En dépit des efforts colossaux des divers corps et institutions engagés dans la lutte contre ces incendies, les vagues de chaleur accompagnées de vents forts se sont acharnées sur des écosystèmes arborés déjà malmenés par une longue sécheresse, provoquant ainsi des départs de feux simultanés et difficiles à circonscrire rapidement. Toutefois, si les deux dernières années furent critiques, en 2024 les superficies brûlées ont dégringolé, ne dépassant pas les 780 hectares, contre 6.100 en 2023. Selon l'Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF), «270 incendies ont été enregistrés à l'échelle nationale, affectant une superficie totale de 780 hectares, avec un taux moyen de 2,9 hectares brûlés par incendie», et ce, entre le 1er janvier et le 31 août 2024.
Parmi cette superficie, 430 hectares étaient constitués de formations forestières arborées (55%) et 350 hectares d'essences secondaires et de formations herbacées (45%), ajoute la même source. Par rapport à 2022, les données de 2024 affichent une diminution de 40% des départs de feux (375 feux), suivie d'une baisse de 30% en 2023 (350 feux) et de 15% par rapport à la moyenne décennale (2014-2023) qui était de 310 feux. La superficie brûlée en 2024 reste nettement en deçà de la moyenne décennale, estimée à 4.800 hectares, soit une réduction de 5,5 fois, précise l'ANEF. Pour ce qui est de la superficie brûlée par incendie en 2024, elle a été 15 fois moins importante qu'en 2022 (45,6 ha/incendie) et quatre fois moins qu'en 2023. Comparée à la moyenne décennale (2014-2023), cette superficie est trois fois plus faible (11 ha/incendie).
Ceci dit, en termes de superficies brûlées, l'année 2024 affiche une réduction de 29 fois par rapport à 2022, où le record historique de 22.490 hectares brûlés avait été enregistré.
Parmi cette superficie, 430 hectares étaient constitués de formations forestières arborées (55%) et 350 hectares d'essences secondaires et de formations herbacées (45%), ajoute la même source. Par rapport à 2022, les données de 2024 affichent une diminution de 40% des départs de feux (375 feux), suivie d'une baisse de 30% en 2023 (350 feux) et de 15% par rapport à la moyenne décennale (2014-2023) qui était de 310 feux. La superficie brûlée en 2024 reste nettement en deçà de la moyenne décennale, estimée à 4.800 hectares, soit une réduction de 5,5 fois, précise l'ANEF. Pour ce qui est de la superficie brûlée par incendie en 2024, elle a été 15 fois moins importante qu'en 2022 (45,6 ha/incendie) et quatre fois moins qu'en 2023. Comparée à la moyenne décennale (2014-2023), cette superficie est trois fois plus faible (11 ha/incendie).
Ceci dit, en termes de superficies brûlées, l'année 2024 affiche une réduction de 29 fois par rapport à 2022, où le record historique de 22.490 hectares brûlés avait été enregistré.
Nouvelle approche, nouveaux records
Ces résultats traduisent l’efficacité de la nouvelle stratégie déployée par le Royaume pour lutter contre ce phénomène qui ravage ses régions à chaque période de canicule. En effet, il a mis en place un certain nombre de mesures et moyens d’intervention plus efficaces et performants, notamment la création d’un nouveau système avancé de cartographie et l’ajout d’un 7ème Canadair CN-ATS du type CL415, sans oublier le déploiement stratégique de la flotte aérienne dans les zones à haut risque, qui ont permis des interventions rapides, limitant l’impact des grands feux. La flotte s'est ainsi renforcée par un avion Bombardier d’eau amphibie CL415, spécialisé dans la lutte contre les feux de forêts, offrant une capacité d’emport plus importante que son prédécesseur, le CL-215, soit 6.137 litres d’eau, et s’alimente directement en eau des lacs. L’engin peut notamment servir pour les missions de recherche, de sauvetage ou de transport de personnes et de matériels. «Ces avions ont été mobilisés dans sept incendies majeurs, réalisant environ 250 largages et protégeant ainsi 19.000 hectares de forêt», apprend-on de l’ANEF.
La baisse des dégâts s'explique aussi par une stratégie d'attaque précoce des feux, puisque la politique de prévention adoptée par les partenaires, incluant le ministère de l’Intérieur, l'ANEF, la Protection Civile, les Forces Armées Royales, et autres, a permis de maîtriser 80% des départs de feu avant qu’ils n’atteignent un hectare. Au total, 94% des incendies ont été contenus avant d'atteindre 5 hectares, et seuls deux incendies ont dépassé 100 hectares, à Taza (162 ha) et à Tétouan (156 ha). Dans ce sillage, un système d’information proactif a été créé en s’appuyant sur des cartes identifiant les zones forestières les plus exposées aux risques d’incendie. Ce système, élaboré en collaboration avec la Direction Générale de la Météorologie, a permis de mobiliser des moyens d’alerte et d’intervention plus efficaces et plus performants, notamment par le pré-positionnement adéquat des moyens d’intervention terrestres et aériens, à proximité des lieux de départ possible d’incendies, ce qui se traduirait par la réduction des temps d’intervention et une plus grande efficacité des opérations.
Ce processus présente une carte quotidienne des scores de risques d’éclosion avec une résolution très fine, accompagné d’une analyse du risque, pour fournir de précieuses informations aux équipes prépositionnées sur le terrain, tout en prenant en considération des facteurs tels que l’évolution météo, des images satellites récentes, des informations socio-économiques, et sur la nature et l’état du couvert forestier.
L’ANEF précise, cependant, que les campagnes de sensibilisation menées à l’occasion de la Journée nationale de sensibilisation contre les incendies de forêts (21 mai) et les bulletins de risque d’incendie de forêt (BRIF) diffusés pendant les périodes critiques ont sensibilisé le public et renforcé la vigilance collective. Le dispositif de surveillance et d’intervention est néanmoins maintenu à son niveau optimal, car le mois de septembre reste une période à haut risque. L’Agence appelle instamment les utilisateurs des espaces forestiers, tels que les campeurs, apiculteurs, éleveurs, à faire preuve de vigilance, rappelant qu'il est crucial de limiter l’utilisation du feu et de signaler immédiatement tout départ de feu ou comportement suspect aux autorités compétentes.
Souhail AMRABI
3 questions à Fouad Assali : «La mise sous cloche des périmètres brûlés est une mesure systématique»
Chef du Centre National de Gestion des Risques Climatiques Forestiers alié à l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF), Fouad Assali répond à nos questions.
- Les feux de forêts se font de plus en plus nombreux. Comment peut-on y faire face ?
Dans le contexte de l’impact des changements climatiques qui est ressenti à l’échelle internationale, les prévisionnistes et spécialistes en matière d’incendies de forêts prévoient une augmentation globale de plus de 35% de la pression des incendies de forêts d’ici 2050. Il est certain que cette augmentation doit être anticipée par la mise en place des stratégies et la mobilisation des ressources nécessaires afin de réduire l’impact et les dégâts de ce phénomène. Le Maroc fait d’ailleurs partie des pays qui sont dans cette dynamique et qui se dotent au fur et à mesure des moyens techniques et technologiques nécessaires.
- Quel est le rôle de la mise sous cloche des périmètres brûlés ?
Quand le diagnostic établi le justifie, un travail du sol peut être réalisé par les forestiers afin de favoriser la germination des graines et la régénération du couvert végétal. Il arrive également que les dégâts des incendies imposent de recourir à une réhabilitation assistée à travers une plantation artificielle d’essences forestières. De toute façon, les superficies qui ont été brûlées par le feu sont généralement inscrites en priorité par les équipes régionales dans le Programme National de Reboisement. La mise sous cloche des périmètres brûlés est une mesure systématique qui permet de donner toutes ses chances à la forêt afin de récupérer sans avoir à subir d’autres pressions : quand le couvert végétal commence à reprendre, il est important d’éviter par exemple que les plantes ou jeunes pousses d’arbres soient exposées à la dent du bétail.
- Quels sont les facteurs qui contribuent à la régénération des zones sinistrées ?
Le rythme de régénération de la forêt après un incendie dépend de plusieurs facteurs : la position géographique, la sévérité du feu, la nature du sol, les caractéristiques des espèces présentes, etc. Parfois, un paysage apparemment désolé peut être trompeur puisque les arbres n’ont pas été complètement calcinés, mais plutôt léchés par le feu. C’est-à-dire qu’ils sont encore vivants et qu’il suffit de mettre en place des mesures de protection du périmètre pour les voir récupérer d’eux-mêmes.
Géographie : Fès-Meknès, une région à haut risque
Par répartition géographique, la région de Fès-Meknès a été la plus touchée cette année, avec 40 départs de feu et 350 hectares brûlés, suivie de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (87 feux, 271 hectares) et de l'Oriental (112 hectares). Cette amélioration marquée s'explique par plusieurs facteurs, notamment des conditions météorologiques favorables, précise l'ANEF, ajoutant que les zones forestières à risque ont bénéficié de conditions météorologiques moins propices au déclenchement et à la propagation des incendies durant les trois derniers mois. Ceci dit, le Maroc se distingue au niveau méditerranéen avec le taux le plus faible de surface incendiée par rapport à sa superficie forestière totale, indique l'ANEF, notant que d'après l'Office européen chargé du suivi des feux de forêts (EFFIS), les surfaces brûlées cette année dans d'autres pays méditerranéens sont bien plus élevées : l'Espagne (38.058 ha), l'Italie (36.449 ha), la Grèce (31.758 ha), le Portugal (12.407 ha) et la France (11.857 ha).
Régénération naturelle : Un long processus qui requiert de l’attention !
Le retour progressif à la vie d’une forêt méditerranéenne qui a été détruite par le feu est un long processus. Les insectes sont généralement les premières espèces à réinvestir les lieux puisque les arbres affaiblis représentent une source de nourriture et un lieu de ponte, surtout pour les mouches et les coléoptères.
Attirés par la présence de ces insectes, les oiseaux ne tardent pas à revenir vers ces zones qui sont pourtant encore loin d’avoir récupéré leur couvert végétal. Dans la majorité des cas, les mousses et petites plantes font leur apparition durant les 12 mois qui suivent l’incendie, surtout lorsque des conditions météorologiques et pluviométriques favorables sont au rendez-vous.
Grâce à leurs écorces, des espèces comme le pin ou le chêne-liège arrivent souvent à survivre au feu et entament doucement leur régénération naturelle durant les années qui suivent l’incendie. Dans le bassin méditerranéen, certaines espèces de faune réinvestissent les forêts régénérées après seulement une ou deux années de l’incendie.
En moyenne, il faut compter 3 à 5 ans afin de permettre aux herbes et aux arbustes de recouvrir les traces du feu. Ce n’est seulement que 20 à 30 ans après l’incendie que la forêt retrouvera son aspect initial. Contrairement à l’exemple des forêts méditerranéennes, certaines forêts tropicales, notamment en Amazonie, sont beaucoup moins résilientes aux incendies et nécessitent une à plusieurs centaines d’années avant de retrouver leurs caractéristiques et leur aspect original.
Attirés par la présence de ces insectes, les oiseaux ne tardent pas à revenir vers ces zones qui sont pourtant encore loin d’avoir récupéré leur couvert végétal. Dans la majorité des cas, les mousses et petites plantes font leur apparition durant les 12 mois qui suivent l’incendie, surtout lorsque des conditions météorologiques et pluviométriques favorables sont au rendez-vous.
Grâce à leurs écorces, des espèces comme le pin ou le chêne-liège arrivent souvent à survivre au feu et entament doucement leur régénération naturelle durant les années qui suivent l’incendie. Dans le bassin méditerranéen, certaines espèces de faune réinvestissent les forêts régénérées après seulement une ou deux années de l’incendie.
En moyenne, il faut compter 3 à 5 ans afin de permettre aux herbes et aux arbustes de recouvrir les traces du feu. Ce n’est seulement que 20 à 30 ans après l’incendie que la forêt retrouvera son aspect initial. Contrairement à l’exemple des forêts méditerranéennes, certaines forêts tropicales, notamment en Amazonie, sont beaucoup moins résilientes aux incendies et nécessitent une à plusieurs centaines d’années avant de retrouver leurs caractéristiques et leur aspect original.