« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne », disait Hugo. A l’aube, le soleil se dessine timidement, chassant ainsi les traits d’un paysage urbain nocturne et déclenchant une symphonie aviaire harmonieuse pour les matinaux, cacophonique pour les flémards.
Il est 7h30. Les cafés lancent le premier cri du nouveau-né. Tables et chaises s’alignent sur l’autre côté du boulevard et se préparent pour accueillir des jeunes pleurant un avenir brumeux, des employés maudissant leurs minables salaires ou pire encore, un quadragénaire amenant, en guise de récompense, sa misérable femme après quelques mois d’épuisantes tâches domestiques. Pas très loin des cafés et de leurs désagréables odeurs dues aux fumées tabagiques, certains vieillards à l’esprit jeune donnent libre cours à leurs corps avant de les enfermer dans des bureaux administratifs et croisent, en petites foulées, le chemin des bouffées d’air frais. Leurs gouttes de sueur, bien qu’elles n’effacent pas les rides d’une peau flasque qui se veut jeune, arrosent une existence vivifiante.
Petit à petit, le cœur de Rabat commence à battre. Le trafic devient moins fluide et le bruit des klaxons se fait entendre. Certains gamins, profitant de l’absence des aînés qui détiennent le monopole, se jettent le ballon sur les terrains goudronnés de mini-foot mis en place sur la corniche ; ceux avec des couches herbeuses ne sont pas à leur portée : ils sont payants. Au milieu de l’après-midi, on commence à voir arriver les vingtenaires sur « leurs terrains », ou plutôt leurs colonies. Le football est joué partout, sous les cerceaux du basket et sur les filets du volley. La passion singulière des marocains pour ce sport se confirme et accuse en même temps l’anémie aiguë dont souffre le corps sportif national dans les autres jeux.
Au crépuscule, loin des yeux des autorités et défiant l’autorité des coutumes, quelques jeunes couples amoureux se dispersent sur la côte, dont les rochers leur servent de siège et contemplent le magnifique paysage. Le soleil se jette tendrement dans les bras de la mer et la lune qui se faisait belle toute la journée séduit le ciel. Qu’ils sont envieux ces jeunes amoureux !
Quelques minutes avant l’heure H, les serveurs aux cafés débarrassent et rangent les tables. Le dernier client, arrivé il n’y a pas longtemps, est contraint de boire d’une seule traite son café noir qu’il préfèrerait déguster à petites gorgées. Les pas des piétons se précipitent, les chauffeurs mettent la gomme en passant au rapport de vitesse suivant et les taxis se font aussi rares qu’un siège vacant chez le coiffeur la veille de l’Aïd.
21h sonne ! Les sirènes de police alertent renvoyant les citoyens chez eux. L’état d’exception est ainsi rappelé. Les barrages routiers sont désormais établis et la circulation se plie à des conditions inintelligibles. Hormis quelques maladroits qui se veulent « rebelles », la corniche est sur le point de se jeter dans les bras de Morphée.
Un silence parfait régnera bientôt, laissant la place aux vagues de l’Atlantique pour jouer leur musique.
Il est 7h30. Les cafés lancent le premier cri du nouveau-né. Tables et chaises s’alignent sur l’autre côté du boulevard et se préparent pour accueillir des jeunes pleurant un avenir brumeux, des employés maudissant leurs minables salaires ou pire encore, un quadragénaire amenant, en guise de récompense, sa misérable femme après quelques mois d’épuisantes tâches domestiques. Pas très loin des cafés et de leurs désagréables odeurs dues aux fumées tabagiques, certains vieillards à l’esprit jeune donnent libre cours à leurs corps avant de les enfermer dans des bureaux administratifs et croisent, en petites foulées, le chemin des bouffées d’air frais. Leurs gouttes de sueur, bien qu’elles n’effacent pas les rides d’une peau flasque qui se veut jeune, arrosent une existence vivifiante.
Petit à petit, le cœur de Rabat commence à battre. Le trafic devient moins fluide et le bruit des klaxons se fait entendre. Certains gamins, profitant de l’absence des aînés qui détiennent le monopole, se jettent le ballon sur les terrains goudronnés de mini-foot mis en place sur la corniche ; ceux avec des couches herbeuses ne sont pas à leur portée : ils sont payants. Au milieu de l’après-midi, on commence à voir arriver les vingtenaires sur « leurs terrains », ou plutôt leurs colonies. Le football est joué partout, sous les cerceaux du basket et sur les filets du volley. La passion singulière des marocains pour ce sport se confirme et accuse en même temps l’anémie aiguë dont souffre le corps sportif national dans les autres jeux.
Au crépuscule, loin des yeux des autorités et défiant l’autorité des coutumes, quelques jeunes couples amoureux se dispersent sur la côte, dont les rochers leur servent de siège et contemplent le magnifique paysage. Le soleil se jette tendrement dans les bras de la mer et la lune qui se faisait belle toute la journée séduit le ciel. Qu’ils sont envieux ces jeunes amoureux !
Quelques minutes avant l’heure H, les serveurs aux cafés débarrassent et rangent les tables. Le dernier client, arrivé il n’y a pas longtemps, est contraint de boire d’une seule traite son café noir qu’il préfèrerait déguster à petites gorgées. Les pas des piétons se précipitent, les chauffeurs mettent la gomme en passant au rapport de vitesse suivant et les taxis se font aussi rares qu’un siège vacant chez le coiffeur la veille de l’Aïd.
21h sonne ! Les sirènes de police alertent renvoyant les citoyens chez eux. L’état d’exception est ainsi rappelé. Les barrages routiers sont désormais établis et la circulation se plie à des conditions inintelligibles. Hormis quelques maladroits qui se veulent « rebelles », la corniche est sur le point de se jeter dans les bras de Morphée.
Un silence parfait régnera bientôt, laissant la place aux vagues de l’Atlantique pour jouer leur musique.
Achraf EL OUAD