- M. El Khomsi, vous êtes l’un des meknassis dont on est particulièrement fiers, parlez nous un peu de votre enfance et de votre parcours.
Recueillis par
A. Chraibi
- Je suis né à Meknès le 12 Octobre 1961 et j’y suis resté jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat. J’ai grandi dans l’un des quartiers les plus marginaux et violents de la ville, il l’est toujours d’ailleurs.
Les meknassis qui nous liront reconnaitront sûrement le quartier de sidi baba. J’y ai fais mon école primaire à Al Buhtouri, J’ai ensuite rejoint le collège Moulay Youssef puis le lycée My Ismail où j’ai obtenu mon baccalauréat, filière science mathématique. J’ai encore continué mes trois premières années à la faculté avant de partir en France pour l’Ecole Polytechnique de Nancy, c’est là que j’ai obtenu ma première thèse de doctorat en 1994, j’ai ensuite rejoint la faculté des sciences et techniques de Fès en 1995 où j’enseigne toujours. C’est là où j’ai soutenu ma thèse d’Etat en 2005. Dans un quartier comme celui où j’ai grandi, seule l’Ecole pouvait nous sauver de la pauvreté et de la criminalité ambiante. Cela me pèse de voir ce qu’est devenue aujourd’hui l’école publique marocaine car je fais partie de cette génération qui lui doit tout. Certes, les enseignants marocains de notre enfance pouvaient montrer une sévérité et une rigueur excessive mais ils avaient aussi une passion pour leur métier et un engagement réel qui se font rares aujourd’hui.
Aussi, je suis convaincu qu’on ne peut espérer un réel changement , surtout du côté de notre jeunesse, sans repenser notre enseignement public, sans penser inculquer de véritables valeurs humaines et citoyennes à nos enfants et sans accorder plus d’importance aux sports.
- Justement professeur, vous évoquez un sujet auquel notre journal s’intéresse de près à savoir le sport. Vous voyez bien l’état où en sont les infrastructures et les institutions sportives à Meknès et dans la plupart des villes ; que pensez-vous de la question ?
- Je crois que la question est assez complexe. Il y a une sous-estimation de la part du décideur politique et d’une partie de l’opinion publique de l’importance et de l’impact que peut constituer le sport faisant de tout investissement dans le domaine une non-priorité. C’est oublier que tout est lié, le sport permet de construire un certain « vivre ensemble » à partir des valeurs qu’il véhicule (même si l’on est tenté de dire véhiculait).
On devrait comprendre qu’un investissement efficace et stratégique du côté du sport est récupéré autrement du côté de la sécurité qui s’améliore, des cas d’urgences atterrissant dans les hôpitaux de fait de violence qui se réduisent de prison qui se retrouvent moins peuplées….
- Qu’est ce qui pourrait faire bouger les choses à votre avis ?
- Je crois que c’est en premier lieu une question de volonté et de bonne gouvernance, l’investissement vient presque en second ordre. Prenez par exemple le cas de la ville de Meknès , nous disposons déjà d’un complexe sportif 20 Août pour ne citer que lui, d’un stade de foot mais nous n’en tirons aucun profit, la plupart des infrastructures sont délaissées et finissent par se détériorer ,faute d’entretien et de bonne gestion. C’est dire qu’il ne suffit pas de multiplier les constructions et les bâtisses s’il n’y a pas un véritable projet et une véritable vision derrière.
Il n’y a pas d’ailleurs que les infrastructures affiliées au ministère de la Jeunesse et du Sport qui sont en jeu. Prenez le cas des terrains de sport au sein des établissements scolaires primaires, secondaires et universitaires, là encore en ne peut vraiment alléguer l’excuse du coût ou des fonds budgétaires .Restaurer et exploiter efficacement ces lieux est, encore une fois, une question de volonté.
Ceci dit, les deux paramètres évoqués plus haut étant liés, le poids de décideur politique et civique est également présent. Une ville sans espaces culturels, sans espace vert, sans complexe sportif, sans vie tout simplement, en quoi différent-elle finalement d’un cimetière, ici et là une même stagnation, chacun reste à sa place.
Les meknassis qui nous liront reconnaitront sûrement le quartier de sidi baba. J’y ai fais mon école primaire à Al Buhtouri, J’ai ensuite rejoint le collège Moulay Youssef puis le lycée My Ismail où j’ai obtenu mon baccalauréat, filière science mathématique. J’ai encore continué mes trois premières années à la faculté avant de partir en France pour l’Ecole Polytechnique de Nancy, c’est là que j’ai obtenu ma première thèse de doctorat en 1994, j’ai ensuite rejoint la faculté des sciences et techniques de Fès en 1995 où j’enseigne toujours. C’est là où j’ai soutenu ma thèse d’Etat en 2005. Dans un quartier comme celui où j’ai grandi, seule l’Ecole pouvait nous sauver de la pauvreté et de la criminalité ambiante. Cela me pèse de voir ce qu’est devenue aujourd’hui l’école publique marocaine car je fais partie de cette génération qui lui doit tout. Certes, les enseignants marocains de notre enfance pouvaient montrer une sévérité et une rigueur excessive mais ils avaient aussi une passion pour leur métier et un engagement réel qui se font rares aujourd’hui.
Aussi, je suis convaincu qu’on ne peut espérer un réel changement , surtout du côté de notre jeunesse, sans repenser notre enseignement public, sans penser inculquer de véritables valeurs humaines et citoyennes à nos enfants et sans accorder plus d’importance aux sports.
- Justement professeur, vous évoquez un sujet auquel notre journal s’intéresse de près à savoir le sport. Vous voyez bien l’état où en sont les infrastructures et les institutions sportives à Meknès et dans la plupart des villes ; que pensez-vous de la question ?
- Je crois que la question est assez complexe. Il y a une sous-estimation de la part du décideur politique et d’une partie de l’opinion publique de l’importance et de l’impact que peut constituer le sport faisant de tout investissement dans le domaine une non-priorité. C’est oublier que tout est lié, le sport permet de construire un certain « vivre ensemble » à partir des valeurs qu’il véhicule (même si l’on est tenté de dire véhiculait).
On devrait comprendre qu’un investissement efficace et stratégique du côté du sport est récupéré autrement du côté de la sécurité qui s’améliore, des cas d’urgences atterrissant dans les hôpitaux de fait de violence qui se réduisent de prison qui se retrouvent moins peuplées….
- Qu’est ce qui pourrait faire bouger les choses à votre avis ?
- Je crois que c’est en premier lieu une question de volonté et de bonne gouvernance, l’investissement vient presque en second ordre. Prenez par exemple le cas de la ville de Meknès , nous disposons déjà d’un complexe sportif 20 Août pour ne citer que lui, d’un stade de foot mais nous n’en tirons aucun profit, la plupart des infrastructures sont délaissées et finissent par se détériorer ,faute d’entretien et de bonne gestion. C’est dire qu’il ne suffit pas de multiplier les constructions et les bâtisses s’il n’y a pas un véritable projet et une véritable vision derrière.
Il n’y a pas d’ailleurs que les infrastructures affiliées au ministère de la Jeunesse et du Sport qui sont en jeu. Prenez le cas des terrains de sport au sein des établissements scolaires primaires, secondaires et universitaires, là encore en ne peut vraiment alléguer l’excuse du coût ou des fonds budgétaires .Restaurer et exploiter efficacement ces lieux est, encore une fois, une question de volonté.
Ceci dit, les deux paramètres évoqués plus haut étant liés, le poids de décideur politique et civique est également présent. Une ville sans espaces culturels, sans espace vert, sans complexe sportif, sans vie tout simplement, en quoi différent-elle finalement d’un cimetière, ici et là une même stagnation, chacun reste à sa place.
Recueillis par
A. Chraibi