- Vous êtes issue de la diaspora judéo-marocaine qui tente un rapprochement avec la terre de ses ancêtres, notamment à travers la musique. D’abord, quels souvenirs gardez-vous du Maroc ?
- Je suis née en Israël, de mère marocaine et de père brésilien. Mon grand-père maternel est originaire d’Aït Ben Haddou dans la province de Ouarzazate. Ma grand-mère, quant à elle, est née à Taznakht, située dans la région de Drâa-Tafilalet. Partis de l’Atlas à Casablanca, mes grands-parents m’ont transmis la culture marocaine à travers ses odeurs, histoires, musique, nourriture, habits traditionnels. Des traditions ravivées lors de nos fêtes juives, dont la Mimouna, le Pessah, le Chabbat, en préparant des crêpes sucrées marocaines avec du thé à la menthe à la marocaine. Nous mettons du henné avant chaque mariage.
- Quelle place accordez-vous à l’héritage judéo-marocain dans votre quotidien et dans votre art ?
- C’est une question intéressante. Bien que je sois née en Israël, je ne sens pas que je représente un héritage typiquement israélien puisque j’ai baigné dans plusieurs cultures. Effectivement, mon héritage israélien est entendu dans mon art et mes créations, tout comme l’héritage marocain. J’ai hérité différentes cultures, de par ma riche identité. Je crois que je représente tout et rien (Rires). Je ne représente que moi-même et une fusion entre ces cultures.
- Dans certains de vos titres, vous explorez les passerelles entre mélodies pop et jazz, et rythmes d’Afrique du Nord. Quelles mélodies marocaines aimez-vous le plus ?
- L’héritage musical marocain est « mon chez-moi ». Je sens que j’y appartiens. C’est plus qu’une musique pour moi. C’est spirituel. Ça n’a pas forcément d’explication logique. Toutefois, je connais beaucoup d’Israélo-Marocains qui ne sont pas connectés à cette musique. Paradoxalement, plusieurs Israéliens non Marocains sont profondément connectés à la musique marocaine. Les rythmes et mélodies marocains sont présents dans ma musique.
Pour le moment, j’étudie la musique Gnawa à Essaouira avec Maâlem Seddik, j’aime beaucoup le Kanoun et le Chaâbi. Ce sont mes sources d’inspiration à vrai dire. Ce mélange de musiques ne fait que représenter mon identité mixte.
- Comment est-ce que les judéo-marocains vivant en Israël organisent-ils des soirées pour raviver leur patrimoine Châabi judéo-marocain ?
- D’après mon vécu en Israël, l’héritage marocain est présent partout dans le quotidien de la communauté maroco-israélienne, sans pour autant le savoir parfois. A titre d’exemple, on rompt le jeûne avec des dattes, la « Chebakia » et du thé. En voyageant au Maroc, j’ai appris que c’était le cas ici ! Je suis au Maroc depuis pratiquement neuf mois et je réalise à quel point nos deux cultures sont connectées.
- Les judéo-marocains, comme vous, sont très attachés à leurs origines marocaines. Comment avez-vous vécu cette distanciation, avant la reprise des relations israélo-marocaines ?
- Ce n’était pas du tout facile. Il y avait toujours en nous cet attachement culturel entre Marocains et Israéliens. Nous avons toujours trouvé les moyens pour venir au Maroc.
- Quels projets sont-ils en vue ?
- J’ai terminé mon premier album, en « Haketia », dialecte des Israéliens du Nord du Maroc et du Sud d’Espagne. C’est un album contenant d’anciens enregistrements de femmes juives marocaines chantant «Haketia » des Archives nationales de Jérusalem. C’est une première.
Actuellement, je suis en cours de réalisation de mon deuxième album où il y aura beaucoup d’influences, dont Gnawa et une composante israélienne… Je viens de faire des collaborations, avant même la reprise des relations. J’ai enregistré avec Mehdi Nassouli, Hind Ennayra, au Sahara marocain avec « Mnat Aïchata », un titre écrit en Darija. Je souhaite faire le plus possible de duos avec des artistes marocains. J’espère que cette reprise de relations aidera tout le monde.
- Je suis née en Israël, de mère marocaine et de père brésilien. Mon grand-père maternel est originaire d’Aït Ben Haddou dans la province de Ouarzazate. Ma grand-mère, quant à elle, est née à Taznakht, située dans la région de Drâa-Tafilalet. Partis de l’Atlas à Casablanca, mes grands-parents m’ont transmis la culture marocaine à travers ses odeurs, histoires, musique, nourriture, habits traditionnels. Des traditions ravivées lors de nos fêtes juives, dont la Mimouna, le Pessah, le Chabbat, en préparant des crêpes sucrées marocaines avec du thé à la menthe à la marocaine. Nous mettons du henné avant chaque mariage.
- Quelle place accordez-vous à l’héritage judéo-marocain dans votre quotidien et dans votre art ?
- C’est une question intéressante. Bien que je sois née en Israël, je ne sens pas que je représente un héritage typiquement israélien puisque j’ai baigné dans plusieurs cultures. Effectivement, mon héritage israélien est entendu dans mon art et mes créations, tout comme l’héritage marocain. J’ai hérité différentes cultures, de par ma riche identité. Je crois que je représente tout et rien (Rires). Je ne représente que moi-même et une fusion entre ces cultures.
- Dans certains de vos titres, vous explorez les passerelles entre mélodies pop et jazz, et rythmes d’Afrique du Nord. Quelles mélodies marocaines aimez-vous le plus ?
- L’héritage musical marocain est « mon chez-moi ». Je sens que j’y appartiens. C’est plus qu’une musique pour moi. C’est spirituel. Ça n’a pas forcément d’explication logique. Toutefois, je connais beaucoup d’Israélo-Marocains qui ne sont pas connectés à cette musique. Paradoxalement, plusieurs Israéliens non Marocains sont profondément connectés à la musique marocaine. Les rythmes et mélodies marocains sont présents dans ma musique.
Pour le moment, j’étudie la musique Gnawa à Essaouira avec Maâlem Seddik, j’aime beaucoup le Kanoun et le Chaâbi. Ce sont mes sources d’inspiration à vrai dire. Ce mélange de musiques ne fait que représenter mon identité mixte.
- Comment est-ce que les judéo-marocains vivant en Israël organisent-ils des soirées pour raviver leur patrimoine Châabi judéo-marocain ?
- D’après mon vécu en Israël, l’héritage marocain est présent partout dans le quotidien de la communauté maroco-israélienne, sans pour autant le savoir parfois. A titre d’exemple, on rompt le jeûne avec des dattes, la « Chebakia » et du thé. En voyageant au Maroc, j’ai appris que c’était le cas ici ! Je suis au Maroc depuis pratiquement neuf mois et je réalise à quel point nos deux cultures sont connectées.
- Les judéo-marocains, comme vous, sont très attachés à leurs origines marocaines. Comment avez-vous vécu cette distanciation, avant la reprise des relations israélo-marocaines ?
- Ce n’était pas du tout facile. Il y avait toujours en nous cet attachement culturel entre Marocains et Israéliens. Nous avons toujours trouvé les moyens pour venir au Maroc.
- Quels projets sont-ils en vue ?
- J’ai terminé mon premier album, en « Haketia », dialecte des Israéliens du Nord du Maroc et du Sud d’Espagne. C’est un album contenant d’anciens enregistrements de femmes juives marocaines chantant «Haketia » des Archives nationales de Jérusalem. C’est une première.
Actuellement, je suis en cours de réalisation de mon deuxième album où il y aura beaucoup d’influences, dont Gnawa et une composante israélienne… Je viens de faire des collaborations, avant même la reprise des relations. J’ai enregistré avec Mehdi Nassouli, Hind Ennayra, au Sahara marocain avec « Mnat Aïchata », un titre écrit en Darija. Je souhaite faire le plus possible de duos avec des artistes marocains. J’espère que cette reprise de relations aidera tout le monde.
Recueillis par Safaa KSAANI
Portrait
Exploratrice des rythmes et des sons
Née en Israël de mère marocaine et de père brésilien, Lala Tamar est une jeune femme profondément enracinée dans la culture marocaine, israélienne, latine, orientale et occidentale. Déjà adolescente, elle chantait en Opéra, avant de cesser de chanter pendant de nombreuses années jusqu’à l’âge de vingt ans, quand elle découvre les rythmes musicaux de son héritage musical.
Dès lors, le voyage de Tamar à la découverte de son héritage commence, plongeant dans d’anciens enregistrements de femmes juives marocaines chantant en « Haketia » des Archives nationales de Jérusalem. Elle devient alors la première artiste à compiler tout un album dans ce dialecte unique. Naturellement, il est vite devenu clair pour Tamar que sa voix et son identité trouvent leur expression la plus profonde en« Darija » et « Haketia ».
Tamar est venue au Maroc en 2018 et en 2019 pour contribuer à la sauvegarde, à l’épanouissement et à la promotion de la musique judéo-arabo-andalouse, à l’occasion du Festival des Andalousies Atlantiques à Essaouira. Alors qu’elle entamait sa production en studio, l’aura de Lala Tamar a commencé à être remarquée par des acteurs de l’industrie cinématographique.
En effet, elle a été choisie pour le film du réalisateur acclamé Amos Gitaï « Un Tramway à Jerusalem » aux côtés des meilleurs acteurs israéliens (Achinoam Noa Nini, Yaël Abecassis, Yuval Sherf, …), où elle chante en langue judéo-espagnole du Maroc, « Haketia », dans la scène de clôture du film.
Dès lors, le voyage de Tamar à la découverte de son héritage commence, plongeant dans d’anciens enregistrements de femmes juives marocaines chantant en « Haketia » des Archives nationales de Jérusalem. Elle devient alors la première artiste à compiler tout un album dans ce dialecte unique. Naturellement, il est vite devenu clair pour Tamar que sa voix et son identité trouvent leur expression la plus profonde en« Darija » et « Haketia ».
Tamar est venue au Maroc en 2018 et en 2019 pour contribuer à la sauvegarde, à l’épanouissement et à la promotion de la musique judéo-arabo-andalouse, à l’occasion du Festival des Andalousies Atlantiques à Essaouira. Alors qu’elle entamait sa production en studio, l’aura de Lala Tamar a commencé à être remarquée par des acteurs de l’industrie cinématographique.
En effet, elle a été choisie pour le film du réalisateur acclamé Amos Gitaï « Un Tramway à Jerusalem » aux côtés des meilleurs acteurs israéliens (Achinoam Noa Nini, Yaël Abecassis, Yuval Sherf, …), où elle chante en langue judéo-espagnole du Maroc, « Haketia », dans la scène de clôture du film.
S. K.