Pour illustrer ce constat, il a évoqué une récente campagne de vaccination contre la rougeole menée à Azemmour, en collaboration avec les autorités locales et la société civile. Malgré une mobilisation importante, seulement 120 enfants ont été vaccinés. Un chiffre décevant qui révèle, selon lui, la persistance des croyances dans les remèdes traditionnels et la méfiance envers les vaccins, souvent alimentée par des rumeurs infondées.
La rougeole, un combat inachevé
La rougeole, une maladie qui avait pourtant été maîtrisée dans les années 1960 grâce à des campagnes de vaccination massives, connaît aujourd’hui une résurgence inquiétante. À l’époque, les méthodes de prévention étaient encore influencées par des croyances populaires et des superstitions. Aujourd’hui, alors que la science a prouvé l’efficacité des vaccins, certaines communautés continuent de privilégier des traitements à base de plantes ou des rituels traditionnels.
Pour mieux comprendre cette situation, nous avons interrogé Jalal Saïd Asbaghi, délégué provincial du ministère de la Santé à El Jadida. Il a rappelé que le vaccin contre la rougeole, dont l’efficacité est avérée depuis plus de 50 ans, confère une immunité essentielle à ceux qui le reçoivent. « Pourtant, malgré ces preuves scientifiques, certaines familles préfèrent encore recourir à des méthodes traditionnelles, ce qui compromet nos efforts de santé publique », a-t-il expliqué.
Un défi culturel et sanitaire
Selon M. Asbaghi, cette préférence pour les pratiques traditionnelles est particulièrement marquée dans les zones rurales, où l’accès aux soins modernes reste parfois limité. « Bien que l’accès aux hôpitaux se soit amélioré, certaines personnes continuent de se tourner vers des traitements alternatifs, souvent par habitude ou par manque d’information. Cela retarde les diagnostics et aggrave les conséquences des maladies », a-t-il souligné.
Le délégué régional a également pointé du doigt les rumeurs qui circulent sur les vaccins, alimentant la méfiance des populations. « Nous devons redoubler d’efforts pour sensibiliser la population à l’importance de la vaccination. Les campagnes comme celle contre la rougeole sont cruciales pour protéger les enfants et prévenir la propagation des épidémies. Mais les idées reçues persistent, ce qui rend notre travail plus difficile », a-t-il ajouté.
Un équilibre à trouver
Si les méthodes traditionnelles occupent une place importante dans la culture et l’histoire locale, elles ne peuvent, selon les experts, remplacer les avancées médicales modernes. « Il ne s’agit pas de rejeter ces pratiques, mais de les compléter avec des traitements scientifiquement validés », a expliqué M. Asbaghi.
Pour y parvenir, une collaboration étroite entre les autorités sanitaires, la société civile et les leaders communautaires est essentielle. « Nous devons travailler ensemble pour combattre les idées reçues et promouvoir des pratiques de santé fondées sur des preuves scientifiques. C’est la seule manière de protéger durablement les populations contre les épidémies », a-t-il conclu.
Conclusion
La résurgence de maladies comme la rougeole met en lumière un défi complexe : concilier respect des traditions et adoption des méthodes modernes de prévention. Alors que les autorités sanitaires redoublent d’efforts pour promouvoir la vaccination, le chemin vers une adhésion totale reste semé d’embûches. Une chose est sûre : sans une sensibilisation accrue et une collaboration renforcée, la lutte contre les épidémies risque de rester un combat inachevé.