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Double emploi : Entre option et obligation


Rédigé par Siham MDIJI Mardi 5 Avril 2022

Face au coût de la vie, de plus en plus cher, plusieurs personnes se sentent obligées de cumuler les emplois, soit pour satisfaire leurs besoins primaires ou pour augmenter leurs revenus afin de mener un type de vie donné. Témoignages.



Augmenter ses revenus mensuels demeure la volonté de quasiment tous les employés, peu importe leur secteur de travail, public ou privé. Une raison pour laquelle plusieurs personnes, notamment marocaines, cumulent plusieurs emplois pour affronter les défis économiques de la vie. Aujourd’hui, de plus en plus de Marocains ne trouvent pas d’autres choix que de prendre un deuxième emploi pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Pour cause : la hausse de prix et le pouvoir d’achat qui diminue.

A ce propos, « L’Opinion » a collecté des témoignages de personnes issues de différentes classes sociales, dans le but de jeter la lumière sur ce phénomène qui se répand comme une traînée de poudre sur le marché marocain. « Le coût de la vie est assez élevé au Maroc et pour maintenir un certain niveau de vie, un seul salaire ne suffit pas même si tu es cadre ou tu occupes un bon poste », a indiqué Najlaa D., cadre dans un établissement financier.

« Ce n’est pas toujours évident de trouver une 2ème activité qui sera la source d’un autre revenu, vu le marché de l’emploi qui fait face à des mutations inédites dues à un contexte de crise sanitaire », a-t-elle estimé, appuyant ces propos par le fait qu’elle est en train de postuler pour avoir des postes en vacation sans avoir de réponse favorable jusqu’à ce jour.

Aymen B., un jeune de 35 ans, fait de la multi-activité professionnelle un rituel depuis plusieurs années. Le jeune a l’habitude de travailler jour et nuit pour subvenir à ses besoins de première nécessité étant donné que son travail est considéré comme précaire et peu rémunéré.

Aymen travaille en tant qu’ouvrier dans le bâtiment pendant 8 heures, avant de se transformer en chauffeur « Careem » le soir. Une application qui permet de réserver une voiture avec chauffeur pour effectuer des courses de tout genre. « Ce n’est pas par choix que je mène une double vie professionnelle, mais plutôt par obligation », a-t-il fait savoir, précisant que « je commence tôt, voire très tôt, le matin, pour finir ma journée vers minuit ou une heure du matin, sans parler des weekends ».

Travailler en pleine autonomie

Pour sa part, Imane M., une jeune femme parmi les enseignants contractuels qui se battent pour leur intégration dans la Fonction publique, enseigne la langue arabe à des étrangers sur une plateforme en ligne. « Cela fait maintenant 1 an et demi que j’ai découvert un site en ligne où je donne des cours particuliers en visio tout en choisissant mes propres horaires», a-t-elle indiqué, faisant part de sa satisfaction concernant cette deuxième activité qui lui permet d’arrondir ses fins de mois grâce à Internet.

« Avant, j’avais toujours du mal à finir le mois sans prendre des crédits, notamment pour payer le loyer, les factures d’eau, d’électricité et d’Internet, car j’ai toujours souffert des prélèvements sur salaire comme tous les autres contractuels », a-t-elle souligné, précisant que « maintenant, je peux gagner jusqu’à 3.000 dhs/mois ».

De son côté, Mehdi G., consultant junior, a affirmé que « quoique j’ai un salaire qui varie entre 7.000 et 8.000, je me trouve toujours des missions en freelance sans que mon employeur le sache ». Il a ajouté que « si jamais je me trouve un 2ème emploi, je dois avoir l’autorisation de mon employeur et même préciser la nature du poste s’il est soumis à une clause de non-concurrence ».

Que dit la loi ?

Contacté par nos soins, Othmane Samie, premier avocat marocain à siéger au barreau de la Californie, a estimé qu’« il y a un vide juridique au niveau du Code du travail marocain qui ne répond pas clairement à cette question », ajoutant que malgré cela, « la jurisprudence marocaine ainsi que les différentes décisions juridiques qui ont déjà été prises ces 20 dernières années ont démontré que le cumul d’emploi était possible à condition de respecter quelques règles », telles que la durée maximale de travail, l’obligation de loyauté, le respect de la clause de non-concurrence, etc.

Dans le même sillage, il a fait savoir que « de nombreux types de contrats contiennent des clauses qui empêchent un employé de travailler dans une entreprise directement concurrentielle à celle où il exerce ». En cas d’inexistence d’un contrat de travail, il est nécessaire, selon notre interlocuteur, de se fier aux conventions collectives et au règlement extérieur de l’entreprise.

Othmane Samie a, ainsi, souligné l’importance de consultation juridique pour relire un contrat de travail « puisqu’il peut contenir des clauses qui renoncent à toute pluralité d’activités professionnelles», notant « qu’en cas d’absence de ces dernières, l’employé jouit du droit d’avoir un deuxième travail à condition de respecter les 10 heures de travail par jour ».

Concernant le secteur public, l’avocat au barreau de la Californie a précisé que « le dahir du 24 février 1958 interdit complètement le cumul de travail pour les employés de la Fonction publique », peu importe leur salaire.


Siham MDIJI

3 questions à Philippe Montrant


« Le double emploi a toujours existé et continuera, sans aucun doute, d’envahir le marché marocain »
 
Philippe Montrant, Directeur Général et fondateur de ReKrute, a répondu à nos questions sur le cumul des emplois qui se répand comme une traînée de poudre au Maroc.

- Que pensez-vous du double emploi au Maroc ?

- C’est un mode de travail qui est en train de se développer à grande vitesse partout dans le monde, notamment au Maroc. Le double emploi a toujours existé et continuera, sans aucun doute, d’envahir le marché marocain, mais de manière illégale puisque le Code du travail marocain, non seulement ne l’autorise pas, mais ne le prévient même pas.

A mon sens, il est plus que nécessaire de légiférer autour de cela, car il y a une entité colossale qui exerce deux métiers sans aucun contrat en bonne et due forme, parce qu’en réalité, le 2ème job n’est pratiquement jamais déclaré.


- Quels sont les métiers qui permettent de cumuler plusieurs emplois ?

- Les métiers de service sont les plus faciles à exercer lorsque l’on a une profession à plein temps à côté, en plus des métiers libéraux où les gens n’ont pas de contrainte de temps. D’ailleurs, la généralisation du télétravail a joué en faveur de nombreuses personnes qui profitent pleinement pour cumuler deux emplois, y compris ceux qui ont un salaire autour du SMIG et qui cherchent forcément un autre revenu pour subvenir à leurs besoins. C’est également le cas de certains informaticiens, codeurs, développeurs, etc., qui n’hésitent pas à prendre des missions en freelance pour augmenter leurs revenus de manière considérable.


- Qu’en est-il de la productivité de l’employé ?

- La double vie professionnelle exige beaucoup d’organisation, mais c’est du cas par cas en matière de performance et de productivité. Cette dernière dépend de la motivation, du bien-être professionnel et plein d’autres facteurs. Il y a des gens capables de travailler 10 heures par jour avec un haut niveau de productivité et travailler 2-3 heures de plus en freelance durant la journée ou la soirée.

Contrairement à ce que l’on pense, le double travail peut, parfois, être une source d’inspiration et aider l’employé à monter en compétence sur de nouvelles technologies qui permettront à l’employeur d’en tirer profit.

Recueillis par S.M.
 

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Double emploi : Entre option et obligation

 

Impact de la crise sur l’emploi


Le Maroc bon élève, selon l’OIT
 
Les mesures prises par le Maroc ont atténué les répercussions de la crise du Covid-19 sur le marché du travail, a affirmé, jeudi à Rabat, la directrice du bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, Rania Bikhazi.

« La crise du Covid-19 et ses répercussions sur le marché du travail a confirmé l’importance de l’approche d’anticipation des compétences. Fort heureusement que le Royaume a engagé un ensemble de mesures d’atténuation qui ont pu atténuer les effets de cette crise », a indiqué Mme Bikhazi dans son allocution d’ouverture de la deuxième réunion du comité national d’orientation du projet STED-AMT.

A ces efforts s’ajoutent les chantiers en cours pour promouvoir les différents secteurs, en particulier le secteur industriel, et toutes les incitations mises à la disposition des investisseurs en vue de promouvoir la croissance et créer plus d’emplois, a-t-elle souligné. « Le projet SDET-AMT de l’OIT vise à contribuer à cette dynamique, notant que le projet a mis en place au Maroc deux comités, à savoir un comité de suivi technique et opérationnel et un comité national d’orientation », a-t-elle révélé.

S. M.
 

Recrutement


ReKrute dévoile les tendances RH
 
Avec la crise sanitaire qui a bouleversé le marché de l’emploi et le taux de turnover élevé qui marque le contexte actuel, les chercheurs d’emploi se posent de plus en plus de questions sur les tendances RH en termes de recrutement, indique ReKrute dans son baromètre annuel qui s’appuie sur l’analyse des offres d’emploi publiées en 2021.

ReKrute a fait savoir dans un communiqué que « 2021 a été une année d’espoir pour le recrutement. La reprise s’est annoncée avec un taux de croissance de 6% par rapport à 2020 », ajoutant que « le marché de l’emploi commence à retrouver son rythme d’avant Covid-19 ».

Pour ce qui est des secteurs qui ont le plus recruté en 2021, le cabinet de recrutement a indiqué que « le secteur des centres d’appel a vu à la hausse son volume de recrutement, se positionnant ainsi en tête de liste des secteurs ayant le plus recruté », tandis que « le secteur de l’informatique occupe la 2ème place en générant 12% des postes ouverts en 2021 ».

« La banque, qui se positionne comme le secteur le plus attractif en 2021, a gardé le même rythme de recrutement par rapport à 2020, en offrant 4% de l’ensemble des postes ouverts aux chercheurs d’emploi », a-t-il mentionné.

Pour ce qui est des fonctions en forte demande, ReKrute a noté qu’au courant de la même année, « la fonction informatique représente 1/3 des fonctions demandées, se plaçant ainsi en tête du classement, alors qu’elle occupait la 2ème place en 2020 », faisant remarquer que « les métiers du call center, passant en second, restent en très forte demande ».

« La nouveauté de l’année 2021 est l’arrivée des fonctions « Gestion/ Comptabilité/ Finance » et le retour de la fonction « Commercial / Vente » dans le top 5 du classement », a-t-il précisé.

S. M.



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