- Votre carrière parle amplement de vous. Quel a été le déclencheur qui vous a poussé à devenir Chef ?
En réalité, je n’ai jamais eu de véritable déclic, j’ai toujours aimé cuisiner, mais l’idée d’en faire un métier ne m’avait jamais traversé l’esprit. C’est un peu le destin qui m’a guidé vers cette voie. Et petit à petit, j’ai compris qu’il fallait que je me perfectionne et que je donne le meilleur de moi-même pour y parvenir.
C’est ainsi que mon histoire en tant que Chef de cuisine a commencé. Mon parcours s’est d’abord construit en France, où j’ai passé près de six ans en tant que second et chef de cuisine dans des chaînes de restaurants. J’ai aussi eu la chance de participer à l’ouverture de plusieurs établissements, aussi bien en Languedoc-Roussillon qu’au Maroc.
- Comment décririez-vous votre style culinaire en quelques mots ?
Mon style culinaire reste avant tout ancré dans le classique, mais j’aime le revisiter. J’ai un peu de réticence avec le terme « revisiter », car je pense qu’il est essentiel de respecter le produit sans le dénaturer. Je m’amuse donc à jouer avec les saveurs traditionnelles, tout en cherchant à surprendre avec des textures et des présentations plus modernes.
- En Occident, Chef cuisinier est un métier de prestige. L’expérience est-elle la même au Maroc ?
Il est vrai qu'en Occident, le métier de Chef est considéré comme un métier de prestige, même au Maroc. Mais le prestige ne nourrit pas l’homme ! Il faut surtout aimer ce qu’on fait et avoir le goût de la création.
- L’art culinaire marocain gagne en notoriété partout dans le monde. Avez-vous des spécialités marocaines prisées à l’international ?
La gastronomie marocaine, qui a gagné en renommée, doit beaucoup à nos Chefs, hommes et femmes, qui ont su préserver l’équilibre parfait des saveurs transmises par nos anciens cuisiniers. De retour au Maroc, la première chose que j’ai faite a été de rejoindre ma mère en cuisine, pour tenter de codifier ses recettes. Ensuite, je me suis lancé dans l’exploration des cultures culinaires des différentes régions du Maroc. Pour moi, le plat qui incarne véritablement la maîtrise culinaire, c’est un cabri aux légumes à la façon berbère.
- La gastronomie et surtout le goût des fanatiques de la cuisine évoluent rapidement. Comment vous assurez-vous de rester à la pointe tout en respectant la tradition ?
Il faut faire beaucoup de recherches et de lecture, rester à l'écoute « des producteurs et des clients » et suivre de nouvelles tendances, mais en respectant toujours les fondamentaux du métier.
- On entend souvent que la cuisine marocaine est un vecteur touristique. Pensez-vous qu’elle est suffisamment marketée pour attirer plus de touristes ou y a-t-il un effort supplémentaire à fournir ?
La cuisine marocaine est effectivement un atout majeur pour le tourisme, et elle a un potentiel énorme pour attirer davantage de visiteurs. Toutefois, bien que les plats traditionnels comme le couscous, le tajine ou la pastilla soient de plus en plus reconnus à l'international, il semble qu'il y ait encore un potentiel sous-exploité lorsqu'il s'agit de la promotion de la gastronomie marocaine en tant qu'expérience touristique.
- Bien que la cuisine marocaine cartonne, les Chefs étoilés marocains se font rares. Quelle est votre lecture de cette anecdote ?
Oui, la cuisine marocaine cartonne, mais le Chef marocain reste peu valorisé. Il y a peut-être un manque de visibilité, ou une certaine timidité pour franchir le pas de la scène internationale. Il y tellement de talents à révéler. Il y a un grand manque de chefs marocains sur la scène culinaire, ce qui peut soulever plusieurs réflexions « reconnaissance, influence culturelle, émigration des talents, innovation et évolution ». Cette situation souligne l'importance de valoriser les talents locaux, de soutenir la formation des chefs marocains et de promouvoir une grande reconnaissance de leur contribution à la gastronomie mondiale.
Recueillis par
Rime TAYBOUTA
Rime TAYBOUTA