Pas une seule rue, un boulevard, voire même un parking géré par horodateur, ne sont exempts d’individus, portant un gilet jaune, qui ne cessent de courir entre les voitures pour encaisser les soi-disant frais de surveillance. Ces scènes se répètent dans les arcanes et les ruelles de nos villes, à longueur de journée. Mais ce n’est pas là encore le problème ! Les automobilistes sont en face de gens qui occupent illégalement des parkings, des places de stationnement, des espaces déserts tout court, en exigeant parfois des prix incommensurables pour surveiller les voitures sans que personne ne le leur demande. De 2 à 10 dirhams, les prix varient selon l’endroit de stationnement, sachant que quelques gardiens s’accaparent des places de parkings, de façon arbitraire, en y mettant des barricades pour empêcher les automobilistes de s’en servir, à moins qu’ils acceptent de payer le « tribu », sans fondement légal. À Casablanca, les places de parking à Aïn Diab, Anfa ou Maârif coûtent parfois jusqu’à 20 dhs, tandis qu’à Rabat, on impose de 5 à 10 dirhams dans des endroits très fréquentés par les gens comme le Centre-ville, la Marina ou la plage. Des prix très élevés par rapport aux prix réglementaires, sachant que même les tarifs des horodateurs ne dépassent pas 2 dirhams par heure.
« Je suis resté en deuxième position, pour aller brièvement au supermarché, pourtant, un gardien m’a obligé de le payer », s’indigne Mohammed, ingénieur, qui, comme de nombreux Marocains qui utilisent leur voiture quotidiennement, doit parfois payer jusqu’à 15 ou 20 dirhams dans une journée pleine de déplacements. Un calvaire vécu par la majorité des gens, qui se plaignent de plus en plus de comportements agressifs de quelques gardiens qu’ils refusent de payer. « J’ai été agressé verbalement par un énergumène auquel j’ai refusé de donner les cinq dirhams qu’il m’a exigés », s’est indignée Zineb, fonctionnaire dans une administration publique à Rabat, qui gare sa voiture quotidiennement dans une rue où le stationnement est d’habitude gratuit.
Ces comportements agressifs sont si fréquents qu’ils irritent les citoyens. Ces derniers expriment fréquemment leur colère sur les réseaux sociaux, en lançant des campagnes sur Facebook et Twitter, comme « Boycott-moul-gilet », ou « Noud Arri AlaKtafek» (autrement dit ironiquement : Retrousse tes manches et va trouver un emploi ». Une injonction à ceux qui trouvent dans le gardiennage un moyen de gagner leur vie, dont quelques-uns sont d’anciens délinquants. En effet, ces deux hashtags ont pris une ampleur très grande sur les réseaux sociaux. En gros, ils dénoncent l’usage illégal du domaine public par des faux gilets jaunes et leurs comportements très agressifs.
La réponse des autorités n’a pas tardé, bien que les autorités des Wilayas de villes comme Rabat et Casablanca ont réfuté une campagne d’assainissement des gardiens, les autorités policières ont multiplié les arrestations de quelques gilets jaunes, ces derniers jours, suite à des plaintes déposées par des citoyens. À Casablanca, une dizaine de gardiens ont été arrêtés pour agressions, et ont été placés en garde à vue.
La faute aux communes ?
Si le phénomène des gardiens de voitures est devenu si incontrôlable, c’est faute de régulation de ce métier qui baigne dans l’anarchie. À l’exception d’une minorité de personnes qui travaillent légalement grâce à des autorisations ou des contrats de gestion déléguée, conclus par les communes ou les Conseils municipaux avec des sociétés, la majorité ne sont pas agréées. Contactée par nos soins, une source bien informée au sein de la Wilaya de Casablanca nous a précisé que la gestion de ce dossier est du ressort des communes. C’est aux responsables locaux qu’il incombe de gérer les contrats de gestion des parkings et d’octroyer des « autorisations sociales » pour des gardiens. Nous avons contacté la mairie de Casablanca qui n’a pas donné suite à nos appels. Un membre du Conseil de la ville nous a pourtant expliqué qu’une plateforme est mise à disposition des citoyens pour recevoir leurs plaintes en cas de pratiques abusives des gardiens.
À Rabat, l’adjoint du maire de la capitale, Lahcen El Omrani, a précisé que personne n’a le droit d’imposer aux citoyens des frais de stationnement, ajoutant que la seule société habilitée à le faire est « Rabat Parkings », qui gère quelques parkings dans les quartiers d’Agdal, Hassan et Souissi. En effet, les horodateurs ont été généralisés dans les rues et avenues de ces quartiers pour barrer la route aux gilets jaunes, sans succès du moment que certains d’entre eux s’y installent toujours.
Par ailleurs, dans plusieurs villes, il existe plusieurs irrégularités. D’abord, ils sont nombreux à occuper des endroits de stationnement, en présentant un ticket communal falsifié, nous explique un ancien gardien qui travaillait dans un parking près d’une plage à Harhoura, près de Rabat.
S’ajoute à cela les contrats fictifs qui peuvent se faire entre des responsables communaux et les gardiens à l’abri des regards. Une pratique courante, paraît-il, partout au Maroc.
Des parkings souterrains à la rescousse ?
Si nous en sommes là, c’est parce que les infrastructures de stationnement sont peu nombreuses par rapport aux besoins. Pourtant, les autorités semblent conscientes des vertus des parkings souterrains qui sont de plus de plus construis, surtout près des espaces commerciaux à forte mobilité.
Lahcen El Omrani nous a indiqué que la ville de Rabat se dotera prochainement de deux nouveaux parkings souterrains : un à la Place Bab El Had, dont les travaux sont achevés, et un autre à Bab Chellah, toujours en cours de construction. Ces deux nouvelles plateformes font partie du programme de réaménagement de la capitale « Rabat-Ville lumière » et s’ajoutent au parking du Théâtre Mohammed V, inauguré récemment.
Quant à Casablanca, un programme de renforcement de l’infrastructure de stationnement a été voté par le Conseil de la ville. Le problème des parkings souterrains est leur prix jugé élevé, surtout pour les fonctionnaires ou les salariés qui sont contraints de laisser leur voiture garée pendant une journée, ce qui peut leur coûter plus de 15 dirhams par jour.
« Je suis resté en deuxième position, pour aller brièvement au supermarché, pourtant, un gardien m’a obligé de le payer », s’indigne Mohammed, ingénieur, qui, comme de nombreux Marocains qui utilisent leur voiture quotidiennement, doit parfois payer jusqu’à 15 ou 20 dirhams dans une journée pleine de déplacements. Un calvaire vécu par la majorité des gens, qui se plaignent de plus en plus de comportements agressifs de quelques gardiens qu’ils refusent de payer. « J’ai été agressé verbalement par un énergumène auquel j’ai refusé de donner les cinq dirhams qu’il m’a exigés », s’est indignée Zineb, fonctionnaire dans une administration publique à Rabat, qui gare sa voiture quotidiennement dans une rue où le stationnement est d’habitude gratuit.
Ces comportements agressifs sont si fréquents qu’ils irritent les citoyens. Ces derniers expriment fréquemment leur colère sur les réseaux sociaux, en lançant des campagnes sur Facebook et Twitter, comme « Boycott-moul-gilet », ou « Noud Arri AlaKtafek» (autrement dit ironiquement : Retrousse tes manches et va trouver un emploi ». Une injonction à ceux qui trouvent dans le gardiennage un moyen de gagner leur vie, dont quelques-uns sont d’anciens délinquants. En effet, ces deux hashtags ont pris une ampleur très grande sur les réseaux sociaux. En gros, ils dénoncent l’usage illégal du domaine public par des faux gilets jaunes et leurs comportements très agressifs.
La réponse des autorités n’a pas tardé, bien que les autorités des Wilayas de villes comme Rabat et Casablanca ont réfuté une campagne d’assainissement des gardiens, les autorités policières ont multiplié les arrestations de quelques gilets jaunes, ces derniers jours, suite à des plaintes déposées par des citoyens. À Casablanca, une dizaine de gardiens ont été arrêtés pour agressions, et ont été placés en garde à vue.
La faute aux communes ?
Si le phénomène des gardiens de voitures est devenu si incontrôlable, c’est faute de régulation de ce métier qui baigne dans l’anarchie. À l’exception d’une minorité de personnes qui travaillent légalement grâce à des autorisations ou des contrats de gestion déléguée, conclus par les communes ou les Conseils municipaux avec des sociétés, la majorité ne sont pas agréées. Contactée par nos soins, une source bien informée au sein de la Wilaya de Casablanca nous a précisé que la gestion de ce dossier est du ressort des communes. C’est aux responsables locaux qu’il incombe de gérer les contrats de gestion des parkings et d’octroyer des « autorisations sociales » pour des gardiens. Nous avons contacté la mairie de Casablanca qui n’a pas donné suite à nos appels. Un membre du Conseil de la ville nous a pourtant expliqué qu’une plateforme est mise à disposition des citoyens pour recevoir leurs plaintes en cas de pratiques abusives des gardiens.
À Rabat, l’adjoint du maire de la capitale, Lahcen El Omrani, a précisé que personne n’a le droit d’imposer aux citoyens des frais de stationnement, ajoutant que la seule société habilitée à le faire est « Rabat Parkings », qui gère quelques parkings dans les quartiers d’Agdal, Hassan et Souissi. En effet, les horodateurs ont été généralisés dans les rues et avenues de ces quartiers pour barrer la route aux gilets jaunes, sans succès du moment que certains d’entre eux s’y installent toujours.
Par ailleurs, dans plusieurs villes, il existe plusieurs irrégularités. D’abord, ils sont nombreux à occuper des endroits de stationnement, en présentant un ticket communal falsifié, nous explique un ancien gardien qui travaillait dans un parking près d’une plage à Harhoura, près de Rabat.
S’ajoute à cela les contrats fictifs qui peuvent se faire entre des responsables communaux et les gardiens à l’abri des regards. Une pratique courante, paraît-il, partout au Maroc.
Des parkings souterrains à la rescousse ?
Si nous en sommes là, c’est parce que les infrastructures de stationnement sont peu nombreuses par rapport aux besoins. Pourtant, les autorités semblent conscientes des vertus des parkings souterrains qui sont de plus de plus construis, surtout près des espaces commerciaux à forte mobilité.
Lahcen El Omrani nous a indiqué que la ville de Rabat se dotera prochainement de deux nouveaux parkings souterrains : un à la Place Bab El Had, dont les travaux sont achevés, et un autre à Bab Chellah, toujours en cours de construction. Ces deux nouvelles plateformes font partie du programme de réaménagement de la capitale « Rabat-Ville lumière » et s’ajoutent au parking du Théâtre Mohammed V, inauguré récemment.
Quant à Casablanca, un programme de renforcement de l’infrastructure de stationnement a été voté par le Conseil de la ville. Le problème des parkings souterrains est leur prix jugé élevé, surtout pour les fonctionnaires ou les salariés qui sont contraints de laisser leur voiture garée pendant une journée, ce qui peut leur coûter plus de 15 dirhams par jour.
Encadré
Compétences des communes : Ce que dit la loi
La gestion des affaires locales, que ce soit au niveau urbain ou rural, est du ressort des communes et des collectivités territoriales, qui sont mandatées pour gérer ou déléguer les services publics (réseaux d’assainissement, transport, construction, espaces sportifs et culturels, aménagement… etc). Parmi ces services figure la gestion des espaces de stationnement et des parkings qui est régie par la loi 17-08 relative à la Charte communale, ainsi que la loi organique 113-14 relative aux communes, dont l’article 83 évoque clairement les prérogatives communales en la matière.
« La commune crée et gère les services et équipements publics nécessaires à l’offre des services de proximité dans les domaines du transport public (...) l’assainissement liquide et solide et les stationnements des véhicules », stipule l’article. Donc, la responsabilité du contrôle et d’encadrement de ce service public qu’est le stationnement est attribuée aux élus locaux. Ces derniers sont tenus également de réduire la part de l’informel dans ce secteur et de veiller au respect des contrats conclus avec les sociétés délégataires qui gèrent soit des parkings, soit des endroits de stationnement. Or, la prolifération des faux gardiens complique la tâche aux élus. Ils peuvent cependant coordonner avec les autorités policières pour engager des poursuites ou des interventions en cas d’irrégularités, nous expliquent des sources au sein de la Wilaya de Casablanca.
Trois questions à Ouadie Madih
« Les comportements abusifs de quelques gardiens se font au vu des autorités »
Ouadie Madih, Président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), a répondu à nos questions sur le phénomène des gilets jaunes et les perspectives de résolution de ce problème.
- Une campagne de colère s’est déchaînée sur les réseaux sociaux contre les gardiens de voitures et leur harcèlement des citoyens, s’agit-il d’une atteinte aux droits du consommateur ?
- Evidemment. Ce phénomène est très ancien. Ce n’est pas la première fois que les citoyens manifestent leur colère vis-à-vis du harcèlement qu’ils subissent de la part des gardiens de voitures qu’on trouve partout. Le fait de soutirer des sous aux citoyens de la façon qu’on observe régulièrement n’a rien de réglementaire. Il suffit pour quelques individus d’endosser un gilet jaune pour imposer leur loi aux automobilistes, ceci se fait malheureusement sous le regard des autorités, qui ne font pas assez pour limiter ce phénomène.
Faut-il réglementer ce métier, à votre avis ?
- J’estime que le métier est d’ores et déjà réglementé du moment que les espaces de stationnement, de quelque type que ce soit, sont gérés par les communes qui, elles-mêmes, accordent des autorisations aux sociétés privées, dans le cadre d’appels d’offres, ou à des individus. Or, le respect d’un cahier de charges fait défaut, sachant que plusieurs sociétés délégataires louent elles-mêmes les endroits qu’elles sont supposées gérer à des réseaux clandestins. Ce genre de turpitudes exacerbe l’anarchie qu’on voit tous les jours.
- En tant qu’association, que recommandez-vous pour limiter ce phénomène ?
- Actuellement, nous faisons un travail de sensibilisation des citoyens pour qu’ils soient capables de faire des réclamations et ainsi défendre leurs intérêts en tant que consommateurs. Nous sommes également en train de préparer une série de recommandations, en nous ouvrant sur plusieurs acteurs locaux. En parallèle, nous sommes en contact avec des responsables au sein des communes et des Conseils municipaux afin de trouver des solutions adéquates au problème de stationnement en général.