Venus devant le siège du parti socialiste (PSOE) à Madrid, où se réunissaient ses dirigeants, ils scandaient des slogans comme "Pedro, président". Les sympathisants, dont le nombre est estimé à 12.500 selon le gouvernement, brandissaient des pancartes où était écrit "L'Espagne a besoin de toi", "Pedro, n'abandonne pas", en soutien au dirigeant socialiste qui a suspendu ses activités jusqu'à cette annonce.
Le socialiste âgé de 52 ans, au pouvoir depuis 2018, a pris l'Espagne de court mercredi en mettant sa démission de chef du gouvernement dans la balance après l'annonce par un tribunal madrilène de l'ouverture d'une enquête préliminaire pour trafic d'influence et corruption contre son épouse, Begoña Gómez, à la suite de la plainte d'une association proche de l'extrême droite.
"J'ai besoin de m'arrêter et de réfléchir" afin de décider "si je dois continuer à être à la tête du gouvernement", a justifié Pedro Sánchez, dans une lettre de quatre pages publiée sur les réseaux sociaux, sans même en informer ses ministres les plus proches, ont affirmé certains d'entre eux.
"J'espère que Sanchez va dire lundi qu'il reste", déclare à l'AFP Sara Domínguez, une consultante trentenaire qui trouve que son gouvernement "a pris de très bonnes mesures pour les femmes, les personnes LGBT+, les minorités".
S'il s'en va, la possibilité existe que "l'extrême droite gouverne et cela nous fera reculer en matière de droits et de libertés", estime José María Díez, un fonctionnaire âgé de 44 ans venu de Valladolid, dans le nord du pays.
A l'intérieur du siège du parti, ses dirigeants étaient rassemblés pour demander au président du gouvernement de rester, une réunion qu'ils ont interrompue pour venir saluer la foule de manifestants.
"Président, reste. Pedro, reste, nous sommes ensemble, allons-y, nous devons avancer, nous devons continuer à faire avancer ce pays, l'Espagne ne peut pas reculer", a déclaré la numéro deux du gouvernement, la ministre du Budget María Jesús Montero.
Après son annonce-choc, M. Sanchez a suspendu ses activités publiques alors qu'il devait lancer jeudi soir la campagne des régionales cruciales du 12 mai en Catalogne.
Parmi les pistes envisagées par les observateurs figure l'annonce d'une question de confiance afin de montrer à l'Espagne que lui et son gouvernement minoritaire sont toujours soutenus par une majorité de la Chambre des députés.
L'hypothèse d'une démission n'est pas totalement à exclure, selon des analystes. L'opposition de droite, elle, en doute et dénonce une "victimisation" et un "spectacle".
L'annonce du Premier ministre est "tactique et électoraliste", a dénoncé samedi la secrétaire générale du Parti populaire, Cuca Gamarra, qui estime que M. Sanchez pense "obtenir, en se victimisant, un soutien dont il ne bénéficie pas aujourd'hui".