- Comment avez-vous entamé votre carrière de rappeur ?
- S’agissant de ma carrière de rappeur, il y a deux manières d’en parler. Ma première séance d’enregistrement studio et la première fois que j’ai touché de l’argent. En 1993, je me suis mis, pour la première fois, devant un micro pour enregistrer dans un studio, la première fois que je reçois de l’argent pour ce que je fais, c’était en 2006, vous pouvez bien distinguer le grand écart entre les deux ! Du coup, pour répondre d’une façon professionnelle, je dirai 2006, l’année durant laquelle j’ai reçu le premier Prix du Tremplin du Festival L’Boulevard. C’est là où je me suis enfin rendu compte que cette passionnante aventure peut être considérée comme une carrière.
- Quelle a été votre sensation lors de votre première montée sur scène ?
- Beaucoup d’adrénaline, d’inquiétude, de trac et tout ce que vous pouvez imaginer, y compris les phobies et les craintes. Mais, heureusement, ma première montée sur scène a été couronnée par le premier Prix du Tremplin, une chose qui m’a aidé pour faire aboutir plein d’objectifs. Cette sensation après mon premier show sur scène et le public qui crie mon nom, est restée marquée dans ma mémoire.
- Vous comptez 6 albums et EP dans votre discographie, le premier date de 2010. « Lmoutchou Family » comme son nom l’indique, l’album nous parle des membres de la famille Lmoutchou, leurs quotidiens et leurs addictions ? D’où est venue l’idée de réaliser ce premier Album ?
- En effet, mon premier album c’était en 2008 « Ta Rial », avec un groupe de jazz suisse, on a fait ensemble un EP de 4 morceaux, le deuxième c’était une mixtape, début 2010 : «Dars Khass Ba3da l’Album», et en fin 2010 on a réalisé le troisième support physique « Lmoutchou Family ». Mais on peut le considérer comme le premier album, puisqu’il représente la grande sortie de Lmoutchou/Mobydick sur la scène du Rap, et il est l’album le plus reconnu. J’avais fait des morceaux auparavant, mais je n’étais qu’une espèce de narrateur de plusieurs histoires à la fois, après j’ai eu l’idée de réaliser un projet qui représente une seule chronologie d’évènements.
Lmoutchou a joué le personnage principal et j’ai consacré un morceau pour chaque membre de sa famille, un pour son père, un racontant la galère de la maman et un pour ses délires à lui, son quotidien et ses histoires d’amour ratées. J’ai fait en sorte que l’album raconte en entier une histoire qui sort du social. Je regarde beaucoup de films, à un certain moment donné, je me suis dit pourquoi ne pas adapter cela en un album qui raconte un enchaînement d’évènements cohérent !
- Dans un contexte critique du Rap marocain, quel est votre constat sur la situation du Rap au Maroc aujourd’hui ?
- Chaque domaine a des avantages et des inconvénients, des hauts et des bas et bien sûr des moments critiques. Parmi les avantages, dans un contexte aussi critique comme vous l’indiquez, le Rap marocain est en train de rivaliser avec les pays européens que ça soit en matière de Stream et de profit ou en matière de professionnalisme. Les artistes marocains sont devenus de vraies superstars dans la sphère mondiale, ce qui n’est pas mal pour le Rap marocain. D’un autre côté, tellement ces artistes ont été médiatisés, tellement ils ont eu des projecteurs sur eux, que cela leur a créé énormément d’entraves et de problèmes.
- Vos textes sont teintés d’humour et de dérision, évoquent les travers sociaux et politiques du Maroc. Vous vous considérez comme un rappeur engagé ?
- On va l’être pendant toute notre vie, surtout nous les rappeurs, étant donné qu’on est surveillé pour nos textes. Tôt ou tard, une phrase, une citation ou bien une réplique va surgir et on sera jugé. On est engagé qu’on le veuille ou pas, mais engagé envers quoi exactement ? On veut tous, en fin de compte, la même chose : un monde meilleur. Mais ce qu’on demande tant, nous rappeurs, c’est qu’on soit compris avant qu’on soit jugé. Au final, tu peux ne pas aimer ce que je fais, mais tu finiras par céder au fait, qu’on a nos différences et au final, si tu acceptes la mienne et que j’accepte la tienne, ça ne sera que du bien.
- Votre liberté d’esprit et de création a un prix, vous avez toujours eu du mal à recueillir du soutien, vous vous considérez toujours comme étant un artiste indépendant ?
- On n’est pas sous une entité qui nous contrôle, on est tous libres. Mais, plus on cherche à être libre, plus c’est difficile. En fin de compte, il y a l’autoroute et il y a la piste, quand tu prends la première, tu arriveras rapidement mais il y a du péage, de la gendarmerie et du contrôle, quand tu prends la deuxième, il n’ y a rien de tout ça, mais tu roules doucement. La deuxième route t’empêche les confrontations directes, pour cela la quasi-totalité des rappeurs marocains choisissent d’opter pour une carrière indépendante.
- Quel message voulez-vous transmettre à travers vos chansons ?
- Je ne peux pas limiter toutes mes chansons dans un seul message, il y en a plusieurs, mais finalement on veut du bien pour tout le monde. Quoiqu’on essaie de donner l’air d’un «bad example», au fond ce n’est pas le cas.
- Quels sont vos prochains projets ?
- J’ai tellement de projets qu’au final, je ne sais pas quoi faire, actuellement, on se bat pour réaliser le clip d’un morceau intitulé «Chopin» au nom du grand musicien « Frédéric Chopin ». D’habitude, je ne communique pas ce genre d’informations, mais cette fois, je vais le faire. On essaie de faire un clip d’une certaine qualité, du coup, ça nous prend du temps !
- S’agissant de ma carrière de rappeur, il y a deux manières d’en parler. Ma première séance d’enregistrement studio et la première fois que j’ai touché de l’argent. En 1993, je me suis mis, pour la première fois, devant un micro pour enregistrer dans un studio, la première fois que je reçois de l’argent pour ce que je fais, c’était en 2006, vous pouvez bien distinguer le grand écart entre les deux ! Du coup, pour répondre d’une façon professionnelle, je dirai 2006, l’année durant laquelle j’ai reçu le premier Prix du Tremplin du Festival L’Boulevard. C’est là où je me suis enfin rendu compte que cette passionnante aventure peut être considérée comme une carrière.
- Quelle a été votre sensation lors de votre première montée sur scène ?
- Beaucoup d’adrénaline, d’inquiétude, de trac et tout ce que vous pouvez imaginer, y compris les phobies et les craintes. Mais, heureusement, ma première montée sur scène a été couronnée par le premier Prix du Tremplin, une chose qui m’a aidé pour faire aboutir plein d’objectifs. Cette sensation après mon premier show sur scène et le public qui crie mon nom, est restée marquée dans ma mémoire.
- Vous comptez 6 albums et EP dans votre discographie, le premier date de 2010. « Lmoutchou Family » comme son nom l’indique, l’album nous parle des membres de la famille Lmoutchou, leurs quotidiens et leurs addictions ? D’où est venue l’idée de réaliser ce premier Album ?
- En effet, mon premier album c’était en 2008 « Ta Rial », avec un groupe de jazz suisse, on a fait ensemble un EP de 4 morceaux, le deuxième c’était une mixtape, début 2010 : «Dars Khass Ba3da l’Album», et en fin 2010 on a réalisé le troisième support physique « Lmoutchou Family ». Mais on peut le considérer comme le premier album, puisqu’il représente la grande sortie de Lmoutchou/Mobydick sur la scène du Rap, et il est l’album le plus reconnu. J’avais fait des morceaux auparavant, mais je n’étais qu’une espèce de narrateur de plusieurs histoires à la fois, après j’ai eu l’idée de réaliser un projet qui représente une seule chronologie d’évènements.
Lmoutchou a joué le personnage principal et j’ai consacré un morceau pour chaque membre de sa famille, un pour son père, un racontant la galère de la maman et un pour ses délires à lui, son quotidien et ses histoires d’amour ratées. J’ai fait en sorte que l’album raconte en entier une histoire qui sort du social. Je regarde beaucoup de films, à un certain moment donné, je me suis dit pourquoi ne pas adapter cela en un album qui raconte un enchaînement d’évènements cohérent !
- Dans un contexte critique du Rap marocain, quel est votre constat sur la situation du Rap au Maroc aujourd’hui ?
- Chaque domaine a des avantages et des inconvénients, des hauts et des bas et bien sûr des moments critiques. Parmi les avantages, dans un contexte aussi critique comme vous l’indiquez, le Rap marocain est en train de rivaliser avec les pays européens que ça soit en matière de Stream et de profit ou en matière de professionnalisme. Les artistes marocains sont devenus de vraies superstars dans la sphère mondiale, ce qui n’est pas mal pour le Rap marocain. D’un autre côté, tellement ces artistes ont été médiatisés, tellement ils ont eu des projecteurs sur eux, que cela leur a créé énormément d’entraves et de problèmes.
- Vos textes sont teintés d’humour et de dérision, évoquent les travers sociaux et politiques du Maroc. Vous vous considérez comme un rappeur engagé ?
- On va l’être pendant toute notre vie, surtout nous les rappeurs, étant donné qu’on est surveillé pour nos textes. Tôt ou tard, une phrase, une citation ou bien une réplique va surgir et on sera jugé. On est engagé qu’on le veuille ou pas, mais engagé envers quoi exactement ? On veut tous, en fin de compte, la même chose : un monde meilleur. Mais ce qu’on demande tant, nous rappeurs, c’est qu’on soit compris avant qu’on soit jugé. Au final, tu peux ne pas aimer ce que je fais, mais tu finiras par céder au fait, qu’on a nos différences et au final, si tu acceptes la mienne et que j’accepte la tienne, ça ne sera que du bien.
- Votre liberté d’esprit et de création a un prix, vous avez toujours eu du mal à recueillir du soutien, vous vous considérez toujours comme étant un artiste indépendant ?
- On n’est pas sous une entité qui nous contrôle, on est tous libres. Mais, plus on cherche à être libre, plus c’est difficile. En fin de compte, il y a l’autoroute et il y a la piste, quand tu prends la première, tu arriveras rapidement mais il y a du péage, de la gendarmerie et du contrôle, quand tu prends la deuxième, il n’ y a rien de tout ça, mais tu roules doucement. La deuxième route t’empêche les confrontations directes, pour cela la quasi-totalité des rappeurs marocains choisissent d’opter pour une carrière indépendante.
- Quel message voulez-vous transmettre à travers vos chansons ?
- Je ne peux pas limiter toutes mes chansons dans un seul message, il y en a plusieurs, mais finalement on veut du bien pour tout le monde. Quoiqu’on essaie de donner l’air d’un «bad example», au fond ce n’est pas le cas.
- Quels sont vos prochains projets ?
- J’ai tellement de projets qu’au final, je ne sais pas quoi faire, actuellement, on se bat pour réaliser le clip d’un morceau intitulé «Chopin» au nom du grand musicien « Frédéric Chopin ». D’habitude, je ne communique pas ce genre d’informations, mais cette fois, je vais le faire. On essaie de faire un clip d’une certaine qualité, du coup, ça nous prend du temps !
Recueillis par Yassine ELALAMI
Younes Taleb, plume acérée du Rap marocain
Younes Taleb, alias Mobydick ou Lmoutchou, né dans le quartier Hassan à Rabat, est un rappeur et producteur marocain. Il est aussi à la tête de « Adghal Records », l’une des premières boîtes de production spécialisée dans le Rap au Maroc.
Le Rap n’était pas sa première vocation. Il se voyait plutôt danseur. A tel point qu’il était connu dans son quartier par «Younes Michael», puisqu’il savait danser le Moonwalk de Micheal Jackson avec brio.
Début des années 90, la passion du Rap l’a envahi et il a commencé à écrire en français. Il avait intégré deux groupes : «NGM (Nouvelle Génération Marocaine)» puis «La Sekte» respectivement en 1993/1994 et en 2004. Par la suite, il s’est lancé dans une carrière en solo.
Grand gagnant en 2006 de la compétition Tremplin catégorie rap/hip hop, Mobydick a depuis tracé son chemin (1 album, 2 EP, 4 mixtapes, et des millions de vues sur sa chaîne YouTube), pour devenir l’un des rappeurs les plus respectés du Game, par les nouveaux MC comme par les anciens. Son rap en français (Ma clique et moi) a laissé place à une plume en darija des plus reconnaissables (Toc toc, Mou3ella9at, Ddi Ma T3awed…).
Enfant de la petite classe moyenne urbaine, ce bachelier qui n’a pas suivi d’études supérieures est un fan de comics et de super-héros américains, auxquels il fait parfois allusion dans ses chansons. Mobydick-L’Moutchou a toujours fait parler de lui à travers ses projets osés qui, en tout cas, ne laissent pas indifférent.
Derrière l’image du rappeur arrogant qui pourrait se dégager à travers ses paroles et ses vidéos clips, Lmoutchou fait preuve d’une modestie qui surprend agréablement.
Le Rap n’était pas sa première vocation. Il se voyait plutôt danseur. A tel point qu’il était connu dans son quartier par «Younes Michael», puisqu’il savait danser le Moonwalk de Micheal Jackson avec brio.
Début des années 90, la passion du Rap l’a envahi et il a commencé à écrire en français. Il avait intégré deux groupes : «NGM (Nouvelle Génération Marocaine)» puis «La Sekte» respectivement en 1993/1994 et en 2004. Par la suite, il s’est lancé dans une carrière en solo.
Grand gagnant en 2006 de la compétition Tremplin catégorie rap/hip hop, Mobydick a depuis tracé son chemin (1 album, 2 EP, 4 mixtapes, et des millions de vues sur sa chaîne YouTube), pour devenir l’un des rappeurs les plus respectés du Game, par les nouveaux MC comme par les anciens. Son rap en français (Ma clique et moi) a laissé place à une plume en darija des plus reconnaissables (Toc toc, Mou3ella9at, Ddi Ma T3awed…).
Enfant de la petite classe moyenne urbaine, ce bachelier qui n’a pas suivi d’études supérieures est un fan de comics et de super-héros américains, auxquels il fait parfois allusion dans ses chansons. Mobydick-L’Moutchou a toujours fait parler de lui à travers ses projets osés qui, en tout cas, ne laissent pas indifférent.
Derrière l’image du rappeur arrogant qui pourrait se dégager à travers ses paroles et ses vidéos clips, Lmoutchou fait preuve d’une modestie qui surprend agréablement.