Ce gouvernement assurera le "traitement des affaires courantes jusqu'à la nomination d'un nouveau gouvernement", a annoncé la présidence. "Afin que cette période s'achève le plus rapidement possible, il appartient aux forces républicaines de travailler ensemble pour bâtir un rassemblement", a-t-elle poursuivi.
Les législatives, dont le second tour s'est tenu le 7 juillet, avaient été convoquées par le président après l'échec cuisant de son parti aux élections européennes début juin.
La coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) a décroché le plus grand nombre de sièges, sans majorité absolue, à l'Assemblée nationale, désormais divisée en trois blocs : le NFP (190 à 195 sièges), le camp présidentiel de centre droit (autour de 160 sièges) et l'extrême droite et ses alliés (143 sièges).
M. Macron a laissé entendre mardi que cette situation de gouvernement démissionnaire, avec un rôle politique limité, pourrait "durer un certain temps", vraisemblablement au moins jusqu'à la fin des JO (26 juillet - 11 août), selon des ministres.
Cette configuration permet d'assurer "au nom de la continuité, le fonctionnement minimal de l'Etat" français, explique une note du secrétariat général du gouvernement du 2 juillet.
Mardi, M. Macron a remercié les ministres. Gabriel Attal a lui parlé de sa "reconnaissance" pour les membres du gouvernement et pour le chef de l'Etat, de sa "passion pour la France" et de son "devoir", a rapporté un ministre.
"Il n'y a eu ni tensions ni effusions", a expliqué un autre participant au Conseil des ministres, malgré les divergences désormais flagrantes entre les deux têtes de l'exécutif depuis la dissolution de l'Assemblée.
Cette démission permettra notamment aux ministres élus députés de siéger à l'Assemblée pour participer à l'élection à la présidence de la chambre basse jeudi, un poste hautement stratégique, surnommé le perchoir, pour lequel les tractations vont bon train.
Cette période transitoire offre également un peu de temps aux différentes formations politiques pour tenter de bâtir des compromis et des alliances.
Emmanuel Macron a exhorté son camp mardi à mettre "une proposition sur la table en vue d'une coalition majoritaire ou d'un large pacte législatif", selon un ministre.
Dans le camp présidentiel, les regards se tournent à nouveau vers le parti de droite Les Républicains et leur quarantaine de députés.
Mais Gabriel Attal, élu samedi président du groupe macroniste à l'Assemblée et qui a assuré qu'il ne serait pas "le prochain Premier ministre", a annoncé mardi son intention de proposer "des rencontres" en vue d'un "pacte d'action" aux autres groupes politiques, "à l'exception des extrêmes", et s'est à nouveau dit prêt à travailler avec des personnes de la droite républicaine comme d'autres "issues de la gauche sociale-démocrate".
A gauche, les discussions pour soumettre un candidat au poste de Premier ministre sont dans l'impasse, le leader de La France insoumise (LFI - gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon ayant refusé de les poursuivre tant qu'un candidat commun pour le perchoir n'a pas été trouvé.
Socialistes, communistes et écologistes sont revenus à la charge lundi soir en suggérant pour le poste de Premier ministre la spécialiste du climat Laurence Tubiana, 73 ans, qui se définit comme "femme de gauche et écologiste". Mais l'option a été balayée par LFI.
Ces dissensions à gauche "donnent raison à Emmanuel Macron qui peut se dire +franchement, s'ils ne sont pas capables de se donner un nom de Premier ministre, comment vont-ils gouverner le pays+", a dénoncé le député François Ruffin (ex-LFI) sur la radio RTL.
"On ne fait qu'entériner le découragement, entériner le ressentiment aujourd'hui dans le coeur des gens", a-t-il commenté. "C'est une honte".
Au coeur du flou politique, une chose est certaine pour le futur gouvernement français : il récupérera des finances publiques dans le rouge, alors que la dette de la France s'est creusée à presque 3.160 milliards d'euros à fin mars (soit près de 111% du PIB, contre 60% selon les critères européens).