Concert de Jubantouja au Festival Rab’africa capitale africaine de la culture 2022 / Crédit photo : Zakaria Ouaghad
- D’où vient votre passion pour la musique ?
- La passion est une alchimie entre nos sentiments les plus intimes et ceux d’autrui. La mienne me vient d’un échange à la fois simple presque anecdotique ; au sein de ma cellule familiale ; et en même temps très solennel ; entre moi-même, mes attraits et ma culture ancestrale. J’ai grandis avec un père musicien, la musique fait partie intégrante de notre quotidien.
Dans ma vallée d’Aït Bou Oulli, mon père, dans les années 70, avait fondé son propre groupe avec ses concerts et son originalité musicale pour l’époque. Bercé par ce rythme de vie entre soirées à la maison et tournées avec mon père, mon penchant créatif ne pouvait qu’adopter la musique aussi comme passion.
Dans ma culture, la musique est présente en plein d’occasions, on ne peut pas y être indifférent. On y adhère donc par la filiation pour certains comme moi, mais, en tout cas, c’est transmis à travers nos ADN. Je dois ajouter que plus tard la réaction du public a beaucoup nourri ma passion d’enfance pour la musique. Les soutiens et les encouragements précieux du public ont transformé mon amour pour la musique en une passion créatrice et un métier. Sans compter bien toutes les rencontres humaines et professionnelles qui ont prêté leur confiance en voyant ce projet Jubantouja, lui adressent reconnaissance et opportunités de créer ensemble. Une chose est sûre, c’est que la musique est une passion très contagieuse !
- Vous jouez un style musical universel (le Rock) fusionné avec un autre purement national (l’Amazigh). Pourquoi cette fusion ?
- Pour comprendre l’univers qui fait le projet Jubantouja, il faudrait revenir à deux contextes phares : celui de la vallée rouge à Ait Bou Oulli, et le reste des expériences de mon parcours plus urbain.
Dans ma ville natale durant les années 70, mon père avait déjà fondé son propre groupe de musique. Ce qui m’a immensément bercé de rythmes et de connaissances musicales jusqu’à me donner des envies de scène, déjà entre l’âge de 5 et 9 ans. Puis quand ma famille a décidé de quitter Ait Bou Oulli pour s’installer à Azilal, la plus grande ville de la région, j’ai pu découvrir des nouveaux instruments, autre que le Banjo de mon père ou la radio. A commencé par ma première guitare puis avec l’ordinateur et l’Internet, grâce auxquels j’ai été inspiré par d’autres mouvements, par de nouvelles variations musicales proposées sur la Toile.
Des résonances Rock ont commencé à côtoyer mes réflexions, mes compositions et ma façon de jouer aux côtés de mes souvenirs d’Ahiddous par exemple. Donc, ma curiosité m’a toujours mené à observer, à analyser et à m’imprégner des éléments musicaux qui sont à la fois intéressants et qui portent une histoire.
Le rock est un genre très populaire pour les jeunes. Et puis on n’en trouvait pas en Tamazight, ni en terme de langue pour les paroles ni des thématiques extraites de la culture poétique amazighe. Et même si le rock n’est pas contestataire dès ses débuts, il est finalement un genre qui a pu porter des idées et des valeurs nobles, fortes et révoltées à travers l’Histoire. L’idée était donc de pouvoir, à travers un projet de rock alternatif, offrir à cette langue l’opportunité d’exister en poésie dans le champ de la musique occidentale contemporaine.
- Parlez-nous de votre première fois sur scène et comment était la réaction de l’audience, puisqu’écouter du Rock amazighophone n’est pas un show de tous les jours ?
- La participation de Jubantouja au festival Visa For Music a été notre première expérience de groupe professionnellement d’envergure et de renom. Et le format de cette année-là, dû aux conditions qu’imposaient la crise sanitaire, étant digital, nous n’avions pas pu observer directement cette réaction de l’audience. Mais nous l’avons à coup sûr retrouvé à travers leurs retours et le soutien qui s’en est suivi. Car à partir de cette expérience de scène a priori sans public physiquement présent, on a été pourtant très visible, en tout cas, beaucoup plus visible. Et je peux dire que le public a exprimé un intérêt réel actif et vif au-delà même de leur appréciation de la musique, embrassant de leur curiosité et de leur encouragement la globalité du projet Jubantouja. Une réaction positive guidée par la curiosité et l’envie de comprendre parfois, ainsi qu’une recherche de cette identité marocaine amazigh pour certains.
En tout cas même de la part des non amazighophones, les réactions vis à vis de la musique que des paroles dont la poésie, disent-ils, se ressent au-delà des sens des mots qui peuvent leur échapper, ont toujours été des réactions pleines d’entrain et de ravissement, et on en est très fiers!
- La passion est une alchimie entre nos sentiments les plus intimes et ceux d’autrui. La mienne me vient d’un échange à la fois simple presque anecdotique ; au sein de ma cellule familiale ; et en même temps très solennel ; entre moi-même, mes attraits et ma culture ancestrale. J’ai grandis avec un père musicien, la musique fait partie intégrante de notre quotidien.
Dans ma vallée d’Aït Bou Oulli, mon père, dans les années 70, avait fondé son propre groupe avec ses concerts et son originalité musicale pour l’époque. Bercé par ce rythme de vie entre soirées à la maison et tournées avec mon père, mon penchant créatif ne pouvait qu’adopter la musique aussi comme passion.
Dans ma culture, la musique est présente en plein d’occasions, on ne peut pas y être indifférent. On y adhère donc par la filiation pour certains comme moi, mais, en tout cas, c’est transmis à travers nos ADN. Je dois ajouter que plus tard la réaction du public a beaucoup nourri ma passion d’enfance pour la musique. Les soutiens et les encouragements précieux du public ont transformé mon amour pour la musique en une passion créatrice et un métier. Sans compter bien toutes les rencontres humaines et professionnelles qui ont prêté leur confiance en voyant ce projet Jubantouja, lui adressent reconnaissance et opportunités de créer ensemble. Une chose est sûre, c’est que la musique est une passion très contagieuse !
- Vous jouez un style musical universel (le Rock) fusionné avec un autre purement national (l’Amazigh). Pourquoi cette fusion ?
- Pour comprendre l’univers qui fait le projet Jubantouja, il faudrait revenir à deux contextes phares : celui de la vallée rouge à Ait Bou Oulli, et le reste des expériences de mon parcours plus urbain.
Dans ma ville natale durant les années 70, mon père avait déjà fondé son propre groupe de musique. Ce qui m’a immensément bercé de rythmes et de connaissances musicales jusqu’à me donner des envies de scène, déjà entre l’âge de 5 et 9 ans. Puis quand ma famille a décidé de quitter Ait Bou Oulli pour s’installer à Azilal, la plus grande ville de la région, j’ai pu découvrir des nouveaux instruments, autre que le Banjo de mon père ou la radio. A commencé par ma première guitare puis avec l’ordinateur et l’Internet, grâce auxquels j’ai été inspiré par d’autres mouvements, par de nouvelles variations musicales proposées sur la Toile.
Des résonances Rock ont commencé à côtoyer mes réflexions, mes compositions et ma façon de jouer aux côtés de mes souvenirs d’Ahiddous par exemple. Donc, ma curiosité m’a toujours mené à observer, à analyser et à m’imprégner des éléments musicaux qui sont à la fois intéressants et qui portent une histoire.
Le rock est un genre très populaire pour les jeunes. Et puis on n’en trouvait pas en Tamazight, ni en terme de langue pour les paroles ni des thématiques extraites de la culture poétique amazighe. Et même si le rock n’est pas contestataire dès ses débuts, il est finalement un genre qui a pu porter des idées et des valeurs nobles, fortes et révoltées à travers l’Histoire. L’idée était donc de pouvoir, à travers un projet de rock alternatif, offrir à cette langue l’opportunité d’exister en poésie dans le champ de la musique occidentale contemporaine.
- Parlez-nous de votre première fois sur scène et comment était la réaction de l’audience, puisqu’écouter du Rock amazighophone n’est pas un show de tous les jours ?
- La participation de Jubantouja au festival Visa For Music a été notre première expérience de groupe professionnellement d’envergure et de renom. Et le format de cette année-là, dû aux conditions qu’imposaient la crise sanitaire, étant digital, nous n’avions pas pu observer directement cette réaction de l’audience. Mais nous l’avons à coup sûr retrouvé à travers leurs retours et le soutien qui s’en est suivi. Car à partir de cette expérience de scène a priori sans public physiquement présent, on a été pourtant très visible, en tout cas, beaucoup plus visible. Et je peux dire que le public a exprimé un intérêt réel actif et vif au-delà même de leur appréciation de la musique, embrassant de leur curiosité et de leur encouragement la globalité du projet Jubantouja. Une réaction positive guidée par la curiosité et l’envie de comprendre parfois, ainsi qu’une recherche de cette identité marocaine amazigh pour certains.
En tout cas même de la part des non amazighophones, les réactions vis à vis de la musique que des paroles dont la poésie, disent-ils, se ressent au-delà des sens des mots qui peuvent leur échapper, ont toujours été des réactions pleines d’entrain et de ravissement, et on en est très fiers!
Ayoub Nabil, Jihad Raoudi, Jamal El Messaoudi, Youssef Bagas, Lahbib Ait Baychou/ Ph : Zakaria Ouaghad
- Venant de l’un des villages les plus isolés du Royaume, vous avez défié les obstacles, aujourd’hui vous enflammez la Toile. Quelle est la recette de votre réussite ?
- Je ne sais pas ce que vous entendez par réussite parce que le mot peut signifier plusieurs choses selon chacun. Mais pour moi, la réussite n’est pas une recette ou un lieu où il s’agirait d’arriver, mais la réussite est plutôt un état d’esprit, un état d’être.
Alors, pour moi, on se met en état de réussite en faisant les choses avec le coeur. Délivrer quelque chose de vrai d’abord pour soi est une façon d’accéder simplement à l’essentiel, un essentiel qui bien évidement se partage, à l’image de la musique que je compose et produis. Je ne vois pas du tout la scène comme un moment pour faire de l’animation ou « faire de la musique » comme l’entendraient certains commerciaux. Je monte sur scène parce que c’est un engagement envers moi-même d’abord et envers la société ensuite.
Quand on peut influencer les générations, il faut tout engager pour le faire bien, et sur ce point il m’a semblé intéressant et cohérent avec ma musique de pouvoir enrichir l’élément Tamazight, en le transmettant à ma façon aux futures générations à travers le projet Jubantouja. Et on pense avoir quand même réussi à cet égard. Quand on voit le nombre de messages que l’on reçoit de personnes venant de toutes les villes du Maroc, même les plus éloignés géographiquement, ça nous rend énormément heureux.
Finalement, peu importe d’où l’on vient, au contraire, je dirais justement qu’il faut déjà bien savoir d’où l’on vient pour être en phase avec cet état d’être dont je parlais et savoir embrasser non pas la réussite comme telle, mais tout cet univers qui, en fait, est un mode de vie.
- Après un premier album, vous êtes actuellement dans la région d’Agadir pour enregistrer un deuxième. Pouvez-vous partager avec nous les coulisses de ce dernier ? (Difficultés terrain, opportunités, bonnes surprises…).
- Effectivement, après le premier album de Jubantouja « Izda Mimoun », c’est maintenant une nouvelles expérience et aventure sur ce deuxième album. Cette résidence artistique dans la région d’Agadir nous permet de créer l’ambiance idéale pour pouvoir travailler ensemble dans une atmosphère créative détendue et qui nous correspond. On est non loin de l’océan, avec un petit compagnon à quatre pattes qui écoute déjà les titres en avant-première, les coulisses de cet album baignent dans une ambiance simple et conviviale !
Donc, il est sûr que si je devais parler des difficultés de terrain, se serait plutôt regardant le budget et la logistique. Mais on est toujours à la recherche de qualité et d’originalité et peu importe les conditions. Alors, il faut faire avec les moyens de bord certes, mais encore une fois pour moi, il s’agit de savoir donner de soi au maximum pour savoir recevoir. Donner de ses qualités de musicien, de chanteur et de compositeur au maximum, chouchouter son inspiration comme on aime prendre soin d’un proche et l’écouter nous raconter ses plus tendres et incroyables histoires de vie ! Et pour la bonne surprise, puisque je vais vous la délivrer, ne vous étonnez pas, donc, de trouver quelques titres en anglais !
- C’est quoi votre objectif et qu’attendez-vous du public quand il écoute votre musique ?
- Depuis nos débuts puis avec le premier album, ça a été une explosion d’énergie avec le public pour lequel nous sommes et nous serons infiniment reconnaissants. A chaque fois, on est bercés et motivés par leur générosité et leur support, c’est tout à fait stimulant pour tout artiste. Et pour ce qui est de notre objectif, il est clairement en marche : comme la Darija a fait sa place dans le rock, le rap ou la pop marocains, aujourd’hui l’amazigh dans les genres rock, folk et indie que l’on aborde a clairement fait sa place sur la scène urbaine. Et la preuve en est que beaucoup d’évènements et de Festivals cette année à travers tous le Royaume ont célébré cette langue par des concerts vraiment géniaux. C’est toujours un honneur pour nous de pouvoir transmettre cette poésie au public.
- Je ne sais pas ce que vous entendez par réussite parce que le mot peut signifier plusieurs choses selon chacun. Mais pour moi, la réussite n’est pas une recette ou un lieu où il s’agirait d’arriver, mais la réussite est plutôt un état d’esprit, un état d’être.
Alors, pour moi, on se met en état de réussite en faisant les choses avec le coeur. Délivrer quelque chose de vrai d’abord pour soi est une façon d’accéder simplement à l’essentiel, un essentiel qui bien évidement se partage, à l’image de la musique que je compose et produis. Je ne vois pas du tout la scène comme un moment pour faire de l’animation ou « faire de la musique » comme l’entendraient certains commerciaux. Je monte sur scène parce que c’est un engagement envers moi-même d’abord et envers la société ensuite.
Quand on peut influencer les générations, il faut tout engager pour le faire bien, et sur ce point il m’a semblé intéressant et cohérent avec ma musique de pouvoir enrichir l’élément Tamazight, en le transmettant à ma façon aux futures générations à travers le projet Jubantouja. Et on pense avoir quand même réussi à cet égard. Quand on voit le nombre de messages que l’on reçoit de personnes venant de toutes les villes du Maroc, même les plus éloignés géographiquement, ça nous rend énormément heureux.
Finalement, peu importe d’où l’on vient, au contraire, je dirais justement qu’il faut déjà bien savoir d’où l’on vient pour être en phase avec cet état d’être dont je parlais et savoir embrasser non pas la réussite comme telle, mais tout cet univers qui, en fait, est un mode de vie.
- Après un premier album, vous êtes actuellement dans la région d’Agadir pour enregistrer un deuxième. Pouvez-vous partager avec nous les coulisses de ce dernier ? (Difficultés terrain, opportunités, bonnes surprises…).
- Effectivement, après le premier album de Jubantouja « Izda Mimoun », c’est maintenant une nouvelles expérience et aventure sur ce deuxième album. Cette résidence artistique dans la région d’Agadir nous permet de créer l’ambiance idéale pour pouvoir travailler ensemble dans une atmosphère créative détendue et qui nous correspond. On est non loin de l’océan, avec un petit compagnon à quatre pattes qui écoute déjà les titres en avant-première, les coulisses de cet album baignent dans une ambiance simple et conviviale !
Donc, il est sûr que si je devais parler des difficultés de terrain, se serait plutôt regardant le budget et la logistique. Mais on est toujours à la recherche de qualité et d’originalité et peu importe les conditions. Alors, il faut faire avec les moyens de bord certes, mais encore une fois pour moi, il s’agit de savoir donner de soi au maximum pour savoir recevoir. Donner de ses qualités de musicien, de chanteur et de compositeur au maximum, chouchouter son inspiration comme on aime prendre soin d’un proche et l’écouter nous raconter ses plus tendres et incroyables histoires de vie ! Et pour la bonne surprise, puisque je vais vous la délivrer, ne vous étonnez pas, donc, de trouver quelques titres en anglais !
- C’est quoi votre objectif et qu’attendez-vous du public quand il écoute votre musique ?
- Depuis nos débuts puis avec le premier album, ça a été une explosion d’énergie avec le public pour lequel nous sommes et nous serons infiniment reconnaissants. A chaque fois, on est bercés et motivés par leur générosité et leur support, c’est tout à fait stimulant pour tout artiste. Et pour ce qui est de notre objectif, il est clairement en marche : comme la Darija a fait sa place dans le rock, le rap ou la pop marocains, aujourd’hui l’amazigh dans les genres rock, folk et indie que l’on aborde a clairement fait sa place sur la scène urbaine. Et la preuve en est que beaucoup d’évènements et de Festivals cette année à travers tous le Royaume ont célébré cette langue par des concerts vraiment géniaux. C’est toujours un honneur pour nous de pouvoir transmettre cette poésie au public.
« Tant que le public danse et s’enivre des mélodies, alors le sens profond des termes est déjà en train de faire son effet »!
Jubantouja est un projet musical et culturel, mais au-delà de la compréhension de la langue par les paroles des chansons, Jubantouja est aussi une expérience : tant que le public danse et s’enivre des mélodies, alors le sens profond des termes est déjà en train de faire son effet !
Recueillis par Yassine ELALAMI