La mémoire a une vitalité exceptionnelle qui lui permet de traverser le temps et l’espace. Parfois sa transmission ou sa réapparition prend des chemins inédits et surprenants pour enfin s’imposer à la réalité, livrant des secrets qu’on croyait à jamais tus et c’est en cela que les livres sur la Shoah sont instructifs. On le voit avec les descendants français de la famille « Rabinovitch » dans le récit intitulé « La carte postale » d’Anne Berest.
Comme l’indique le titre, c’est une carte postale qui est à l’origine d’un voyage à rebours étonnant dans la généalogie de l’auteure. Cette carte représentant l’Opéra Garnier de Paris et ne portant au verso que la mention de quatre prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. Anne Berest et sa maman décident de résoudre cette énigme pour découvrir qui se cachent derrière ces identités livrées sans patronyme. De fil en aiguille et en cherchant dans les archives familiales détenues par Lélia, la maman de l’auteure, le mystère s’éclaircit et les prénoms s’incarnent en personnes ayant un vécu et un parcours.
L’enquête mène le lecteur en Russie où tout a commencé après la révolution bolchévique de 1917. La famille Rabinovitch connaît les affres de l’antisémitisme et décide d’immigrer en Pologne, là aussi les conditions ne sont pas propices à la stabilité.
En effet, la bête immonde avait propagé ses tentacules partout comme un cancer incurable métastasant toutes les âmes. La Palestine devient une solution possible mais les moyens de subsistance sur place et la précarité des infrastructures poussent une nouvelle fois Ephraïm, Emma et leur fille Myriam à s’installer à Paris dans les années trente. Ephraïm comptait beaucoup sur ses inventions et son dynamisme professionnel pour acquérir la nationalité française mais ses tentatives furent vaines. Le péril du nazisme et du fascisme prennent en nasse tous les Juifs d’Europe. Le régime de Vichy qui avait signé la capitulation de la France, trouve par la même occasion dans certains segments de la société française des échos positifs pour organiser la déportation en masse vers les camps de concentration des Juifs se trouvant en métropole.
Ainsi Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques auront Auschwitz comme destination finale sans retour. Il n’y a que Myriam qui échappe à cette horreur. Dans ce récit très poignant Anne Berest fait intervenir tous les moyens modernes qui aident à mener des investigations historiques, allant jusqu’à faire appel à la célèbre agence de détective parisienne « Duluc », histoire de voir qui est le mystérieux expéditeur de cette carte.
Cette enquête passionnante ne perd pas de vue de s’interroger sur ce qu’être « Juif » dans un monde qui tend à l’uniformisation et à la stigmatisation des minorités, tout en mettant en garde contre la possibilité de voir la bête immonde ressurgir à tout moment.
Comme l’indique le titre, c’est une carte postale qui est à l’origine d’un voyage à rebours étonnant dans la généalogie de l’auteure. Cette carte représentant l’Opéra Garnier de Paris et ne portant au verso que la mention de quatre prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. Anne Berest et sa maman décident de résoudre cette énigme pour découvrir qui se cachent derrière ces identités livrées sans patronyme. De fil en aiguille et en cherchant dans les archives familiales détenues par Lélia, la maman de l’auteure, le mystère s’éclaircit et les prénoms s’incarnent en personnes ayant un vécu et un parcours.
L’enquête mène le lecteur en Russie où tout a commencé après la révolution bolchévique de 1917. La famille Rabinovitch connaît les affres de l’antisémitisme et décide d’immigrer en Pologne, là aussi les conditions ne sont pas propices à la stabilité.
En effet, la bête immonde avait propagé ses tentacules partout comme un cancer incurable métastasant toutes les âmes. La Palestine devient une solution possible mais les moyens de subsistance sur place et la précarité des infrastructures poussent une nouvelle fois Ephraïm, Emma et leur fille Myriam à s’installer à Paris dans les années trente. Ephraïm comptait beaucoup sur ses inventions et son dynamisme professionnel pour acquérir la nationalité française mais ses tentatives furent vaines. Le péril du nazisme et du fascisme prennent en nasse tous les Juifs d’Europe. Le régime de Vichy qui avait signé la capitulation de la France, trouve par la même occasion dans certains segments de la société française des échos positifs pour organiser la déportation en masse vers les camps de concentration des Juifs se trouvant en métropole.
Ainsi Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques auront Auschwitz comme destination finale sans retour. Il n’y a que Myriam qui échappe à cette horreur. Dans ce récit très poignant Anne Berest fait intervenir tous les moyens modernes qui aident à mener des investigations historiques, allant jusqu’à faire appel à la célèbre agence de détective parisienne « Duluc », histoire de voir qui est le mystérieux expéditeur de cette carte.
Cette enquête passionnante ne perd pas de vue de s’interroger sur ce qu’être « Juif » dans un monde qui tend à l’uniformisation et à la stigmatisation des minorités, tout en mettant en garde contre la possibilité de voir la bête immonde ressurgir à tout moment.
Slimane AÏT SIDHOUM
Anne Berest, La carte postale, Grasset, 2021.