L’impact de la crise économique causée par le Covid-19, sur les exportations du Maroc est devenu incontestable. Entre perturbations des chaînes d’approvisionnement et difficultés d’accès au financement, les entreprises marocaines opérant dans le secteur se retrouvent dans une situation alarmante. Le rapport sur les statistiques des échanges extérieurs à fin mars 2020, publié par l’Office des Changes, confirme bien ce constat. En effet, au premier trimestre, les chiffres de l’Office montrent une chute de 10,6% ou de 8,1 milliards de DH des exportations qui s’établissent à 68,2 milliards. Néanmoins, certains secteurs arrivent à tirer leur épingle du jeu, notamment, l’agriculture, la pêche et l’industrie pharmaceutique.
L’exportation agricole se porte bien
Pommes de terre, tomates, oignons, fruits rouges, pastèques, ce sont tous des produits très demandés à l’international en ces temps de crise. Chose qui a permis aux professionnels du secteur agricole d’assurer le bon déroulement de la campagne d’exportation des produits alimentaires agricoles 2019-2020, tout en veillant, en priorité, à l’approvisionnement suffisant et régulier du marché national. Mais selon M. Hassan Sentissi, président de l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX), l’export des produits alimentaires et maritimes a été touché, mais dans une moindre importance, soulignant qu’au début de la crise sanitaire au Maroc, la logistique faisait défaut (voir 3 questions à). Ceci dit, les exportations des produits maraîchers ont atteint durant cette saison, un volume de l’ordre de 876.000 tonnes (bilan arrêté au 14 avril 2020), enregistrant une croissance de 3% par rapport à la saison précédente.
La plus forte croissance a été enregistrée au niveau des fruits rouges avec un volume de l’ordre de 68.400 tonnes au 14 avril 2020, enregistrant une croissance de 27% par rapport à la campagne précédente à la même date. Parmi les rares produits qui trouvent clients à l’export à l’ère du Covid-19, figure également la pastèque qui a enregistré une bonne performance, passant de 5.900 tonnes à 11.900 tonnes, le melon qui a également connu une embellie à l’export de +18%. Du côté des agrumes par lesquels le Maroc est connu, les exportateurs ont pu maintenir un bon niveau, suite à la bonne tenue des prix sur les marchés internationaux, et ce, malgré le recul de la production au titre de cette saison. Mais le Maroc «peut faire mieux», nous confie M. Sentissi, «car il perd des milliards du fait de l’absence d’une flotte nationale. D’où l’importance de reconstituer cette dernière». Néanmoins, le président de l’ASMEX nous rassure que «le ministre des Finances avec l’engagement de la CCG, est tout prêt à favoriser la naissance d’une flotte marocaine».
La plus forte croissance a été enregistrée au niveau des fruits rouges avec un volume de l’ordre de 68.400 tonnes au 14 avril 2020, enregistrant une croissance de 27% par rapport à la campagne précédente à la même date. Parmi les rares produits qui trouvent clients à l’export à l’ère du Covid-19, figure également la pastèque qui a enregistré une bonne performance, passant de 5.900 tonnes à 11.900 tonnes, le melon qui a également connu une embellie à l’export de +18%. Du côté des agrumes par lesquels le Maroc est connu, les exportateurs ont pu maintenir un bon niveau, suite à la bonne tenue des prix sur les marchés internationaux, et ce, malgré le recul de la production au titre de cette saison. Mais le Maroc «peut faire mieux», nous confie M. Sentissi, «car il perd des milliards du fait de l’absence d’une flotte nationale. D’où l’importance de reconstituer cette dernière». Néanmoins, le président de l’ASMEX nous rassure que «le ministre des Finances avec l’engagement de la CCG, est tout prêt à favoriser la naissance d’une flotte marocaine».
Quid des produits de la mer ?
Du côté des produits maritimes, le volume exporté durant cette campagne, est de l’ordre de 496.400 tonnes, contre 481.200 tonnes durant l’année dernière, soit une croissance de 3%.
Cependant, elle reste loin du potentiel attendu. «Malheureusement, près de 60% seulement de la production sont assurés durant l’état d’urgence sanitaire, donc le secteur n’arrive pas à battre son plein», précise notre interlocuteur.
Cependant, elle reste loin du potentiel attendu. «Malheureusement, près de 60% seulement de la production sont assurés durant l’état d’urgence sanitaire, donc le secteur n’arrive pas à battre son plein», précise notre interlocuteur.
L’industrie pharmaceutique exporte…difficilement
Les laboratoires pharmaceutiques parviennent également à réaliser un chiffre d’affaires important suite à l’export, mais ça reste en deçà des attentes, du fait des restrictions sur les exportations de médicaments instaurées depuis le début de l’état d’urgence sanitaire. Les exportateurs doivent fournir une multitude de documents à chaque opération ainsi que des informations que les industriels estiment non-pertinentes.
Les entraves bureaucratiques ont été épinglées à maintes reprises par l’Association marocaine des industriels pharmaceutiques (AMIP), qui s’est adressée aux ministères de tutelle, mais aucun feed-back. Ses restrictions sont sûrement motivées par la volonté des pouvoirs publics à sécuriser les besoins du Royaume en produits pharmaceutiques durant cette conjoncture exceptionnelle, ce qui est tout à fait compréhensible, mais avec la baisse des consultations médicales au niveau des cabinets et des cliniques, les ventes des médicaments subissent une chute inquiétante. D’où la nécessité de lâcher du lest sur les exportations.
Certains secteurs résistent à la crise. Soit. Mais les mesures prises par le gouvernement pour soutenir l’export, non pas su amortir efficacement les répercussions du Covid-19 sur ce secteur, qui, aujourd’hui, est la seule alternative pour compenser la baisse d’entrée de devises. Ce qui n’est pas du tout étonnant, puisque les entreprises exportatrices ne sont pas bien représentées au sein du Comité même qui décide de ces mesures. Mais il est trop tard, maintenant, et on ne peut pas faire marche arrière, espérant juste que le futur soit plus favorable.
Les entraves bureaucratiques ont été épinglées à maintes reprises par l’Association marocaine des industriels pharmaceutiques (AMIP), qui s’est adressée aux ministères de tutelle, mais aucun feed-back. Ses restrictions sont sûrement motivées par la volonté des pouvoirs publics à sécuriser les besoins du Royaume en produits pharmaceutiques durant cette conjoncture exceptionnelle, ce qui est tout à fait compréhensible, mais avec la baisse des consultations médicales au niveau des cabinets et des cliniques, les ventes des médicaments subissent une chute inquiétante. D’où la nécessité de lâcher du lest sur les exportations.
Certains secteurs résistent à la crise. Soit. Mais les mesures prises par le gouvernement pour soutenir l’export, non pas su amortir efficacement les répercussions du Covid-19 sur ce secteur, qui, aujourd’hui, est la seule alternative pour compenser la baisse d’entrée de devises. Ce qui n’est pas du tout étonnant, puisque les entreprises exportatrices ne sont pas bien représentées au sein du Comité même qui décide de ces mesures. Mais il est trop tard, maintenant, et on ne peut pas faire marche arrière, espérant juste que le futur soit plus favorable.
Saâd JAFRI
3 questions à Hassan Sentissi, président de l'ASMEX
Hassan Sentissi
« Il faut réfléchir à des mesures post-crise en impliquant les spécialistes du secteur »
Nous avons contacté Hassan Sentissi, président de l’ASMEX, pour nous apporter un éclairage sur la situation de l’export au Maroc.
- Les exportations connaîssent une chute libre, quelles sont les raisons derrière cette baisse ?
- Premièrement, il est important de signaler que l’activité de l’export a baissé aujourd’hui de plus de 50 %, et cela est du à plusieurs problèmes. D’abord, le Maroc exporte environ 25 milliards de dollars, dont 10 à 12 milliards sont des éléments que nous importons, depuis l’Europe et la Chine principalement, pour les réutiliser dans nos exportations. À cause de la pandémie, le vieux continent est pratiquement à l’arrêt, il reste donc la Chine. Mais pour importer de cette dernière, il faut se lever de bonne heure, ça met deux à trois mois pour arriver. Or, le Maroc avait l’habitude d’importer certains éléments pratiquement tous les mois pour les utiliser dans ses produits à l’exportation. Les derniers stocks ont été utilisés en mars, ainsi, il ne reste pratiquement plus rien à exporter, sauf tout ce qui concerne les produits agricoles et de la mer.
- Que doit faire le gouvernement pour limiter les dégâts du secteur de l’export ?
- Maintenant le mal est fait, et malheureusement, on ne peut pas rattraper trois mois de dégâts. Les mesures qui ont été prises en faveur des exportateurs n’ont pas été actées à temps et pas en totalité. Bien que les aides mises en place soient encourageantes, elles sont loin d’être suffisantes, surtout en matière de financement et de couverture des risques pour soutenir les exportateurs. Mais il est tout à fait normal de passer à côté de la plaque lors du processus de prise de décision, puisque les représentants des exportateurs ne siègent pas au Comité de Veille Economique. Ceci dit, pour récupérer un peu les pertes de ces derniers mois, il faut réfléchir à des mesures post-crise en impliquant les spécialistes du secteur.
- Que fait l’ASMEX pour endiguer les effets ravageurs de la crise sur le secteur ?
- L’ASMEX n’a pas baissé les bras, même si elle ne fait pas partie du Comité. Déjà, l’Association a été la première à avoir demandé la baisse du taux d’escompte à BAM ainsi que l’intervention de la Caisse Centrale de Garantie. Par ailleurs, un groupe de travail a été mis en place avec les dispositifs nécessaires pour assurer le suivi de la situation dans le secteur et s’inscrit en tant que cellule de veille et force de proposition pour prévenir les impacts du Covid-19 et préparer la sortie de crise. Des «Video meeting» sont tenues en continu, dont la dernière a été faite avec le PDG de la SMAEX, durant laquelle une série de mesures ont été annoncées en faveur des exportateurs.
Receuillis par S. J.
Nous avons contacté Hassan Sentissi, président de l’ASMEX, pour nous apporter un éclairage sur la situation de l’export au Maroc.
- Les exportations connaîssent une chute libre, quelles sont les raisons derrière cette baisse ?
- Premièrement, il est important de signaler que l’activité de l’export a baissé aujourd’hui de plus de 50 %, et cela est du à plusieurs problèmes. D’abord, le Maroc exporte environ 25 milliards de dollars, dont 10 à 12 milliards sont des éléments que nous importons, depuis l’Europe et la Chine principalement, pour les réutiliser dans nos exportations. À cause de la pandémie, le vieux continent est pratiquement à l’arrêt, il reste donc la Chine. Mais pour importer de cette dernière, il faut se lever de bonne heure, ça met deux à trois mois pour arriver. Or, le Maroc avait l’habitude d’importer certains éléments pratiquement tous les mois pour les utiliser dans ses produits à l’exportation. Les derniers stocks ont été utilisés en mars, ainsi, il ne reste pratiquement plus rien à exporter, sauf tout ce qui concerne les produits agricoles et de la mer.
- Que doit faire le gouvernement pour limiter les dégâts du secteur de l’export ?
- Maintenant le mal est fait, et malheureusement, on ne peut pas rattraper trois mois de dégâts. Les mesures qui ont été prises en faveur des exportateurs n’ont pas été actées à temps et pas en totalité. Bien que les aides mises en place soient encourageantes, elles sont loin d’être suffisantes, surtout en matière de financement et de couverture des risques pour soutenir les exportateurs. Mais il est tout à fait normal de passer à côté de la plaque lors du processus de prise de décision, puisque les représentants des exportateurs ne siègent pas au Comité de Veille Economique. Ceci dit, pour récupérer un peu les pertes de ces derniers mois, il faut réfléchir à des mesures post-crise en impliquant les spécialistes du secteur.
- Que fait l’ASMEX pour endiguer les effets ravageurs de la crise sur le secteur ?
- L’ASMEX n’a pas baissé les bras, même si elle ne fait pas partie du Comité. Déjà, l’Association a été la première à avoir demandé la baisse du taux d’escompte à BAM ainsi que l’intervention de la Caisse Centrale de Garantie. Par ailleurs, un groupe de travail a été mis en place avec les dispositifs nécessaires pour assurer le suivi de la situation dans le secteur et s’inscrit en tant que cellule de veille et force de proposition pour prévenir les impacts du Covid-19 et préparer la sortie de crise. Des «Video meeting» sont tenues en continu, dont la dernière a été faite avec le PDG de la SMAEX, durant laquelle une série de mesures ont été annoncées en faveur des exportateurs.
Receuillis par S. J.