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Culture

FNAP, et Nouamane Lahlou fait son chaud


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 14 Juillet 2024

Pendant que le festival national des arts populaires (FNAP) de Marrakech draine ses habitués aussi marocains qu’étrangers, la direction de cette nouba, la plus ancienne du pays, déroule le tapis rouge à l’un des respectueux authentiques créateurs du pays encore en « fonction ». C’était le 6 juillet.



Nouamane Lahlou lors de son concert à Marrakech accompagné des Reggada de l’Oriental.
Nouamane Lahlou lors de son concert à Marrakech accompagné des Reggada de l’Oriental.
En marge d’un festival mais dans le cœur d’un hommage orchestré par l’Association du Grand Atlas (AGA) dont le président et directeur du FNAP, Mohamed Knidiri, est « heureux » de donner carte blanche à un artiste qui fait voyager à travers les mots et les notes, la sublimation acte son pouvoir aérien. Nouamane Lahlou est cette personne qui se hisse au sommet d’un art universel qu’il fait flirter avec ses racines, ces branches naissant d’un arbre prenant pied dans ce Maroc pluriel qu’il idolâtre jusqu’à ce que reconnaissance définitive s’ensuive. Notre présence pendant les répétitions de ce set improbable nous fait découvrir un artiste fort en thèmes et fragile de par le respect qu’il engrange pour son métier qui n’en est pas un mais un état d’être. Avec son complice et chef d’orchestre Mountassir Hmala, il gère les différentes situations avec un calme qui cache les bouillonnements internes, ceux équilibrant tout créateur à la foi ample. Soucieux de la finition, il interroge Hmala : « Il y a un problème. Le rendu de ma voix me dérange. Est-ce parce que la salle est vide ? » Le chef le rassure et la répétition prend d’autres dimensions. Assis devant son micro, son oud stylé faisant partie de son corps, Nouamane Lahlou passe à une vitesse supérieure de son spectacle en configuration. L’auteur-compositeur-interprète choisit, comme retour à l’hommage que le FNAP lui consacre, de se mettre aux couleurs de ce festival créé il y a bien plus d’un demi-siècle. Le répertoire déterminé est un tour artistique du Maroc. Et l’accompagnement est de taille. 

          
Salle comble et frétillante
 
La soirée indiquée prend ses quartiers vers 21 heures 30. Après la mise en bouche de l’orchestre et le walk de l’artiste, les tableaux s’enchaînent. A pratiquement toutes les chansons que Nouamane consacre aux régions et villes du pays, une troupe populaire est invitée à accompagner ses créations. Des moments colorés et vite appréciés par une salle comble et frétillante. Entre Ahwache, Reggada, Dekka marrakchia, Aïssawa, Gnaoua…, le spectacle prend des airs de convivialité et de communion. Et voilà que le comédien Foulane prend l’initiative de quitter sa place dans le public pour rejoindre Lahlou, demandant à l’assistance de se mettre debout et de donner la réplique au chanteur. Un moment fort en émotion. Ce qui pousse Nouamane Lahlou à inviter sur scène quelques complices de parcours présents dans le proche parterre : le parolier et journaliste Mohamed Skalli, le chanteur Fouad Zbadi, le violoniste et chef d’orchestre Ahmed Cherkani… Et bien évidemment Mohamed Knidiri qui a l’idée de faire appel à Lahlou pour un hommage pendant le déroulement de la 53e édition du FNAP. Finalement, déroutant en termes de culture artistique, Lahlou étonne et détone. Il y a plus d’une année, nous lui dressons sur ces mêmes colonnes un portrait dont voici un passage : « Nouamane est une machine à lire, à chercher, à essayer de comprendre, à analyser, à transmettre… A vivre. Il explore en s’explorant, il apprend en se délectant, il voyage en convoquant les chuchotements de ses entrailles, il s’éloigne de ses propres élucubrations en les triturant par à-coups, il aime avec fougue et acharnement, il se laisse défaire pour mieux faire. En somme, il est ce joyeux écorché à vives constellations illuminant les contours de ses indéfinissables intentions. Il est, pour ainsi dire, ouvert et fermement discret. L’artiste à plus de cent-cinquante compositions est toujours en quête de la note qui fait mouche, de la mélodie qui terrasse, du chant qui pulvérise -l’humilité étant le poids des grands. Son parcours lui fait croiser le sismique Mohamed Abdelwahab mais également d’autres pyramides tels Mohamed El Mouji et Wadie Essafi pour lequel il compose sa dernière chanson « Aâhd Al Mouhibbine. Mais le futur créateur, à l’oreille alerte, est happé dans son jeune âge déjà par l’empreinte de plusieurs artistes dont Abdelkrim Raïss, Mohamed Bouzoubaâ, Brahim El Alami, Nusrat Ali Khan, Mozart… L’éclectisme prenant très tôt ses quartiers dans les veines d’un inconsolable curieux voué lui-même à susciter la curiosité. » Et voilà pourquoi nous aimons un homme simple, un artiste profondément compliqué et pluriel, un être définitivement humain.
 
Anis HAJJAM
 



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