Il est quatre heures trente ce matin de mercredi lorsque la belle âme du journaliste s’envole vers les cieux. Après des mois d’absence et de souffrance, la délivrance sonne une fin de vie et le début d’innombrables hommages de proches et de lointaines connaissances, de curieux pas forcément aptes à peser le poids d’un vieux routier qui allie profession et militantisme souvent en les malaxant. Hassan Omar Alaoui fait partie de ces vétérans dont le parcours est parsemé d’évènements extra ordinaires. Une chance pour le pays à des moments où « résister » relève d’un combat au quotidien.
Hassan Alaoui ne le sait qu’abondamment et s’inscrit dans une lutte pour des jours meilleurs, pour un Maroc des libertés. Écraser le plomb jusqu’à en découvrir les alliages semble une approche qui ne plaît qu’à ces fossoyeurs de la dictature intellectuelle. Les autres se vautrant dans un machiavélisme jouissif. Alaoui et ses semblables n’entendent pas baisser pavillon et s’opposent tant bien que mal aux aberrations qui « s’offrent » à eux. En 1959, ils sont prêts à sacrifier bien des choses pour jeter les bases d’un état de droit. Rude besogne.
Congédié de la fonction publique
En 1956, âgé de 17 ans, Hassan Alaoui rejoint la fonction publique tout en poursuivant ses études. « A l’époque, l’administration marocaine avait besoin de cadres, voire de gens lettrés pour répondre aux nécessités de la mise en place des rouages de l’État. J’ai rejoint le ministère de la Justice, en tant que responsable du service civil au tribunal régional de Casablanca », raconte-t-il en 2004 sur les colonnes de Maroc Hebdo. Un mouvement de grève s’abat en 1961 sur plusieurs départements ministériels. Solidaire avec les fonctionnaires grévistes, Hassan Alaoui est congédié de la fonction publique. Et voilà que s’ouvre devant le jeune militant un boulevard pour s’exprimer, exprimer sa rage, une attitude qui bouillonne en son for intérieur depuis l’adolescence. Il intègre la centrale syndicale UMT.
Il est également membre de la jeunesse active des universités unifiées animées par Mehdi Ben Barka, en prélude de la création de l’UNFP, l’Union nationale des forces populaires. « C’est dans ce climat empreint de militantisme que j’ai commencé à écrire dans les journaux de l’UNFP. En septembre 1961, j’ai rejoint la rédaction d’Attahrir, dont le directeur était Fkih Basri alors que Abderrahmane Youssou assurait la rédaction en chef. J’ai commencé d’abord et pendant quelques mois en tant que correcteur, avant d’intégrer la rédaction où j’étais responsable du service régional. » Après le procès dit de Marrakech en 1963 et la délicate interdiction d’Attahrir, quelques Ittihadis dont Hassan Alaoui donnent naissance au journal « Al Ahdaf » qui s’éteint deux années plus tard. En 1965, sous la direction de Brahim Baamrani, le parti lance « Al Mouharrir » qui rend l’âme la même année suite au rapt de Ben Barka, autant dire la durée de vie d’une rose. «
C’est en 1967, à la faveur de la guerre des six jours, ayant permis à Israël d’occuper la bande de Gaza et la Cisjordanie, nous avons créé, sous la direction de Mohamed Ouadiaâ Al Assa la revue ‘’Palestine’’, dont la dynamo a été Omar Benjelloun. C’était une expérience formidable à l’époque côté iconographie et très recherchée au plan de la maquette. Alors que les écrits étaient, en général, axés sur la solidarité avec le peuple palestinien », dit l’infatigable journaliste qui nage ensuite dans d’autres eaux.
Espièglerie, humour et amour
Après un passage par le journal de l’UNFP « Al Ittihad Al Watani » qui cesse de paraître en 1972, Hassan Alaoui se retrouve de nouveau à « Al Mouharrir » réapparu en 1974 avant de s’arrêter net en 1981 pour que plus tard « Al Ittihad Al Ichtiraki » reprenne le flambeau.
A cette époque, le Maroc crée crescendo le premier groupe de presse du pays « Rissalat Al Ouma » sous les couleurs du parti de Maâti Bouâbid Al Ittihad Adoustouri : le quotidien du même nom, Al Ousboue Al Maghribi, Le Message de la Nation et Le Message économique. Hassan fait partie de l’ossature de ce mastodonte du début des années quatre-vingt.
Vers la fin de cette décennie, le journaliste met le cap sur Rabat et rejoint le bureau régional du quotidien panarabe « Acharq Al Awsat ». Il s’occupe plus tard du site électronique du groupe dirigé par Othmane Al Oumeir. Parallèlement à ce riche cheminement, Hassan Alaoui prête main forte à des publications telles « Al Houdhoud » de Ahmed ‘Bziz’ Senoussi, « Al Balagh » de Mohamed Benyahya ou « Al Massir » de Abdallah Amrani. Une vie professionnelle pleine et un long épilogue où le journaliste scrute et commente, titille et démonte. Avec espièglerie, humour acerbe, amour des mots, adoration des formules qui font mouche. Derrière un regard mélancolique se cache un éternel enfant qui joue avec son fils Omar avec délectation sous l’oeil amusé de la maman El Khanssae. Frimousse, comme l’appellent ses amis, quitte ce monde, le sourire en coin.
Hassan Alaoui ne le sait qu’abondamment et s’inscrit dans une lutte pour des jours meilleurs, pour un Maroc des libertés. Écraser le plomb jusqu’à en découvrir les alliages semble une approche qui ne plaît qu’à ces fossoyeurs de la dictature intellectuelle. Les autres se vautrant dans un machiavélisme jouissif. Alaoui et ses semblables n’entendent pas baisser pavillon et s’opposent tant bien que mal aux aberrations qui « s’offrent » à eux. En 1959, ils sont prêts à sacrifier bien des choses pour jeter les bases d’un état de droit. Rude besogne.
Congédié de la fonction publique
En 1956, âgé de 17 ans, Hassan Alaoui rejoint la fonction publique tout en poursuivant ses études. « A l’époque, l’administration marocaine avait besoin de cadres, voire de gens lettrés pour répondre aux nécessités de la mise en place des rouages de l’État. J’ai rejoint le ministère de la Justice, en tant que responsable du service civil au tribunal régional de Casablanca », raconte-t-il en 2004 sur les colonnes de Maroc Hebdo. Un mouvement de grève s’abat en 1961 sur plusieurs départements ministériels. Solidaire avec les fonctionnaires grévistes, Hassan Alaoui est congédié de la fonction publique. Et voilà que s’ouvre devant le jeune militant un boulevard pour s’exprimer, exprimer sa rage, une attitude qui bouillonne en son for intérieur depuis l’adolescence. Il intègre la centrale syndicale UMT.
Il est également membre de la jeunesse active des universités unifiées animées par Mehdi Ben Barka, en prélude de la création de l’UNFP, l’Union nationale des forces populaires. « C’est dans ce climat empreint de militantisme que j’ai commencé à écrire dans les journaux de l’UNFP. En septembre 1961, j’ai rejoint la rédaction d’Attahrir, dont le directeur était Fkih Basri alors que Abderrahmane Youssou assurait la rédaction en chef. J’ai commencé d’abord et pendant quelques mois en tant que correcteur, avant d’intégrer la rédaction où j’étais responsable du service régional. » Après le procès dit de Marrakech en 1963 et la délicate interdiction d’Attahrir, quelques Ittihadis dont Hassan Alaoui donnent naissance au journal « Al Ahdaf » qui s’éteint deux années plus tard. En 1965, sous la direction de Brahim Baamrani, le parti lance « Al Mouharrir » qui rend l’âme la même année suite au rapt de Ben Barka, autant dire la durée de vie d’une rose. «
C’est en 1967, à la faveur de la guerre des six jours, ayant permis à Israël d’occuper la bande de Gaza et la Cisjordanie, nous avons créé, sous la direction de Mohamed Ouadiaâ Al Assa la revue ‘’Palestine’’, dont la dynamo a été Omar Benjelloun. C’était une expérience formidable à l’époque côté iconographie et très recherchée au plan de la maquette. Alors que les écrits étaient, en général, axés sur la solidarité avec le peuple palestinien », dit l’infatigable journaliste qui nage ensuite dans d’autres eaux.
Espièglerie, humour et amour
Après un passage par le journal de l’UNFP « Al Ittihad Al Watani » qui cesse de paraître en 1972, Hassan Alaoui se retrouve de nouveau à « Al Mouharrir » réapparu en 1974 avant de s’arrêter net en 1981 pour que plus tard « Al Ittihad Al Ichtiraki » reprenne le flambeau.
A cette époque, le Maroc crée crescendo le premier groupe de presse du pays « Rissalat Al Ouma » sous les couleurs du parti de Maâti Bouâbid Al Ittihad Adoustouri : le quotidien du même nom, Al Ousboue Al Maghribi, Le Message de la Nation et Le Message économique. Hassan fait partie de l’ossature de ce mastodonte du début des années quatre-vingt.
Vers la fin de cette décennie, le journaliste met le cap sur Rabat et rejoint le bureau régional du quotidien panarabe « Acharq Al Awsat ». Il s’occupe plus tard du site électronique du groupe dirigé par Othmane Al Oumeir. Parallèlement à ce riche cheminement, Hassan Alaoui prête main forte à des publications telles « Al Houdhoud » de Ahmed ‘Bziz’ Senoussi, « Al Balagh » de Mohamed Benyahya ou « Al Massir » de Abdallah Amrani. Une vie professionnelle pleine et un long épilogue où le journaliste scrute et commente, titille et démonte. Avec espièglerie, humour acerbe, amour des mots, adoration des formules qui font mouche. Derrière un regard mélancolique se cache un éternel enfant qui joue avec son fils Omar avec délectation sous l’oeil amusé de la maman El Khanssae. Frimousse, comme l’appellent ses amis, quitte ce monde, le sourire en coin.
Anis HAJJAM