- Les relations entre le Maroc et l'Autriche ont connu une forte dynamique et des progrès significatifs au cours des dernières années. Quel bilan en tirez-vous ? Et à quel point la visite du chancelier Karl Nehammer au Royaume a-t-elle participé à booster ces liens ?
- Le bilan est particulièrement positif. Nos relations bilatérales ont connu une très forte dynamique, en particulier au cours des dernières semaines et des derniers mois. La visite du chancelier Nehammer, les 28 février et 1er mars derniers, a été une visite historique et symbolique. Elle a eu lieu 240 ans, jour pour jour, après l'arrivée à la Cour de Joseph II de la délégation marocaine conduite par l'ambassadeur Ben Abdelmalek. En plus, la visite du président du Conseil national autrichien, M. Sobotka, trois semaines seulement après celle du chancelier fédéral, a très rapidement renforcé cette dynamique. L'intensification de la coopération parlementaire a été convenue lors de cette visite. Dès septembre, nous attendons la visite de notre ministre du Travail et de l'Economie, M. Kocher, accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires autrichiens, ce qui ne fait que consolider les relations entre les deux pays. Outre les visites de haut niveau, il existe également une coopération très intense dans de nombreux autres domaines, comme par exemple le lancement d'un dialogue interreligieux et interculturel avec le Maroc en juin 2022, qui se poursuivra à Vienne du 8 au 10 mai.
- Quelle est la genèse de cette relation fort ancrée dans l’Histoire ?
- Nos relations bilatérales sont construites sur des bases très solides. Il y a 240 ans, le 28 février 1783, une délégation marocaine menée par l'ambassadeur Ben Abdelmalek, pacha de Tanger, arrivait à Vienne. Celui-ci a rendu visite à la Cour de Joseph II sur ordre du sultan Mohammed III et avait réussi à négocier un traité d'amitié et un accord de commerce entre les deux pays. C'était le début de nos relations diplomatiques. Aujourd'hui encore, nos relations sont excellentes et se caractérisent par une coopération basée sur la confiance, qui se traduit par des échanges denses à un haut niveau politique.
- Les relations se traduisent-elles au niveau des échanges commerciaux ? Quel état des lieux dressez-vous de ces échanges ?
- Depuis des années, le commerce mutuel de marchandises augmente et s'élève actuellement à près de 400 millions d'euros au total. Les échanges sont de plus en plus diversifiés, ce qui témoigne d'un développement stable. Les entreprises autrichiennes ont beaucoup à offrir, spécialement dans le domaine industriel, sans oublier que les produits autrichiens de construction mécanique sont connus dans le monde entier. Entre autres domaines, il y a les sources d'énergie renouvelables (entre autres Waste-to-Energy) et l’avantage considérable que peut représenter la numérisation pour une valorisation croisée pour les deux parties.
- Quels sont les secteurs stratégiques les plus attractifs pour les investissements entre les deux pays ? Et quelles sont les ambitions pour étendre ces investissements ?
- Actuellement, les investissements autrichiens sont les plus visibles dans le domaine de l'industrie automobile, mais les produits agricoles sont également transformés par une entreprise autrichienne au Maroc et contribuent au succès des exportations marocaines. Une entreprise de l'industrie de l'emballage a même choisi le Maroc comme tremplin pour d'autres investissements en Afrique et exploite actuellement trois sites au Maroc. Le succès de ces filiales ne cesse de se répandre et je m'attends à ce que les entreprises autrichiennes contribuent davantage au développement de l'économie marocaine dans un avenir proche.
- L'Autriche considère le plan d'autonomie, présenté par le Maroc en 2007, comme une base de solution au différend autour du Sahara marocain. Comment qualifiez-vous les efforts du Maroc dans ce cadre ?
- L'Autriche soutient l’Envoyé personnel du Secrétaire Général pour le Sahara occidental, Staffan De Mistura, et ses efforts en faveur d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux Résolutions du Conseil de Sécurité et aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies. Dans ce contexte, l'Autriche considère le plan d'autonomie présenté en 2007 par le Maroc comme une contribution sérieuse et crédible au processus politique mené par les Nations Unies et comme base d'une solution agréée entre les parties.
- En matière d’immigration, à combien estime-t-on le nombre de Marocains résidant en Autriche et des Autrichiens installés au Maroc ?
- Il y a environ 1250 Marocains en séjour légal en Autriche. Quant au nombre de citoyens autrichiens au Maroc, il est inférieur à 200, ce qui signifie que les communautés respectives sont de taille raisonnable, mais les contacts sont très étroits à tous les niveaux et dans tous les domaines.
- Qu’est-ce que le Maroc a à offrir à l’Autriche, et vice-versa ?
- Le Maroc est une ancre de stabilité dans la région et représente un pont important entre l'Europe et le continent africain. L'Autriche reconnaît la politique responsable de réforme et de sécurité du Maroc ainsi que sa politique économique stable orientée vers le marché. Il faut également noter l’importance de la coopération dans le domaine de la migration transfrontalière.
Les entreprises autrichiennes bénéficient d’un environnement fiable au Maroc et peuvent s’appuyer sur les programmes stratégiques du pays pour planifier leur avenir en toute sécurité.
En raison de sa proximité géographique avec l’Europe et le reste de l’Afrique, ainsi que de ses programmes d’implantation économique et d’initiative entrepreneuriale bien développés et de la qualité de sa main-d’œuvre hautement qualifiée, le Maroc est un pays très attrayant pour les entreprises autrichiennes. Celles-ci peuvent offrir un avantage concurrentiel décisif à l’industrie marocaine, notamment par des investissements, ainsi que par la livraison de machines et de technologie de pointe.
Je considère le renforcement des relations de confiance entre nos deux pays comme une priorité et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour contribuer à leur développement.
Propos recueillis par Safaa KSAANI
- Le bilan est particulièrement positif. Nos relations bilatérales ont connu une très forte dynamique, en particulier au cours des dernières semaines et des derniers mois. La visite du chancelier Nehammer, les 28 février et 1er mars derniers, a été une visite historique et symbolique. Elle a eu lieu 240 ans, jour pour jour, après l'arrivée à la Cour de Joseph II de la délégation marocaine conduite par l'ambassadeur Ben Abdelmalek. En plus, la visite du président du Conseil national autrichien, M. Sobotka, trois semaines seulement après celle du chancelier fédéral, a très rapidement renforcé cette dynamique. L'intensification de la coopération parlementaire a été convenue lors de cette visite. Dès septembre, nous attendons la visite de notre ministre du Travail et de l'Economie, M. Kocher, accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires autrichiens, ce qui ne fait que consolider les relations entre les deux pays. Outre les visites de haut niveau, il existe également une coopération très intense dans de nombreux autres domaines, comme par exemple le lancement d'un dialogue interreligieux et interculturel avec le Maroc en juin 2022, qui se poursuivra à Vienne du 8 au 10 mai.
- Quelle est la genèse de cette relation fort ancrée dans l’Histoire ?
- Nos relations bilatérales sont construites sur des bases très solides. Il y a 240 ans, le 28 février 1783, une délégation marocaine menée par l'ambassadeur Ben Abdelmalek, pacha de Tanger, arrivait à Vienne. Celui-ci a rendu visite à la Cour de Joseph II sur ordre du sultan Mohammed III et avait réussi à négocier un traité d'amitié et un accord de commerce entre les deux pays. C'était le début de nos relations diplomatiques. Aujourd'hui encore, nos relations sont excellentes et se caractérisent par une coopération basée sur la confiance, qui se traduit par des échanges denses à un haut niveau politique.
- Les relations se traduisent-elles au niveau des échanges commerciaux ? Quel état des lieux dressez-vous de ces échanges ?
- Depuis des années, le commerce mutuel de marchandises augmente et s'élève actuellement à près de 400 millions d'euros au total. Les échanges sont de plus en plus diversifiés, ce qui témoigne d'un développement stable. Les entreprises autrichiennes ont beaucoup à offrir, spécialement dans le domaine industriel, sans oublier que les produits autrichiens de construction mécanique sont connus dans le monde entier. Entre autres domaines, il y a les sources d'énergie renouvelables (entre autres Waste-to-Energy) et l’avantage considérable que peut représenter la numérisation pour une valorisation croisée pour les deux parties.
- Quels sont les secteurs stratégiques les plus attractifs pour les investissements entre les deux pays ? Et quelles sont les ambitions pour étendre ces investissements ?
- Actuellement, les investissements autrichiens sont les plus visibles dans le domaine de l'industrie automobile, mais les produits agricoles sont également transformés par une entreprise autrichienne au Maroc et contribuent au succès des exportations marocaines. Une entreprise de l'industrie de l'emballage a même choisi le Maroc comme tremplin pour d'autres investissements en Afrique et exploite actuellement trois sites au Maroc. Le succès de ces filiales ne cesse de se répandre et je m'attends à ce que les entreprises autrichiennes contribuent davantage au développement de l'économie marocaine dans un avenir proche.
- L'Autriche considère le plan d'autonomie, présenté par le Maroc en 2007, comme une base de solution au différend autour du Sahara marocain. Comment qualifiez-vous les efforts du Maroc dans ce cadre ?
- L'Autriche soutient l’Envoyé personnel du Secrétaire Général pour le Sahara occidental, Staffan De Mistura, et ses efforts en faveur d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux Résolutions du Conseil de Sécurité et aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies. Dans ce contexte, l'Autriche considère le plan d'autonomie présenté en 2007 par le Maroc comme une contribution sérieuse et crédible au processus politique mené par les Nations Unies et comme base d'une solution agréée entre les parties.
- En matière d’immigration, à combien estime-t-on le nombre de Marocains résidant en Autriche et des Autrichiens installés au Maroc ?
- Il y a environ 1250 Marocains en séjour légal en Autriche. Quant au nombre de citoyens autrichiens au Maroc, il est inférieur à 200, ce qui signifie que les communautés respectives sont de taille raisonnable, mais les contacts sont très étroits à tous les niveaux et dans tous les domaines.
- Qu’est-ce que le Maroc a à offrir à l’Autriche, et vice-versa ?
- Le Maroc est une ancre de stabilité dans la région et représente un pont important entre l'Europe et le continent africain. L'Autriche reconnaît la politique responsable de réforme et de sécurité du Maroc ainsi que sa politique économique stable orientée vers le marché. Il faut également noter l’importance de la coopération dans le domaine de la migration transfrontalière.
Les entreprises autrichiennes bénéficient d’un environnement fiable au Maroc et peuvent s’appuyer sur les programmes stratégiques du pays pour planifier leur avenir en toute sécurité.
En raison de sa proximité géographique avec l’Europe et le reste de l’Afrique, ainsi que de ses programmes d’implantation économique et d’initiative entrepreneuriale bien développés et de la qualité de sa main-d’œuvre hautement qualifiée, le Maroc est un pays très attrayant pour les entreprises autrichiennes. Celles-ci peuvent offrir un avantage concurrentiel décisif à l’industrie marocaine, notamment par des investissements, ainsi que par la livraison de machines et de technologie de pointe.
Je considère le renforcement des relations de confiance entre nos deux pays comme une priorité et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour contribuer à leur développement.
Propos recueillis par Safaa KSAANI