- Quel regard portez-vous sur les changements que connaît la scène technologique à l’échelle mondiale ?
Cependant, il ne faut pas se laisser prendre par les effets d'annonce de plus en plus multiples. Bien que les outils comme ChatGPT et DeepSeek soient révolutionnaires et aient rapidement conquis un large public, mais derrière leur succès se cache une guerre commerciale liée à la capitalisation boursière, où chaque acteur cherche à emporter la mise.
En coulisses, la Chine et les États-Unis s'affrontent dans un bras de fer stratégique. Alors que l'utilisateur ne perçoit pas de différences significatives entre les IA émergentes, les pays y voient un enjeu stratégique de sécurité qu'ils cherchent à dominer à tout prix.
- Comment le Maroc se positionne-t-il dans ce contexte ?
Cela ne pourrait se concrétiser que si l’administration et les entreprises prennent des risques en adoptant les produits créés par ces jeunes talents. Il est temps de passer d’une logique de consommation à celle de la création et de l’utilisation de nos propres produits adaptés à nos besoins spécifiques. - Le Maroc s’emploie à généraliser l'infrastructure de formation en sciences de l’informatique et de technologies.
- Que recommandez-vous pour garantir la réussite de ce challenge ?
En somme, ils connaissent l'intégralité du stack, soit l’environnement technique d’un logiciel informatique. Cela démontre bien que la formation doit englober tous ces aspects. On ne peut pas se contenter de se concentrer uniquement sur la data science, par exemple. Il faut être informaticien, mathématicien, et comprendre l'ensemble des enjeux. À Benguerir et à Rabat, au College of Computing, nous nous engageons à former des ingénieurs qui possèdent toutes ces compétences, afin qu'ils puissent s'adapter aux algorithmes, aux ressources critiques, aux puces, et à bien d'autres domaines.
- Est-ce possible que dans les années à venir, on puisse voir l'émergence d'un modèle de langage made in Morocco ?
Toutefois, l’outil marocain ne serait pas généraliste, mais plutôt destiné à des applications spécifiques dans divers domaines, tels que la santé, la finance, entre autres. Cela permettrait de minimiser les ressources utilisées tout en étant plus ciblé et adapté aux besoins locaux.
- Quelle est votre ambition par rapport au chemin parcouru par notre pays en matière de développement digital ?
Le deuxième principe consiste à développer des logiciels souverains que les entreprises et les administrations puissent utiliser au quotidien. Encore une fois, il faut rappeler que ce n’est pas question de créer des produits complexes, mais des solutions toutes simples qui pourront faciliter notre quotidien comme celles développées pendant la crise de la Covid-19. Enfin, il faut investir dans la formation de jeunes capables de produire des outils made in Morocco en collaboration avec le monde de l’entreprise.
- Comme vous l’avez bien dit, l'Intelligence Artificielle est désormais omniprésente dans notre quotidien. Comment garantir une utilisation efficace de ces outils, tout en préservant ses compétences cognitives ?
De la même manière, il est important d'apprendre aux gens à ne pas utiliser des outils comme GPT avant de leur enseigner à les utiliser correctement. Mais ces deux étapes doivent aller de pair. Comment y parvenir ? C'est simple : il suffit de fixer des règles. Par exemple, dans mes examens à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, l’accès à Internet est interdit.
Recueillis par
Mina ELKHODARI
Mina ELKHODARI
Que la bataille continue vers la meilleure IA générative !
L’application chinoise d’Intelligence Artificielle, DeepSeek, a récemment fait sensation en dominant les classements des téléchargements gratuits sur l’App Store d’Apple, non seulement en Chine, mais également aux États-Unis. L’application a suscité l'intérêt des utilisateurs, notamment pour ses capacités de traitement du langage naturel. Cette performance spectaculaire illustre l’essor fulgurant des technologies d’IA, ainsi que l’impact croissant des entreprises chinoises dans l’industrie mondiale des applications mobiles.
Mais, l’application chinoise est-elle en mesure de détrôner ChatGPT sur le long terme ? Rachid Guerraoui note, à cet égard, que DeepSight utilise ChatGPT comme modèle de base à travers un processus de distillation, cela lui permet de tirer parti des connaissances du modèle existant. « Cela ne signifie pas nécessairement que DeepSeek surpassera ChatGPT dans tous les domaines, mais plutôt qu'il offrira certains avantages, notamment une meilleure gestion des données et la possibilité d’être téléchargeable, permettant de développer une utilisation personnalisée pour chacun », souligne-t-il.