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Culture

Hommage : Abouelouakar, la poésie irrationnelle


Rédigé par A.H. le Dimanche 11 Septembre 2022



L’artiste prend son existence par le cou, manque de l’étrangler.
L’artiste prend son existence par le cou, manque de l’étrangler.
C’est un artiste puissant et énigmatique qui rend l’âme à 76 ans le 2 septembre en Russie, un pays où il a ses attaches. Son parcours, ses différentes expressions aussi artistiques que spirituelles font de lui un voyageur tourmenté par vagues et bleus à l’âme. Quoiqu’il commence à exposer dès 1962, il se consacre au cinéma en intégrant entre 1966 et 1973 l’Institut cinématographique de Moscou.

En 1984, sort son long métrage « Hadda » qui reçoit le grand prix du deuxième Festival national du film tenu à Casablanca. L’oeuvre est une transe palpitante où la part picturale est récurrente, celle d’un peintre précieux et lyrique. Chagall plane sur des oeuvres qu’Abouelouakar charge de couleurs chaudes et de figures sorties de nulle part. Des monologues intenses où il pointe avec virulence l’absence de spiritualité dans un monde profondément superficiel.

En 2003, à l’occasion de l’exposition « Carnet de cendre », il constate : « Il n’y a pas eu d’évolution de l’homme. Nous sommes restés devant nos cavernes absorbées dans la fascination du veau d’or. Où sont les élans spirituels de ce monde ? Y a-t-il des moments de bonheur dans notre histoire ? L’homme est à bout de souffle, orphelin du sacré. Sans l’art, ce serait terrible. » Constat sans appel émis par un terrien convaincu que le fait de vivre est une corvée, ne pas le faire serait un drame.

Tumulte perpétuel

Mohamed Abouelouakar prend son existence par le cou, manque de l’étrangler. Un jeu qu’il affectionne puisqu’il en fait continuellement des parties à remettre. Et cela perdure. Depuis quand ? Depuis qu’il évolue ici-bas par effraction. Son discours se situe dans des hauteurs prêtes à fouler un sol arable. Seulement, il continue à se déstructurer les méninges contre l’absurdité de ceux qui applaudissent avec verve l’incongruité d’une existence sans essence.

La photographie, le cinéma et la peinture se conjuguent par intermittence dans un corps qui s’écrase sous le poids d’un cerveau en tumulte perpétuel, sous l’influence d’une intelligence mystique et mystérieuse. Ses longs silences suggèrent la liberté, ses regards emplis de vides convoquent un brouhaha intérieur à cadences majeures. Lorsqu’il est dans le façonnement-trituration d’une toile, il dialogue déjà avec la suivante que son omniprésent inconscient lui dévoile avec poésie, une poésie de l’irrationnel. Abouelouakar vole désormais parmi les anges, pas forcément ceux que les livres sacrés nous décrivent.



A.H.



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