Placé sous le thème : « Ressources géo extractives et technologies : quelles stratégies de mutualisation pour la création de valeur ajoutée en Afrique de l’Ouest », le Forum a réuni, pendant trois jours, des acteurs clés des secteurs minier et pétrolier ainsi que des décideurs gouvernementaux de la CEDEAO. Le sujet de l’édition 2024 d’ECOMOF souligne l’importance de faire des secteurs minier et pétrolier des piliers économiques, en développant des politiques attrayantes pour les investisseurs et en augmentant la contribution de ces secteurs aux recettes des États.
Et le choix du Bénin pour abriter cette rencontre n’est pas fortuit, en raison de ses importantes ressources minières et pétrolières. Déjà, le pays a mis en place des politiques visant à améliorer la compétitivité, à diversifier les investissements, tout en respectant les normes environnementales et en favorisant le développement communautaire.
Le décor étant planté, abordons l’événement proprement dit. Dans cette perspective, harmonisation et mutualisation sont les deux mots qui sont revenus le plus dans les différentes interventions de ministres, experts et autres acteurs des secteurs extractifs présents à la 4e édition du Forum des Mines et du Pétrole de la CEDEAO, tenue à Cotonou.
En effet, s’ils s’accordent sur la valeur ajoutée que peut créer la mise en œuvre des stratégies d’harmonisation et de mutualisation en Afrique de l’Ouest, les Etats ont encore plusieurs défis à relever. Faut-il appeler, à ce sujet, que l’organisation ouest- africaine a élaboré plusieurs textes à ce propos, dont la directive portant sur l’harmonisation des principes directeurs et politiques du secteur minier de la zone économique en juillet 2009.
Avantages économiques
Plus récemment, la CEDEAO a travaillé sur de nouveaux textes, y compris un projet de Code minier et pétrolier régional, ainsi qu’un projet de règlement communautaire sur l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, et la stratégie de sa mise en œuvre. Mais leur concrétisation sur le terrain rencontre des difficultés d’adaptation et d’application.
C’est dans ce sens qu’ECOMOF s’est penché sur une série d’enjeux cruciaux auxquels font face les secteurs minier et pétrolier en Afrique de l’Ouest. Parmi ces défis figurent la nécessité de concilier le développement économique avec la préservation environnementale, de renforcer la sécurité et les normes dans les opérations extractives.
Il s’est agi aussi d’attirer des investissements durables tout en répondant aux préoccupations sociales et communautaires, et de trouver des solutions innovantes pour maximiser les avantages économiques de ces industries tout en minimisant les impacts négatifs. Ces enjeux font du Forum un espace de dialogue et de collaboration visant à identifier des solutions pratiques et durables pour les défis complexes auxquels la région est confrontée dans le domaine des ressources naturelles.
Ce qui fait dire au vice-ministre des Mines et des Ressources minérales de la Sierra Leone, Napoleon Umaru Koroma, qu’il faut harmoniser les lois et politiques dans les secteurs extractifs pour favoriser le succès des différents efforts de création de valeur en Afrique de l’Ouest. D’ailleurs, dans une session portant sur les cadres institutionnels et légaux à mettre en place, les mécanismes de partenariat et des stratégies de collaboration entre Etats membres de la CEDEAO, d’autres intervenants ont été abordés en ce sens.
Faible volonté politique
Pour sa part, Bayaornibè Dabiré, Directeur de l’Energie et des Mines de la Commission de la CEDEAO, soulignera que la mutualisation, c’est mettre des ressources ensemble pour atteindre un objectif. Si un pays a une mine et un autre a des compétences, les deux peuvent mutualiser leurs ressources pour obtenir des résultats.
Pour comprendre la portée d’’ECOMOF 2024, il faut dire qu’il s’est fixé plusieurs objectifs clés, notamment : la promotion des secteurs minier et pétrolier pour stimuler leur contribution au développement économique ;
la facilitation du partage d'expériences entre professionnels et experts ;
la stimulation des investissements à travers la présentation de projets attractifs et le renforcement des partenariats stratégiques et réseaux ;
la mise en lumière des potentiels régionaux spécifiques à l'Afrique de l'Ouest.
Aujourd’hui, partant de ces objectifs, la CEDEAO et ses pays membres semblent s’accorder sur les avantages d’une harmonisation des politiques extractives et de la mutualisation des efforts. Dans ces conditions, il est légitime de se demander pourquoi la mise en œuvre des différents textes adoptés par la Communauté prend autant de temps. Pour les participants, il faut donc transformer les cadres légaux et réglementaires en « quelque chose de pratique ».
D’où plusieurs experts présents à l’événement ont pointé du doigt une faible volonté politique. Pour d’autres, les divergences d’intérêts entre les Etats membres sont sous-estimées et peuvent constituer un facteur bloquant l’accélération des efforts. Autant de facteurs qui font les secteurs des mines et du pétrole peinent à se développer pour relever les enjeux et défis de l’harmonisation des politiques extractives en Afrique de l’Ouest. Triste constat, peut-on dire.
Wolondouka SIDIBE