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Actu Maroc

Exclusif : L’ambassadeur de Russie au Maroc nous parle de la guerre en Ukraine et de la position du Royaume


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 21 Mars 2022

Le représentant de Moscou à Rabat, Valerian Shuvaev, nous livre, dans cette interview, sa vision sur la guerre en Ukraine et ses répercussions sur la diaspora marocaine. Opérations militaires, suspension de SWIFT, position marocaine sur le conflit, bras de fer avec les ambassades ukrainienne et britannique, l’ambassadeur répond sans ambiguïté.



- Concernant le conflit en Ukraine, le Maroc, comme d’autres pays, s’est montré neutre en refusant de participer au vote de la Résolu-tion de l’Assemblée Générale des Nations Unies ayant condamné la Russie, quelle a été votre réaction ?

- À notre avis, la position du Maroc reflète la vision par laquelle le Royaume appréhende les tensions géopolitiques internationales. Nous avons pris acte de la position marocaine qui nous semble très responsable.


- Quelque rumeurs disent que le Président Vladimir Poutine a envoyé officieusement un message de remerciements à la diplomatie marocaine pour sa neutralité, est-ce vrai ?

- En toute franchise, l’ambassade n’a pas pris connaissance d’un tel message. Du coup, nous ne pouvons confirmer une telle information.


- À cause des sanctions occidentales, la Russie a été coupée du programme international SWIFT, ce qui signifie que le pays est écarté du système financier international, quel serait l’impact de cela sur votre pays ?

- Les sanctions occidentales antirusses, y compris celles qui visent à priver la Fédération de Russie de la possibilité d’effectuer les virements financiers internationaux, affectent non seulement la Russie mais tout l’ensemble des pays avec qui nous avons des relations commerciales.

Aujourd’hui, c’est la plupart des puissances économiques mondiales. C’est-à-dire qu’en imposant ces sanctions économiques, l’Occident s’est tiré une balle dans le pied. La Russie est intégrée dans l’économie mondiale et pour cette raison, notre pays ne va pas être seul à s’adapter à ces nouvelles conditions et ça pourrait être un autre clou au cercueil du système Bretton Woods.


- Il existe une grande communauté de Marocains en Russie qui craignent d’être privés des transferts d’argent, existe-t-il des solutions alternatives ?

- Il est évident qu’il y eut des complications après l’entrée en vigueur des nouvelles sanctions. La Russie est assez préparée pour s’adapter à la situation actuelle. Certes, il faudra du temps pour régler toutes les difficultés, mais nous sommes confiants en notre capacité de trouver des solutions alternatives.


- L’Ambassade du Royaume Uni a brandi le drapeau ukrainien, l’Ambassade de Russie a réagi. Vous avez également critiqué la position des ambassadeurs des pays occidentaux au Maroc, pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre position ?

- Il ne s’agit pas de critique, nous avons exprimé notre regret quant aux positions prises par certains de nos collègues. L’ambassade russe reste persuadée que les spectacles de lumière et toutes sortes de déclarations populistes appartiennent aux hommes politiques et publics et pas aux diplomates professionnels. La vocation des diplomates est de continuer le dialogue et de chercher minutieusement des solutions.


- La Russie a lancé une opération militaire en Ukraine, l’Armée russe progresse lentement, pourquoi à votre avis ?

- Quand on parle de l’opération spéciale militaire, on doit se rendre compte que la Russie ne s’est pas fixée comme objectif la conquête du territoire ukrainien, mais vise principalement la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine. Aussi, Moscou tâche-t-il de protéger le peuple du Donbass et garantir sa sécurité nationale des menaces que présente l’Alliance transatlantique qui n’a eu de cesse d’avancer vers les frontières russes.

Donc, il ne s’agit pas d’une guerre à gagner à tout prix. C’est une opération militaire qui ne vise que les installations militaires de l’Ukraine et pas des civils. Cet aspect humanitaire est utilisé par les autorités ukrainiennes et les extrémistes néonazis qui préfèrent se servir de leurs propres citoyens ainsi que des étrangers comme bouclier humain.

C’est pour cela que les “néo-nazis” ukrainiens empêchent les gens de partir de l’Ukraine et de se rendre en Russie, de quitter le pays par couloirs humanitaires. Il y a d’autres aspects, qui ont influencé la durée de l’opération, parmi lesquelles la découverte des laboratoires biologiques en Ukraine qui réalisaient des programmes sur l’élaboration des armes biologiques affectant certains groupes ethniques. L’existence de ces laboratoires ainsi que leur financement direct par les Etats-Unis d’Amérique soulèvent beaucoup de questions qui, à ce jour, restent posées.


- Le conflit s’annonce encore long, quelles sont les chances d’une solution politique ?

- Depuis le début du conflit en Ukraine en 2014, la Russie a oeuvré pour une solution politique et même était un pays garant des accords de Minsk entre l’Ukraine et les républiques du Donbass. Mais le régime ukrainien n’a pas voulu les respecter et planifiait, au contraire, une solution militaire pour s’emparer de la région. Nous avons eu des preuves tangibles des motivations ukrainiennes et des documents que nous pouvons vous transmettre.

À vrai dire, le problème est beaucoup plus profond que ce qui se passe en Ukraine. Il s’agit d’assurer la sécurité viable et de longue durée soit sur le continent, soit à l’échelle globale. Et pour y arriver, il est nécessaire comme on dit «d’être deux pour danser», c’est-à-dire d’entamer des négociations sérieuses entre les interlocuteurs concernés sur une base sérieuse. Malheureusement, nous déplorons que les Etats-Unis et leurs alliés européens n’ont pas manifesté, pour le moment, autant de volonté et de détermination pour faire réussir les négociations. Et pourtant, en tant que diplomate, j’espère toujours que le bon sens prévaudra et que des solutions politiques soient trouvées. Autrement, il n’y aura pas de vainqueurs.


- L’Ukraine a fait appel à des combattants étrangers, comment voyez-vous cette démarche ?

- La situation pour les pouvoirs ukrainiens et les extrémistes néo-nazis devient de plus en plus difficile dans la mesure où la communauté internationale commence à voir clairement le vrai visage du régime de Kiev – les laboratoires des armes biologiques, l’ethnocide de la population du Donbass, les tactiques terroristes – utilisation de sa propre population comme un bouclier humain.

Dans ces conditions, les autorités ukrainiennes, incitées pendant des décennies par les pays occidentaux de mener une politique néonazie envers la population russe, mais effectivement abandonnées du point de vue militaire, tentent d’internationaliser la crise en cours et de faire passer l’opération russe de dénazification de l’Ukraine pour une simple guerre entre deux ennemis. Mais les Russes et les Ukrainiens ne sont pas des ennemis.

L’Ukraine s’est trouvée dans cette situation à cause de la vision à courte vue et les ambitions égoïstes des politiciens qui comptaient retirer un bénéfice du positionnement géographique de l’Ukraine, proche des frontières russes, dans ses relations avec l’OTAN dont l’objectif primaire officiel est la «dissuasion» de la Russie.



Recueillis par Anass MACHLOUKH

Marocains en Russie


Le gouvernement marocain promet une solution pour le transfert d’argent
 
Suite à l’exclusion de la Russie du système financier international SWIFT, les étudiants marocains dans ce pays ne cessent de se poser des questions sur le transfert d’argent sachant que les liens avec les banques russes ont été coupés. Aussi, les organismes de transfert d’argent tels que Western Union et Money Gram ont-ils suspendu leur activité sur le territoire russe.

Conscient des difficultés rencontrées par nos compatriotes, dont quelques-uns dépendent immanquablement des transferts pour vivre et financer leurs études, le gouvernement s’est penché sur cette question. Une réunion a eu lieu, jeudi dernier, entre les responsables du ministère de l’Économie et des Finances, de l’Office des Changes et du groupement professionnel des banques du Maroc. Ces derniers ont examiné la situation afin de trouver des solutions.

Pour sa part, le porte-parole de l’Exécutif, Mustapha Baitas, a tenu à rassurer la communauté marocaine en Russie que le gouvernement est à leur côté et interviendra en leur faveur. Après l’entrée en vigueur des sanctions occidentales et la mise en écart des banques russe du système SWIFT, des étudiants marocains, contactés par nos soins, ont tenté de trouver quelques artifices pour contourner les nouveaux obstacles financiers en tentant de faire des virements via des cartes intégrées dans le système de paiement MIR. Selon les témoignages que nous avons reçus, ces transferts sont possibles via des banques russes comme Tinkoffbank et Sberbank.

 








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