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Interview avec Anouar Benazzouz, Directeur Général d’ADM : «Le nouveau programme national d’extension du réseau autoroutier comporte trois chantiers structurants»


Rédigé par La rédaction Vendredi 7 Janvier 2022

Les répercussions de la crise du Covid-19 ont été de taille sur la Société Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM). Anouar Benazzouz, Directeur Général de la Société, dresse pour nous le bilan de près de deux ans de pandémie et nous dévoile la feuille de route des années à venir.



- La crise sanitaire a mis en stand-by les activités et projets de plusieurs acteurs économiques. Comment la Société Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) a-t-elle encaissé le choc Covid ?

- Les répercussions de la crise du Covid-19 ont été de taille sur ADM, elles sont dues essentiellement aux mesures sanitaires et sécuritaires strictes et rapides prise par notre Pays, notamment la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, la fermeture des frontières, le confinement périodique de la population et la restriction de la circulation entre les villes du Royaume.

En effet, le trafic autoroutier de l’année 2020 a baissé de -32% par rapport à 2019, les recettes de péage ont suivi par conséquent la même tendance et ont enregistré une forte baisse de 840 million de DH, soit une diminution de -27% comparée à l’année 2019.

Malgré cette chute drastique de ses indicateurs vitaux, ADM, consciente de son rôle socioéconomique, principalement durant cette période de crise, s’est mobilisée pour remplir son devoir d’assurer la continuité de service public répondant aux standards de sécurité et de qualité requis, pour préserver et entretenir le patrimoine autoroutier national, pour continuer le plan de développement et de transformation de l’entreprise et pour maintenir son important rôle socioéconomique à l’échelle nationale.

Pour cela ADM s’est appuyée sur une stratégie de crise ayant plusieurs objectifs. Il s’agit premièrement de la protection des usagers et de l’ensemble des Ressources Humaines d’ADM et celles de son écosystème. La continuité du service aux standards de sécurité à l’adresse des usagers contraints de se déplacer en cette période et la continuité d’un certain nombre de travaux de maintenance et de chantiers d’infrastructure complexes en cette période de faible trafic, étaient également à l’ordre du jour.

A cela s’ajoute la préservation de l’écosystème marocain en ces circonstances exceptionnelles et l’assurance du maintien d’une activité minimale et en régime réduit et l’optimisation de la trésorerie nécessaire, le décalage des charges et la disposition de liquidité minimale indispensable durant cette période pour atteindre les objectifs précités.


- Quid des chantiers de construction et de maintenance de l’infrastructure autoroutière ?

- S’agissant des chantiers de construction et de maintenance de l’infrastructure autoroutière, ADM a pris les mesures nécessaires pour assurer la continuité des chantiers stratégiques durant cette période à faible trafic.

Les mesures sanitaires préventives recommandées par les Autorités Compétentes contre la propagation du Covid-19 ont été mises en oeuvre et respectées à la lettre sur l’ensemble des chantiers. Les plannings initiaux ont également été revus pour prioriser les travaux au niveau des sites présentant un fort trafic en temps normal.
 
Grâce à cette mobilisation, ADM a fait montre d’un grand exercice de résilience face aux répercussions de la crise de la Covid-19, une crise vécue comme un examen de la solidité de ses fondamentaux et de sa capacité d’innovation.

Les solutions appropriées ont été apportées, en collaboration avec les entreprises BTP en charge des travaux, pour faire face au manque des ressources humaines et à la perturbation dans la chaine d’approvisionnement en matière première suite au confinement sanitaire, et ce, dans des délais très rapides et sans interrompre les chantiers.

Finalement, le dispositif de sécurité aux abords des chantiers a été maintenu au même standard malgré la baisse du trafic, pour les clients-usagers contraints de prendre l’auto - route en cette période de crise et pour les intervenants sur le terrain. Grâce à cette mobilisation, ADM a fait montre d’un grand exercice de résilience face aux répercussions de la crise de la Covid- 19, une crise vécue comme un examen de la solidité de ses fondamentaux et de sa capacité d’innovation.


- ADM projette la réalisation d’un nouveau programme national d’extension. Quels sont les chantiers prioritaires dans ce cadre et quid des taux avancements des projets en cours ?

- Trois chantiers structurants sont inscrits dans le nouveau programme national d’extension du réseau autoroutier.

Il y a tout d’abord, l’autoroute Tit Mellil – Berrechid. Cette nouvelle infrastructure permettra aux usagers de l’autoroute venant du Nord et de l’Est et se dirigeant vers le Sud du Royaume, d’éviter de contourner toute la ville de Casablanca, et de réduire ainsi la longueur et la durée de leur trajet, elle permettra également d’alléger et de fluidifier le trafic sur les axes autoroutiers Tit Mellil – Sidi Maarouf et Sidi Maarouf – Aéroport Mohamed V. Il s’agit d’un linéaire d’environ 29 km, reliant l’autoroute Casablanca-Settat et l’autoroute Berrechid Beni Mellal au niveau du Noeud de Berrechid à l’autoroute de Contournement de Casablanca.

Ce projet rentre dans le cadre de la convention relative à l’aménagement de la voirie et des infrastructures routières pour l’amélioration des conditions de circulation dans la région du Grand Casablanca. Il est financé principalement par le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES). Le démarrage des travaux est prévu en 2022, ils s’étaleront sur 4 années et nécessiteront un budget de 1,8 milliard de Dirhams.

Il y a aussi la nouvelle autoroute dite « la continentale Rabat-Casablanca ». Cette nouvelle infrastructure est la réponse à la saturation du couloir Casablanca-Rabat-Casablanca, elle sera construite sur un tracé de 60 km de linéaire, parallèle à l’actuel tronçon et qui offrira une alternative robuste et durable aux flux de trafic actuels et futurs. Le coût de ce projet est estimé à 5 milliards de DH, le planning préliminaire prévoit 4 années de travaux de 2023 à 2026.

Puis, il y a l’autoroute Guercif-Nador. La convention de la conduite ses travaux de construction de cette importante infrastructure autoroutière a été signé en Mai dernier entre ADM et le ministère de l’Équipement, du transport, de la logistique et de l’eau. Le projet concerne un linéaire de 104 km d’autoroute qui reliera la ville de Nador et le nouveau port Nador West Med au réseau autoroutier national. Le coût estimatif est de l’ordre de 5,5 milliards de dirhams et les travaux s’étaleront sur 5 années à commencer de 2022.

Quant aux projets en cours, il est à noter que durant les dernières années, le trafic s’est considérablement densifié sur l’axe Casablanca – Kénitra, atteignant des pics de 320 000 véhicules par jour, et créant des situations d’engorgement à risque autant pour les usagers que pour l’infrastructure. C’est pour cela qu’ADM a lancé plusieurs chantiers structurants pour fluidifier le trafic sur cet axe stratégique.

Nous en citons le chantier l’élargissement à 2x3 voies de l’autoroute Casablanca-Berrechid et de l’autoroute de contournement de Casablanca. C’est un chantier parmi les plus grands et les plus complexes jamais réalisés sous une forte circulation par, et a pour objectif de faciliter les déplacements entre le Nord et le Sud du pays et desservir l’Aéroport international Mohammed V.

Il a été répartis en 4 lots, le quatrième allant de la gare de péage de Bouskoura au noeud autoroutier de Berrechid (10,7 km) a été complétement achevé, le premier allant de la bifurcation d’Ain Harrouda à l’échangeur de Tit Mellil (12,8 km) avance à 80%, le deuxième allant de l’échangeur de Tit Mellil à la bifurcation de Lissasfa (18,2 km) et le troisième allant de l’échangeur de Sidi Maarouf à la gare de péage de Bouskoura (15,3 km) démarreront indécemment. Fluidifier la circulation sur autoroute passe aussi par la réduction du nombre d’arrêts aux gares de péage.

ADM a déployé en 2020 une nouvelle configuration du système de péage qui a permis de réduire les temps de trajets sur les axes autoroutiers reliant Casablanca, Marrakech, Agadir et Béni Mellal. Un projet similaire est en train d’être déployé sur l’axe Casablanca-Tanger au niveau des gares de Kénitra.
 
Aujourd’hui, après la réussite du télépéage, nous travaillons sur un projet ambitieux qui permettra l’utilisation du Pass Jawaz sur les autoroutes européennes


- De plus en plus généralisé sur les autoroutes du Royaume, Jawaz semble être un succès pour l’entreprise. Pouvez-vous nous dresser un bilan de ce produit ?

- Plus d’un million et demi de Pass Jawaz sont actuellement en circulation, c’est effectivement une belle performance commerciale mais surtout une belle transformation dans les habitudes de nos citoyens qui nous ont fait confiance et qui ont osé le changement particulièrement de l’espèce vers le télépéage plus sécurisé, plus fluide et sans surcoût par rapport au paiement en espèces.

Pour accompagner et consolider ces acquis, nous travaillons sans relâche pour multiplier et diversifier les canaux de recharge, aujourd’hui les clients Jawaz peuvent recharger leur Pass, à proximité de chez eux, sur l’autoroute, ou à distance où qu’ils soient, et ce, grâce aux partenariats que nous avons avec différents opérateurs.

La recette Jawaz en 2020 est de 0,92 milliard de DH HT, soit 41% de la recette totale. Rappelons qu’en 2019, cette recette était de 0,76 milliard de DH, ce sont donc 155 millions de DH de plus qui sont collectés par le télépéage.


- S’agissant de la modernisation et la digitalisation des services, quelle est la feuille de route d’ADM ?

- ADM a été pionnière en tant que société publique dans l’initiation de projets en lien avec le digital. L’introduction du télépéage en 2014 et sa généralisation à l’ensemble des gares du réseau autoroutier en était le projet phare.

Depuis 2016, nous avons initié un vaste chantier de transformation de la société visant à industrialiser l’exploitation du réseau autoroutier orientée dorénavant vers la satisfaction du client et permettant ainsi de hisser le niveau de service sur les autoroutes nationales aux standards des meilleurs concessionnaires internationaux.

Le projet d’automatisation est l’épine dorsale de cette industrialisation. Il consiste à placer les nouvelles technologies au coeur des déplacements des usagers de l’autoroute. On compte la digitalisation des moyens de paiement, l’automatisation de la gestion du trafic, l’accès à l’information en temps réel sur les conditions de circulation et la personnalisation des services en fonction des spécificités et attentes de chaque client en sont les principaux thèmes.

La baisse du trafic enregistré avec la crise sanitaire avait un effet de catalyseur pour accélérer le rythme de digitalisation et de modernisation des fonctions clés, comme les services au client-usager, les services internes, les fonctions de l’exploitation notamment celles liées à la gestion du trafic et à la sécurité.

Aujourd’hui, après la réussite du télépéage, nous travaillons sur un projet ambitieux qui permettra l’utilisation du Pass Jawaz sur les autoroutes européennes, afin de mieux servir les Marocains du monde mais aussi les professionnels et les particuliers qui se déplacent entre les deux rives de la Méditerranée.

Capitalisant sur l’ensemble des investissements et équipements technologiques dont nous disposons actuellement, nous travaillons sur le lancement de la première radio autoroutière marocaine entièrement dédiée à l’info trafic en temps réel qui a pour objectifs de renforcer la sécurité autoroutière, de fluidifier le trafic et d’offrir aux usagers marocains un service info trafic à l’instar des différents concessionnaires autoroutiers dans le monde.

 








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