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Interview avec Yassine Bentaleb : « Il faut réveiller les consciences pour consommer de manière responsable »


Rédigé par Safaa KSAANI Dimanche 25 Septembre 2022

La start-up Foodeals promeut la valorisation des invendus et la réduction du gaspillage. Elle entend également favoriser le zéro déchet. Interview avec son fondateur.



- Si l’on devait résumer l’activité de Foodeals en quelques mots…

- C’est un “foodwaste management system”. Foodeals est une application web et mobile qui connecte toutes les parties prenantes dans le but de réduire le gaspillage alimentaire et transformer le manque à gagner en opportunité. La start-up a aujourd’hui une mission noble à impact multidimensionnel : social, économique et environnemental. Concrètement, la plateforme connecte les générateurs du gaspillage que sont généralement les industriels, la grande distribution, les distributeurs, les cafés, les hôtels et les restaurants, en plus des traiteurs et pâtisseries.

Ces partenaires sont connectés avec les clients finaux pour qu’ils puissent leur vendre des produits dont la date de péremption est proche ou des produits dont l’emballage est défaillant. Cela permet, d’un côté, l’amélioration du pouvoir d’achat et augmente le panier moyen de chaque client. De l’autre côté, ça facilite la tâche pour les professionnels.

Au lieu de procéder à la destruction des produits ciblés, on les vend à des prix moins chers. L’idée est de récupérer une petite valeur, ou au moins récupérer le prix d’achat.
 
L’Etat doit jouer son rôle en travaillant sur une législation qui va booster l’écosystème du gaspillage alimentaire.


- Que voyez-vous comme autres solutions pour réduire le gaspillage à l’avenir ?

- Il y a plusieurs secteurs d’activité qui génèrent beaucoup de gaspillage tels que les cantines, les traiteurs, les ménages. Il faut savoir que le premier générateur de gaspillage alimentaire est chaque ménage. On a une mauvaise gestion de nos courses et des produits mis au placard de nos cuisines. Je pense à une autre solution pour connecter les particuliers. En parallèle, la population doit d’abord assimiler l’impact négatif du gaspillage alimentaire sur l’économie et sur l’environnement ainsi que d’autres effets sociaux.


- Au sujet de la communication éducative, avez-vous des idées sur les outils qui pourraient être mis en place ?

- C’est un point crucial qui va réveiller les consciences pour consommer de manière responsable. On doit aller vers le fond : la jeunesse, les écoles, les clubs, le foyer… Généralement, ce projet doit être porté par un ministère ou un ensemble de ministères, à travers des établissements compétents, capables d’établir une stratégie de communication institutionnelle pour vulgariser le concept. Il est temps de penser corporate.


- De manière plus large, à quel point les lois pourraient-elles être améliorées pour aller dans le sens de la lutte contre le gaspillage alimentaire ? 

- Aujourd’hui, il n’y a pas de loi qui interdit aux professionnels de jeter ou de détruire de la nourriture, comme c’est le cas dans de nombreux pays. On n’a pas de lois anti-gaspillage alimentaire ou qui encouragent les entreprises au corporate. Plusieurs pays en Europe et aux Etats Unis ont mis à la disposition des professionnels des crédits impôt. De là apparaît le rôle de Foodeals et d’autres plateformes en intermédiation entre les associations, les citoyens et les entreprises. L’Etat doit jouer son rôle en travaillant sur une législation qui va booster l’écosystème du gaspillage alimentaire.

 


Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait


« Militant anti-gaspillage »
 
Yassine Bentaleb a plus de onze ans d’expérience dans le marketing et la vente dans le domaine bancaire et le conseil stratégique. C’est dans le cadre de son activité qu’il a régulièrement constaté un gaspillage alimentaire à la fin des évènements et buffets. Il décide alors de s’y attaquer avec l’équipe de son entreprise Smartmove Consulting (cabinet de conseil en stratégie marketing).

« En 2019, nous nous sommes lancés dans la production de la solution anti-gaspillage Foodeals. La plateforme a été ensuite incubée par CDG Invest dans le cadre du programme 212 Funders. Cela nous a permis une bonne mise en relation avec le fondateur de Phoenix qui est parmi les leaders mondiaux de la lutte contre le gaspillage en Europe. C’est une boîte très inspirante qui fait un chiffre d’affaires important et a levé pas mal de fois des millions d’euros de fonds », nous raconte-t-il.

Lancée en 2021, l’application mobile a été téléchargée plus de 8.000 fois. Opérationnelle dans un premier temps à Fès, la start-up compte sur l’année 2022 pour lancer la solution dans les autres grandes villes.

« Mes journées sont typiques, j’assiste l’équipe marketing car on est dans une phase de lancement de nouveaux produits qui verront le jour dans deux semaines. Je suis également chargé de la gestion des partenaires financiers et de la recherche des fonds qui ont la même ambition que nous. La nôtre est de lancer Foodeals dans la région MENA », nous fait-il part de ses ambitions.
 








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