- Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, a déclaré la semaine dernière que les hôpitaux marocains font face à une «pénurie aiguë» de 32.000 médecins et 65.000 infirmiers, comment en sommes-nous arrivés à cette pénurie ?
- Nous n’avons pas suffisamment d’établissements qui forment les médecins au Maroc. Le ministère a prévu de former 3000 médecins par an, mais on est à seulement 1.200 et quelques par an. Donc, au Maroc, nous formons moins de médecins qu’il n’était prévu, et c’est la première cause de cette pénurie annoncée par Ait Taleb.
Le problème qui se pose et qui accentue cette pénurie, ce sont les conditions de travail des médecins. En effet, l’insatisfaction de carrière des médecins est l’un des facteurs de leur émigration, donc il faut améliorer les conditions du personnel médical au Maroc, pour qu’ils ne partent plus à l’étranger, nous avons actuellement, ne serait-ce qu’en France, 7.000 médecins, et à l’étranger 14.000 médecins.
- Comment la loi autorisant les médecins étrangers à exercer au Maroc permettra-t-elle d’améliorer les prestations médicales au Maroc ? Et est-ce qu’il y a des pays ciblés par le Maroc ?
- Jusqu’à présent, il n’y a pas de pays précis qui sont ciblés par la nouvelle loi, les incitations sont ouvertes à tous les pays, effectivement dans le but d’améliorer les prestations médicales au Maroc. L’amélioration du système de santé passe par l’augmentation et le renforcement de l’offre médicale. En effet, les difficultés et disparités d’accès aux biens et services de santé sont marquantes au Maroc, ainsi cette loi vise à appuyer la politique publique d’accès aux soins et relève des efforts publics déployés pour la réduction des inégalités.
L’amélioration des conditions de travail des médecins est également une condition sine qua non pour renforcer l’offre de soins des médecins généralistes et des autres spécialistes en fonction des besoins des territoires. Aujourd’hui, on est à 640 médecins marocains qui partent chaque année à l’étranger, mais au-delà de la fuite des cerveaux, le non-retour des étudiants marocains qui ont étudié la médecine à l’étranger est un véritable problème qui se pose et qui accentue la pénurie du personnel médical vécue par notre pays.
Aujourd’hui, les médecins marocains qui ont étudié à l’étranger ont la possibilité de rentrer à tout moment, mais ils ne rentrent pas, et il faut se demander pourquoi.
- Le Maroc exporte donc ses compétences alors qu’il souffre d’un déficit important en infirmiers. Comment expliquer cette situation paradoxale ? Et pensez-vous qu’il y aura une autre loi qui encadre l’exercice des infirmiers étrangers au Maroc ?
- Effectivement, alors que notre pays souffre d’un déficit non-négligeable en infirmiers, de plus en plus de compétences choisissent d’autres pays. Il existe actuellement au Maroc de nombreuses agences qui engagent des opérations de recrutement des infirmiers marocains au profit des établissements de santé dans plusieurs pays, notamment en Allemagne. Ces opérations concernent aussi bien les lauréats des écoles publiques que ceux du privé.
En effet, le niveau des salaires et la difficulté de l’exercice du métier sont les principales raisons de l’émigration des infirmiers. Il faut donc mettre en place des solutions de gestion intégrée des compétences, et des dispositifs incitatifs qui rendent la pratique du personnel médical confortable, dont la couverture sociale et des taux de cotisation applicable à l’Assurance maladie obligatoire (AMO) équitables, pour l’ensemble du secteur libéral.
- La mondialisation de la santé se constate de plusieurs manières, notamment les flux migratoires de médecins et d’infirmiers. Comment la migration du personnel médical marocain impacte le développement économique et social de notre pays ?
- Le but ultime du développement économique et social, c’est le bien-être humain, dont la santé est un élément essentiel. Les progrès accomplis en matière de développement social durable se répercutent sur l’état de santé de la population. L’énergie, la bonne santé et la créativité humaines sont les moteurs du développement, une population active qui doit être en bonne santé. Et la santé doit être un principe directeur dans le cadre plus large du développement durable.
De ce fait, les infrastructures sanitaires, l’offre médicale et la qualité de l’offre de soins devraient être suffisantes et la population marocaine doit avoir la même sécurité sanitaire que dans les pays développés, il ne faut pas se comparer à des pays moins développés que nous, mais plutôt à ceux ayant les plus hauts standards en médecine. Toutefois, la pénurie actuelle, qui a des incidences sur le système de santé dans notre pays, entrave cet objectif.
Grace à l’important flux des échanges commerciaux, des transferts et des investissements, le cycle économique au Maroc est de plus en plus synchronisé avec celui des grandes économies mondiales, et il faut que l’offre médicale soit au rendez-vous. Et d’ailleurs, les personnels soignants représentent un élément capital pour l’amélioration de la santé de la population et donc pour le développement économique et social des pays en développement.
Ainsi, la croissance des migrations des professionnels de santé enregistrée, risque de devenir une véritable menace pour le système de santé du Maroc, étant un pays en développement.
- Comment réguler les flux migratoires dans le secteur de la Santé ? Faudrait-il que les pays de destination adoptent des principes de mutualité des avantages en matière de recrutement international ?
- Il faut savoir qu’au niveau des processus de recrutement des personnels soignants et des travailleurs de la santé étrangers, les Marocains sont privilégiés, à la fois pour leur compétence reconnue au niveau international, et leur comportement correct. Il est difficile de limiter le recrutement des infirmiers ou des médecins, à moins d’un accord officiel avec le pays de départ.
Toutefois, pour les dissuader d’émigrer et donc de résoudre le problème du déficit, il faut, dans le cadre du dialogue social, assurer les conditions de confort de la pratique, notamment revoir à la hausse les indemnités de garde, d’astreinte, de responsabilité et de risque.
- Nous n’avons pas suffisamment d’établissements qui forment les médecins au Maroc. Le ministère a prévu de former 3000 médecins par an, mais on est à seulement 1.200 et quelques par an. Donc, au Maroc, nous formons moins de médecins qu’il n’était prévu, et c’est la première cause de cette pénurie annoncée par Ait Taleb.
Le problème qui se pose et qui accentue cette pénurie, ce sont les conditions de travail des médecins. En effet, l’insatisfaction de carrière des médecins est l’un des facteurs de leur émigration, donc il faut améliorer les conditions du personnel médical au Maroc, pour qu’ils ne partent plus à l’étranger, nous avons actuellement, ne serait-ce qu’en France, 7.000 médecins, et à l’étranger 14.000 médecins.
- Comment la loi autorisant les médecins étrangers à exercer au Maroc permettra-t-elle d’améliorer les prestations médicales au Maroc ? Et est-ce qu’il y a des pays ciblés par le Maroc ?
- Jusqu’à présent, il n’y a pas de pays précis qui sont ciblés par la nouvelle loi, les incitations sont ouvertes à tous les pays, effectivement dans le but d’améliorer les prestations médicales au Maroc. L’amélioration du système de santé passe par l’augmentation et le renforcement de l’offre médicale. En effet, les difficultés et disparités d’accès aux biens et services de santé sont marquantes au Maroc, ainsi cette loi vise à appuyer la politique publique d’accès aux soins et relève des efforts publics déployés pour la réduction des inégalités.
L’amélioration des conditions de travail des médecins est également une condition sine qua non pour renforcer l’offre de soins des médecins généralistes et des autres spécialistes en fonction des besoins des territoires. Aujourd’hui, on est à 640 médecins marocains qui partent chaque année à l’étranger, mais au-delà de la fuite des cerveaux, le non-retour des étudiants marocains qui ont étudié la médecine à l’étranger est un véritable problème qui se pose et qui accentue la pénurie du personnel médical vécue par notre pays.
Aujourd’hui, les médecins marocains qui ont étudié à l’étranger ont la possibilité de rentrer à tout moment, mais ils ne rentrent pas, et il faut se demander pourquoi.
- Le Maroc exporte donc ses compétences alors qu’il souffre d’un déficit important en infirmiers. Comment expliquer cette situation paradoxale ? Et pensez-vous qu’il y aura une autre loi qui encadre l’exercice des infirmiers étrangers au Maroc ?
- Effectivement, alors que notre pays souffre d’un déficit non-négligeable en infirmiers, de plus en plus de compétences choisissent d’autres pays. Il existe actuellement au Maroc de nombreuses agences qui engagent des opérations de recrutement des infirmiers marocains au profit des établissements de santé dans plusieurs pays, notamment en Allemagne. Ces opérations concernent aussi bien les lauréats des écoles publiques que ceux du privé.
En effet, le niveau des salaires et la difficulté de l’exercice du métier sont les principales raisons de l’émigration des infirmiers. Il faut donc mettre en place des solutions de gestion intégrée des compétences, et des dispositifs incitatifs qui rendent la pratique du personnel médical confortable, dont la couverture sociale et des taux de cotisation applicable à l’Assurance maladie obligatoire (AMO) équitables, pour l’ensemble du secteur libéral.
- La mondialisation de la santé se constate de plusieurs manières, notamment les flux migratoires de médecins et d’infirmiers. Comment la migration du personnel médical marocain impacte le développement économique et social de notre pays ?
- Le but ultime du développement économique et social, c’est le bien-être humain, dont la santé est un élément essentiel. Les progrès accomplis en matière de développement social durable se répercutent sur l’état de santé de la population. L’énergie, la bonne santé et la créativité humaines sont les moteurs du développement, une population active qui doit être en bonne santé. Et la santé doit être un principe directeur dans le cadre plus large du développement durable.
De ce fait, les infrastructures sanitaires, l’offre médicale et la qualité de l’offre de soins devraient être suffisantes et la population marocaine doit avoir la même sécurité sanitaire que dans les pays développés, il ne faut pas se comparer à des pays moins développés que nous, mais plutôt à ceux ayant les plus hauts standards en médecine. Toutefois, la pénurie actuelle, qui a des incidences sur le système de santé dans notre pays, entrave cet objectif.
Grace à l’important flux des échanges commerciaux, des transferts et des investissements, le cycle économique au Maroc est de plus en plus synchronisé avec celui des grandes économies mondiales, et il faut que l’offre médicale soit au rendez-vous. Et d’ailleurs, les personnels soignants représentent un élément capital pour l’amélioration de la santé de la population et donc pour le développement économique et social des pays en développement.
Ainsi, la croissance des migrations des professionnels de santé enregistrée, risque de devenir une véritable menace pour le système de santé du Maroc, étant un pays en développement.
- Comment réguler les flux migratoires dans le secteur de la Santé ? Faudrait-il que les pays de destination adoptent des principes de mutualité des avantages en matière de recrutement international ?
- Il faut savoir qu’au niveau des processus de recrutement des personnels soignants et des travailleurs de la santé étrangers, les Marocains sont privilégiés, à la fois pour leur compétence reconnue au niveau international, et leur comportement correct. Il est difficile de limiter le recrutement des infirmiers ou des médecins, à moins d’un accord officiel avec le pays de départ.
Toutefois, pour les dissuader d’émigrer et donc de résoudre le problème du déficit, il faut, dans le cadre du dialogue social, assurer les conditions de confort de la pratique, notamment revoir à la hausse les indemnités de garde, d’astreinte, de responsabilité et de risque.
Recueillis par Kawtar CHAAT
Portrait
Un homme consacrant sa vie à sauver celle des nouveau-nés
Docteur Hassan Afilal a obtenu plusieurs diplômes universitaires à Paris en cardiologie, en aide médicale urgente, en pédiatrie et en réanimation pédiatrique. Formé à l’hôpital Cochin, Hassan Afilal a de nombreuses participations scientifiques dans les congrès nationaux et internationaux, la reconnaissance de ses pairs et les témoignages des parents montrent sa volonté de prendre en charge les patients de la meilleure façon possible.
A plusieurs reprises, il a été nommé président du congrès de l’Union des Sociétés de Pédiatrie du Moyen-Orient et de la Méditerranée (UMEMPS), un regroupement de sociétés scientifiques qui vise à promouvoir la coopération entre les Sociétés de Pédiatrie du Moyen-Orient et de la Méditerranée.
Ce spécialiste en réanimation néonatale, une procédure d’urgence axée sur le soutien des nouveau-nés qui éprouvent des difficultés à respirer, s’active en plusieurs participations scientifiques tant au niveau national qu’international. Il a occupé de nombreux postes de responsabilité, notamment Président de nombreuses Fédérations et Sociétés, dont la Fédération Marocaine de Pédiatrie, la Société Marocaine de Pédiatrie et la Société Marocaine d’Urgence et de Réanimation Néonatale Pédiatrique.
Hassan Afilal est aussi membre du Bureau Mondial de Pédiatrie et Ambassadeur de la Fédération Mondiale de Réanimation Pédiatrique. Actuellement, il dirige le Centre de Réanimation Néonatale et Pédiatrique de Rabat, un centre reconnu à l’échelle internationale.
A plusieurs reprises, il a été nommé président du congrès de l’Union des Sociétés de Pédiatrie du Moyen-Orient et de la Méditerranée (UMEMPS), un regroupement de sociétés scientifiques qui vise à promouvoir la coopération entre les Sociétés de Pédiatrie du Moyen-Orient et de la Méditerranée.
Ce spécialiste en réanimation néonatale, une procédure d’urgence axée sur le soutien des nouveau-nés qui éprouvent des difficultés à respirer, s’active en plusieurs participations scientifiques tant au niveau national qu’international. Il a occupé de nombreux postes de responsabilité, notamment Président de nombreuses Fédérations et Sociétés, dont la Fédération Marocaine de Pédiatrie, la Société Marocaine de Pédiatrie et la Société Marocaine d’Urgence et de Réanimation Néonatale Pédiatrique.
Hassan Afilal est aussi membre du Bureau Mondial de Pédiatrie et Ambassadeur de la Fédération Mondiale de Réanimation Pédiatrique. Actuellement, il dirige le Centre de Réanimation Néonatale et Pédiatrique de Rabat, un centre reconnu à l’échelle internationale.
K. Ch.