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Actu Maroc

Feuille de route 2023-2026 : Le transport touristique peut-il relever le «challenge» ? [INTÉGRAL]


Rédigé par Safaa KSAANI et Malak ELALAMI Mardi 21 Mars 2023

L’Exécutif a mobilisé une enveloppe de 6,1 milliards de dirhams (MMDH) afin d'attirer quelque 17,5 millions de touristes d’ici 2026. Pour atteindre les objectifs escomptés, une réforme du secteur est requise, selon les professionnels.



Le gouvernement affiche ouvertement ses ambitions touristiques. D’ici à 2026, il compte attirer quelque 17,5 millions de touristes en misant 6,1 milliards de DH. Un objectif atteignable vue les potentialités touristiques du Royaume, estime l’économiste Omar Bakkou, mais il n’en demeure pas moins que des réglages du secteur s’imposent, surtout en termes de valeur ajoutée qui représente aujourd’hui 7% du PIB national, alors que la moyenne mondiale est de 10%.
 
Si le tourisme national affiche des performances louables ces dernières années, surtout durant la phase post-Covid, certains segments du secteur, dont le transport touristique, requièrent plus d’efforts en matière de gestion.
Même son de cloche du côté du secrétaire général de la Fédération Nationale du Transport Touristique (FNTT), Mohamed Bamansour, qui voit que cet objectif est atteignable à 200%, notamment grâce à de grands événements sportifs tels que la Coupe du Monde 2030 et la prochaine Coupe d’Afrique.
 
Transport touristique : les professionnels aux abois

Dans un communiqué rendu public samedi 18 mars, la Fédération Nationale du Transport Touristique (FNTT) n’a pas manqué de saluer la signature de la feuille de route, signalant, néanmoins, que le parc automobile dont dispose le Maroc est insuffisant.
La Fédération précise qu’« eu égard aux ambitions de la nouvelle feuille de route, le parc actuel, qui est à peine à 25%, est à renforcer. Pour atteindre les objectifs escomptés, un effort en investissement dans le secteur du transport touristique est requis ».Dans ce sens, la FNTT invite le gouvernement à fournir plus d’effort pour sauver les entreprises touristiques et leurs employés de la banqueroute.

En effet, les professionnels ne savent plus à quel saint se vouer. « Les  trois quarts du parc automobile touristique national sont vieillissants, et leurs propriétaires sont sous peine de réquisition par les organismes de financement, en raison du retard de paiement des échéances de la dette par les entrepreneurs à cause de la crise du Coronavirus », nous explique Mohamed Bamansour, président de la Fédération. Les professionnels ne peuvent pas se remettre à ces organismes de financement. Seules des garanties peuvent rétablir ce lien de confiance entre eux.
Par ailleurs, et face à la morosité de la conjoncture, les professionnels du secteur ont appelé, en vain, à prolonger le moratoire de remboursement des échéances de crédit pour les entreprises touristiques et leurs employés. Conséquence : des entreprises sont poursuivies judiciairement et leurs véhicules ont été saisis.
Pour sortir la tête de l’eau et surmonter les pertes qu’ils ont subies ces années, Mohamed Bamansour appelle au soutien financier. Option qui demeure, cependant, délicate du fait des pressions financières de l’Etat.
 
Vers l’amélioration quantitative et qualitative de l’offre

Du point de vue de l’économiste Omar Bakkou, le redressement de ce secteur est tributaire « d’une réforme quantitative et qualitative du transport intra-urbain et interurbain est requise. Il faut donc diversifier l’offre, l’ouvrir à la concurrence, et favoriser le renouvellement du parc de véhicules de tourisme ».
Le problème aujourd’hui est que les réformes se font en silo. Conséquence : le potentiel touristique des différentes régions du Royaume n’est pas bien exploité, nous dit-il pour expliquer la situation.
« Il faut donc une véritable stratégie intégrée. Les actions doivent être coordonnées et convergées entre les différentes structures pour arriver à cette réforme. Le secteur du voyage de manière générale doit être une occasion pour favoriser la réforme du secteur du tourisme », conclut-il.
 
Pour atteindre ces objectifs, la dernière mouture de feuille de route adoptée entend transformer le secteur du tourisme en agissant sur tous les leviers essentiels, à savoir une nouvelle logique de l’offre articulée autour de l’expérience client et structurée autour de 9 filières thématiques et 5 filières transverses, un plan offensif pour doubler la capacité aérienne, le renforcement de la promotion et du marketing avec une importance particulière accordée au digital, la diversification des produits d’animations culturelles et de loisirs avec l’émergence d’un tissu de PME dynamiques et modernes, la mise à niveau du parc hôtelier existant et la création de nouvelles capacités hôtelières, et le renforcement du capital humain grâce à un cadre attractif de formation et de gestion des ressources humaines pour améliorer la qualité du secteur et offrir de meilleures perspectives de carrière aux jeunes.

Ainsi, la feuille de route devrait permettre un saut quantitatif et qualitatif garantissant une expérience client irréprochable et de positionner la destination Maroc parmi les plus grandes mondialement.
 
Safaa KSAANI

Trois question à Mohammed Bamansour « En l’absence de garanties, les investisseurs ont peur d’oser »

 Feuille de route 2023-2026 : Le transport touristique peut-il relever le «challenge» ? [INTÉGRAL]
Le Secrétaire général de la Fédération Nationale du Transport Touristique à Marrakech (FNTTM), Mohammed Bamansour, a répondu à nos questions concernant la nouvelle feuille de route touristique 2023-2026
 
 
Quelle lecture faites-vous de la nouvelle feuille de route 2023-2026 ?

L’activité touristique a repris de plus belle, mais il reste beaucoup à faire. Nous applaudissons cette nouvelle feuille de route, une initiative dont nous avons besoin à présent. Elle a apporté une lueur d’espoir aux jeunes investisseurs et a rétabli la confiance des acteurs, mais il y a une tendance à la marginalisation du secteur du transport touristique qui nous fait peur.Nos attentes sont grandes, nous revendiquons plus de considération et d’attention au marché du transport touristique, qui doit s’inscrire dans  les dernières tendances de véhicules, pour pouvoir accompagner les évolutions du marché touristique international et pouvoir se démarquer des concurrents. D’autant plus que les clients d’aujourd’hui sont très exigeants, en termes de marque et de qualité de ces véhicules.
 
Quelles sont les difficultés auxquelles se heurtent les professionnels du transport touristique ?

Les véhicules touristiques ne bénéficient malheureusement pas du tourisme à l’interne, faute de stratégie et de programmes en la matière. De plus, d’autres parties organisent des visites touristiques sans disposer d’aucune autorisation, entravant le développement de notre secteur, et contribuant à sa chute, notamment durant les basses saisons.En outre, les investisseurs ne sont pas motivés à injecter leurs fonds pour le développement des services proposés, surtout après l’arrêt brutal de l’activité durant la crise sanitaire, impactant ainsi plusieurs prestations et services touristiques. Les investisseurs actuels dans le marché ont peur de renouveler leurs véhicules touristiques, dans un secteur aussi fragile que le tourisme, vu l’absence de mécanismes garantissant une survie et une continuité.
 
Sur quels dispositifs faut-il miser pour contribuer au développement du secteur ?

Le Maroc s’oriente toujours vers des marchés traditionnels, à savoir l’Europe et l’Amérique ou encore la Chine. Il faut opter pour une stratégie de diversification, surtout dans notre discours promotionnel de la destination « Maroc » et de cibler d’autres marchés tels que les marchés africain et arabe, pour promouvoir davantage le tourisme interne.Au lieu de se focaliser sur la langue française, il faudrait que la stratégie de communication touristique fasse appel à d’autres langues comme l’anglais et l’espagnol, en produisant des contenus et des discours plus diversifiés. De plus, il faut déployer davantage d’efforts pour promouvoir le tourisme interne, en concevant des programmes bien définis dotés de  financements conséquents.
 
Propos recueillis par Malak ELALAMI

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Tourisme de demain : Une perspective de 26 millions d’arrivées d’ici 2030

Le Maroc tend vers une multiplication du nombre de touristes d'ici 2030, qui pourraient atteindre les 26 millions, selon la nouvelle feuille de route du secteur. Selon le ministère de tutelle, la stratégie du secteur se penchera sur trois axes principaux, en l’occurrence : la multiplication des vols et l'augmentation de la capacité aérienne, l’adaptation de l'offre touristique à la demande nationale et internationale, et la promotion de l'investissement public-privé, notamment autour de leviers tels que l'écotourisme et l’animation.
 
La réussite de la nouvelle feuille de route du secteur est tributaire de l’engagement de l’ensemble des acteurs majeurs du secteur et des professionnels, notamment les organismes sous la tutelle du ministère, les professionnels du tourisme, la Confédération Nationale du Tourisme (CNT) et ses principales associations et fédérations membres, l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) et la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT).

Pour rappel, le Maroc a été classé au troisième rang des pays arabes les plus visités en 2022 avec près de 11 millions de touristes qui ont visité le pays, essentiellement en raison de la levée des restrictions Covid. L’année 2022 a enregistré un retour des touristes à hauteur de 84% par rapport à 2019. Ainsi, le taux de retour global estimé à 65% a été largement dépassé.

 

Transport : Etat des lieux des véhicules touristiques

Les véhicules du tourisme représentent près de 70% de l’ensemble du parc automobile marocain. Celui-ci a connu une évolution importante passant de 1.81 million de véhicules en 2002 à plus de 4.06 millions de véhicules en 2017, selon les dernières statistiques du ministère du Transport.
 
Sur ce total, les véhicules de tourisme se classent en tête avec 2.808.782 d’unités en 2017, contribuant à une évolution de 6.99% au parc automobile marocain.
 
De même pour les nouvelles immatriculations de ces véhicules, qui ont atteint les 148.534 en 2017, contre 139.897 enregistrées en 2016, comptant parmi un total de 276.435 de l’ensemble des immatriculations (motocyclettes et véhicules utilitaires).
 
Représentant près de 89% du volume total des véhicules vendus, près de 163.000 véhicules de tourisme ont été vendus en 2018, alors que 143.186 unités ont été vendues en 2022, enregistrant une baisse dans le marché automobile marocain, selon le dernier bilan du marché.
 
 







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