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Interview avec Soufyane Rhazi : L’intermédiation, talon d’Achille de l’immobilier


Rédigé par Safaa KSAANI Dimanche 2 Octobre 2022

La plateforme Milkiya permet aux agents immobiliers de recruter, former et développer leur propre réseau grâce à un système de parrainage. Un réseau nouvellement créé à l’heure où l’intermédiation immobilière reste peu organisée.



- Milkiya (propriété en arabe), le premier réseau d’agents immobiliers indépendants au Maroc, a été officiellement lancé le 7 septembre. Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer cette agence immobilière 100% digitale ?

- La pandémie du Covid-19 a eu pour effet d’accélérer la transformation numérique du secteur immobilier, permettant à l’agent immobilier de tirer parti des nouvelles technologies pour une meilleure expérience avec ses clients, mais également de maintenir un lien de confiance. Cette réalité nous a amené à lancer Milkiya qui se décline comme plateforme digitale accessible et inclusive visant à favoriser la dématérialisation du secteur immobilier, à travers des procédures et démarches administratives digitales simplifiées.

Le conseiller Milkiya peut effectuer des transactions sécurisées et un suivi permanent de ces transactions et du volet rémunération. Il devient son propre patron, décide de ses horaires et de son lieu de travail, tout en économisant les coûts de structure et de fonctionnement.


- Comment comptez-vous procéder pour professionnaliser le secteur de l’intermédiation immobilière ?

- Milkiya a pour ambition de contribuer à la professionnalisation du secteur de l’intermédiation immobilière avec une montée en compétence à travers des outils digitaux innovants et performants. Le réseau permet ainsi aux agents de s’adapter aux nouveaux modes de consommation et aux innovations qui ont profondément transformé le secteur immobilier. Concrètement, nous aidons tous les agents Milkiya à recruter et parrainer d’autres agents pour développer leur réseau et mieux servir leurs clients. Se présenter comme un agent Milkiya sera pour le client un gage de professionnalisme, de transparence et de confiance.


- Dans quelle mesure l’absence d’un cadre juridique régissant le métier d’agent immobilier, est-il préjudiciable au métier ?

- L’intermédiation immobilière est peu organisée au Maroc, n’importe qui peut se déclarer agent immobilier sans la moindre qualification, sachant que ce métier nécessite des compétences nombreuses et spécifiques. C’est là que Milkiya intervient en apportant des solutions concrètes dans un milieu où le vide juridique pèse sur le statut d’agent immobilier indépendant, à savoir un parcours de formation sur des thématiques liées au secteur de l’immobilier, sur la digitalisation ainsi que des outils innovants et performants qui favorisent l’organisation et la professionnalisation du secteur.

Basé sur un concept novateur, le marketing de réseau, Milkiya propose une évolution sociale à l’ensemble des acteurs de la profession comme les prescripteurs externes au réseau (gardiens d’immeuble, gardiens de voiture, samsars…). En en faisant des auto-entrepreneurs, la plateforme leur confère un statut professionnel et une reconnaissance sociale.


- En tant que professionnel, quels sont les obstacles qui paralysent le développement du métier ?

- Le métier d’agent immobilier fait partie des métiers qui ont été considérablement impactés par la pandémie du Covid-19, suite à une baisse du pouvoir d’achat, un changement au niveau des habitudes de consommation, etc. Pour faire face à ses obstacles, Milkiya, premier réseau d’agents immobiliers au Maroc, permet de s’adapter aux nouveaux modes de consommation et aux innovations, qui ont profondément réinventé le secteur immobilier partout dans le monde, à travers la dématérialisation de toutes les étapes du projet immobilier. Grâce à une plateforme numérique innovante, on vise à faire des obstacles plutôt des opportunités pour les professionnels.


- À votre avis, faut-il rendre le métier accessible uniquement via la formation certifiée et reconnue par l’État ?

- La profession d’agent immobilier requiert des compétences et des qualités humaines bien spécifiques. Il doit être capable de répondre le plus finement possible aux besoins et attentes des clients et de s’adapter en permanence aux exigences et contraintes du marché. Il doit également posséder des connaissances réglementaires, fiscales, juridiques et économiques pour conseiller ses clients.

Pour cela, il faut qu’il ait un niveau d’étude équivalent à un Bac+2 ou cinq ans d’expérience minimum pour être en mesure de mener à bien son activité. Dans cette optique, Milkiya accompagne les agents, justifiant d’au moins 5 ans d’expérience, en leur proposant des outils digitaux innovants pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, ainsi que pour s’adapter aux nouvelles tendances qui ont émergé après la crise liée à Covid-19.


- Vous êtes tout de même concurrencés par les nouvelles plateformes d’annonce. S’agit-il d’une menace pour vous ?

- Les nouvelles plateformes d’annonce sont au contraire des partenaires et non des concurrents. Notre principale mission est de contribuer à la professionnalisation du secteur de l’intermédiation immobilière en créant un réseau d’agents qui s’entraident pour monter en compétences et accélérer leur carrière à l’ère digitale.

Milkiya dispose d’une plateforme numérique complète qui permet la multidiffusion des annonces de ses conseillers dans les sites partenaires. Nous sommes donc loin d’être un site d’annonce mais un générateur de nouveaux clients pour les plateformes d’annonces immobilières. Nos services permettront également de favoriser la dématérialisation du secteur immobilier, à travers des procédures et démarches administratives simplifiées et digitalisées. Et cela ne peut se faire qu’en fédérant les forces de tous les acteurs du secteur immobilier, à savoir les plateformes d’annonces qui jouent un rôle important.



Recueillis par S. K.
 

Parlement


La réglementation du métier d’agent immobilier
aux calendes grecques
 

Plusieurs textes relatifs au secteur de l’immobilier traînent dans le circuit, et ce, depuis des années. Parmi ceux-ci on trouve le projet de loi relatif à l’exercice de l’activité d’agent immobilier, qui a été déposé dès 2014. Il a atterri sur la table du Secrétariat général du gouvernement en 2017. Depuis, il n’est toujours pas approuvé.

En l’absence d’un texte juridique qui la réglemente, l’intermédiation immobilière subit l’anarchie, bien qu’elle soit l’un des principaux maillons de cet écosystème. Rappelons que le projet de loi réglementant la profession des agents immobiliers s’articule autour d’une trentaine d’articles. Il édicte les dispositions relatives à l’organisation de la profession d’agent immobilier en tant que profession libérale régie par la loi.

Parmi ces dispositions, l’agent immobilier doit obligatoirement disposer d’un bureau physique où il pourra exercer son métier sachant qu’à l’heure actuelle, la plupart des agents exercent depuis les cafés ou leur domicile.

La réglementation de ce secteur passe également par la détermination des transactions immobilières qui devraient obligatoirement passer par le notaire. Ce dernier est amené à déclarer l’agence immobilière dans le contrat final et s’obliger à garantir que les contractants payent la totalité des honoraires de l’agence immobilière. Toutefois, malgré le flou qui entoure ce dossier, les professionnels restent confiants et aspirent à ce que ce dossier sorte du placard du Parlement.


S. K.
 
 








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