Une vidéo, manifestement tournée par smartphone, montre une loutre qui sort du Bouregreg, s’aventure quelques secondes sur sa rive, pour ensuite replonger furtivement dans l’eau. Les internautes qui ont pu regarder ces images sont très surpris de cette apparition inédite, au moins depuis plus d’un demi-siècle. Le mystère est de savoir comment cette loutre a pu se retrouver en visite à la capitale, sachant que le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah est une barrière physique qui devrait théoriquement empêcher son passage. L’autre question, est de savoir comment une espèce qui est habituellement inféodée à des cours d’eau très peu pollués, s’est retrouvée en vadrouille dans le Bouregreg..
(© Amine Moussaoui)
A noter que la loutre - qui est le plus aquatique des mammifères terrestres du Maroc - est classée comme « quasi menacée » dans la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, les spécialistes s’accordent sur le fait que l’espèce soit « très menacée » sous nos cieux. Jusqu’aux années 50, la loutre était répartie dans tous les milieux aquatiques permanents d’ampleur suffisante jusqu’au bas Draa. Cette aire s’est réduite et s’est morcelée, avec notamment, une disparition dans les plaines cultivées. Essentiellement nocturne, la loutre trahit sa présence par le marquage de son territoire qu’elle réalise en déposant ses épreintes en évidence sur les rochers et touffes d’herbes. Les menaces sur cette espèce sont nombreuses au Maroc : la pollution, la surexploitation des ressources d’eau déjà devenues rares, la construction des barrages, le réchauffement climatique et la destruction de la végétation aquatique.