés et de discriminations ancrées dans des esprits « leucocytés », blancs d’essence. Pourtant, partant d’une redondance bienvenue, ses œuvres n’excluent pas la panoplie multicolore qui caractérise l’humanité. En sang for intérieur, Diadji Diop déclare une « douce » guerre à la compartimentation de l’art. Pour lui, il y a UN art et plusieurs dérivés qui en découlent. Pour lui, c’est l’humain qui fait ou défait, avec une prédilection pour la première option. Pour lui, mieux est l’ennemi du bien. Pour lui, créer c’est faire cohabiter ses propres neurones, inviter l’esthétique, cogner le politique. Il s’érige avec acuité comme un sculpteur de l’intemporalité. Ses sujets rappellent et prédisent, s’indignent et évoquent l’espoir, grondent et draguent l’humour. Son corps fait corps avec ce qu’il sculpte jusqu’à l’étonnante auto-ressemblance. En fait, c’est voulu et approuvé. Dans son discours émaillé d’une prose détonante, Diop déroule le tapis rouge (encore) à la convivialité, à la fraternité comme le suggère le thème de son exposition-exhibition au Comptoir des Mines Galerie. Et puis, s’impose cette nage vers le naufrage, sans pour autant figurer les maudites embarcations de fortune, puisque l’humain -le bon, le mauvais, le naïf…- est le langage privilégié de Diadji.    
                                                                                                                    
Gracieux trouble-fête

Diop crée l’évènement et s’évertue à s’asseoir dessus. Le plus important pour sa belle âme est de communiquer ce qui le maintient en mouvement, parfois en rupture, souvent en cohésion avec ce qui le pousse à tutoyer une spiritualité ferme et troublante. Cet artiste qui ne touche le fond que pour s’élever raconte le passé, flirte avec le présent, boit goulûment ce qui découle d’un futur incertain. En fait, un artiste qui survole le temps, contrairement à ceux qui en sont hors. Alors quoi ? Alors foulez et arpentez les étages qui accueillent à Marrakech cette exposition aux tons et dimensions fluctuants, à la sincérité bouleversante. Diadji Diop qui réalise la quasi-totalité de « Fraternité » au Maroc est un gracieux trouble-fête. Pour s’aventurer dans un tel projet, c’est qu’il sème profondément et respecte rageusement ceux à qui il s’adresse. L’amour pour l’art est certes sa raison d’exister, son affection pour le partage est grandement grandiose. Son approche est un passeport pour la vie, sans frontières ni visas. Son arme de rassemblement est un cri doté d’une apaisante création d’harmonies. Et c’est la belle mélodie qui lui susurre à l’oreille, étalant par pure inadvertance la beauté de sons sur des corps prêts à s’évanouir.
 
Entre l’aube et le crépuscule
 
Ce garçon suscite l’attention et l’admiration. Et pour couronner un certain tout, voici son parcours comme brossé dans le catalogue de l’exposition marrakchie : « Diadji Diop est arrivé en France en 1994 avec l’intention de se former au dessin animé. Cependant, lors de sa classe préparatoire, il a découvert les multiples possibilités de la sculpture, ce qui l’a amené à changer de voie. Sa passion pour le dessin animé et le cinéma a toujours alimenté son travail, que ce soit dans le choix du réalisme ou dans ses installations, parfois narratives. Il a obtenu son diplôme avec les félicitations du jury en 2001 et a participé à l’exposition des Félicités en 2002. Artiste de renommée internationale, Diadji Diop a laissé son empreinte indélébile dans le monde de l’art. En 2009, sa présence a marqué les Journées Européennes du Patrimoine à L’Élysée. En 2017, il suscite un enthousiasme unanime lors de sa participation à la prestigieuse foire Art Palm Beach à Miami, aux États-Unis. En 2022, une nouvelle œuvre monumentale de Diadji Diop a émergé, surprenante, sur le toit du bâtiment du Mikado MJC CS à Annecy, dans le cadre de la biennale de Lyon. De plus, Diadji Diop s’est imposé comme l’une des figures incontournables de la Biennale Dak’Art, non seulement en 2018 mais aussi en 2022, où une de ses pièces majeures, ‘Naw naan ‘, s’est distinguée attestant de son talent inégalé dans l’art contemporain. » Voici un artiste qui doit être en mesure de s’envoyer des lettres à l’aube et essayer d’y répondre au crépuscule. Entre-temps, il s’amuse à nous claquer la brize salvatrice.







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