Journaliste et écrivain épris d’histoire, l’intellectuel traverse les décennies en homme libre, attaché à des principes de militant patriote. Abdellatif Jebrou, disparu le 28 novembre à 84 ans, ne cesse de livrer des écrits où le passé jouit d’une vue d’ensemble sur le futur, le présent servant de passage obligé. Jebrou manifeste son désaccord avec le protectorat alors qu’il est encore adolescent.
Le jeune élève qui fréquente à Rabat Madariss Mohammed Lkhamiss puis lycée Moulay Youssef raconte en 2018 sur les colonnes du mensuel Zamane : « Cela remonte à la semaine précédant la déposition du sultan Ben Youssef. J’avais à l’époque 14 ans et je me sentais déjà pleinement en phase avec la passion exprimée par les habitants de Rabat. J’ai donc accompagné une grande marche qui se terminait au Mechouar (…) Au milieu des adultes, nous étions une bande d’adolescents d’environ une quinzaine d’années. Quelques jours après cette manifestation, les autorités nous ont interdit de battre le pavé. Mais le jour de la déposition du sultan et suite aux propos de Allal El Fassi, nous nous sentions responsables de l’engagement en faveur du trône. »
Le jeune élève qui fréquente à Rabat Madariss Mohammed Lkhamiss puis lycée Moulay Youssef raconte en 2018 sur les colonnes du mensuel Zamane : « Cela remonte à la semaine précédant la déposition du sultan Ben Youssef. J’avais à l’époque 14 ans et je me sentais déjà pleinement en phase avec la passion exprimée par les habitants de Rabat. J’ai donc accompagné une grande marche qui se terminait au Mechouar (…) Au milieu des adultes, nous étions une bande d’adolescents d’environ une quinzaine d’années. Quelques jours après cette manifestation, les autorités nous ont interdit de battre le pavé. Mais le jour de la déposition du sultan et suite aux propos de Allal El Fassi, nous nous sentions responsables de l’engagement en faveur du trône. »
Focus sur Ben Barka
Dans la foulée de ces évènements, Abdellatif Jebrou est arrêté par le Khalifa du Pacha pour avoir rédigé un tract. Il est ensuite libéré avec interdiction de rejoindre le lycée Moulay Youssef qu’il ne réintègre qu’à l’âge de 17 ans, au lendemain de l’Indépendance. A partir de 1959, le trublion collabore à plusieurs publications dont : « Achabab », « Attahrir », « Al Ahdaf », « Al Mouharrir », « Al Ittihad Al Ichtiraki » et « Al Ahdath Al Maghribiya » où il tient la chronique « Kalam Assabah ». Il s’illustre parallèlement par ses ouvrages historiques dans lesquels il conte Mohammed V, Abderrahim Bouabid, Omar Ben Jelloun, Abdelhadi Boutaleb, Abdelkrim El Khatib, Thami El Glaoui, Mahjoub Ben Seddik et principalement Mehdi Ben Barka auquel il consacre plusieurs opus. Ainsi le décrivent dans Libération en 2011, sur le thème de Ben Barka, quelques grands amis politiciens : « Qui a le plus droit d'écrire à propos de Mehdi Ben Barka et à propos de la lutte progressiste au Maroc, que Abdellatif Jebrou qui leur a consacré avec humilité, sincérité et loyauté, toutes les étapes de sa vie ? » (Abdallah Ibrahim). « Les informations recueillies par le frère Abdellatif Jebrou et racontées d'une manière intéressante, jettent beaucoup de lumière sur les événements et nous aident à comprendre l'évolution de notre pays. Le lecteur ressent une émotion chaleureuse chez l'auteur, nourrie par des années de côtoiement avec Mehdi Ben Barka et une mémoire légendaire des événements vécus. » (Mohamed Elyazghi). « Je ne pouvais apprendre beaucoup de choses sur la lutte de Mehdi Ben Barka et sa vie sans les écrits de l’ami Abdellatif Jebrou. » (Mustapha El Karchaoui).
Plus globalement, l’ancien ministre et maire de Rabat, Fathallah Oualalou témoigne : « Ceux qui connaissaient Abdellatif Jebrou savent qu’il se caractérise par une mémoire extraordinaire, et une capacité d'employer ce pouvoir dans la lecture des événements et leur questionnement en plus de sa préoccupation à les passer au crible afin de s’assurer de leur véracité. C’est ainsi que sa mémoire est devenue un outil de dépistage et un mécanisme de comparaison avant de présenter sa propre lecture. » Adieu belle âme.