Plus de 11 mois après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre en Israël, le Hamas, "en tant que formation militaire, n'existe plus", a estimé le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
Quelques heures plus tôt, l'armée israélienne a indiqué avoir visé des "cadres du Hamas" à al-Mawassi, un secteur côtier de 46 km2 qu'elle avait pourtant désigné "zone humanitaire" où sont censés se regrouper les Palestiniens évacuant les quartiers ciblés dans la bande de Gaza.
Un responsable de la Défense civile gazaouie, Mohammed Al-Mughair a indiqué à l'AFP que "quarante martyrs et 60 blessés avaient été récupérés et transférés" dans les hôpitaux voisins après la frappe, faisant état de 15 personnes portées disparues.
"Des familles entières ont disparu (...) sous le sable, dans des trous profonds", a déclaré de son côté un porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Basal, dans un communiqué.
Autour de vastes cratères, des dizaines de déplacés fouillent le sable à la recherche de leurs biens ensevelis par l'explosion: matelas, vêtements, ustensiles de cuisine, éparpillés au milieu des structures de tentes dépouillées de leurs toiles, arrachées par le souffle de la déflagration, selon un correspondant de l'AFP.
L'armée israélienne a fait état d'une "frappe de précision" et mis en doute le bilan palestinien des victimes.
Elle a ajouté avoir visé des "terroristes du Hamas qui opéraient dans un centre de commandement et de contrôle situé dans la zone humanitaire", ajoutant que des dirigeants militaires du Hamas comptaient parmi les morts, dont trois hommes décrits comme "directement impliqués dans l'exécution du massacre du 7 octobre".
Le Hamas a démenti dans un communiqué avoir des combattants dans le secteur. "Les allégations de l'occupation (Israël, ndlr) sur la présence de combattants de la résistance est un mensonge éhonté."
"Ils nous ont dit de venir à al-Mawassi, alors (...) nous nous sommes installés ici. La zone a été bombardée sans avertissement", témoigne à l'AFPTV un déplacé palestinien à al-Mawassi, qui a préféré taire son nom.
"Il n'y a que des tentes autour de nous, des abris, il n'y a rien ici, et puis nous avons vu les missiles tomber sur nos têtes."
Samar al-Sha'irr affirme avoir entendu quatre frappes et vu un départ de feu. "C'était terrifiant", a témoigné à l'AFP cette Palestinienne déplacée.
Même si elle avait déclaré al-Mawassi "zone humanitaire", l'armée a continué à mener périodiquement des opérations dans la zone, y compris une frappe en juillet qui, selon les autorités sanitaires, a tué plus de 90 personnes, dont le chef militaire du Hamas, Mohammed Deif, selon Israël.
Désormais, le mouvement palestinien "mène une guerre de guérilla et nous sommes toujours en train de combattre des terroristes du Hamas et de traquer les dirigeants" du mouvement, selon le ministre de la Défense israélien.
Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le 7 octobre, des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël limitrophe, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.
En riposte, Israël a lancé une offensive d'ampleur à Gaza qui a fait au moins 40.988 morts, selon le bilan du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza, publié avant l'attaque de mardi.
L'offensive a provoqué un désastre humanitaire et sanitaire et le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire.
Les pays médiateurs -- Etats-Unis, Qatar et Egypte -- tentent de négocier un cessez-le-feu et un accord d'échange d'otages et de prisonniers entre Israël et le Hamas, mais les pourparlers sont toujours dans l'impasse.
"Parvenir à un (tel) accord, c'est aussi une occasion stratégique nous offrant une probabilité élevée de changer la situation en matière de sécurité sur tous les fronts", a estimé mardi le ministre israélien de la Défense.