Le Maroc parie sur le secteur halieutique pour aboutir au développement durable. A votre avis, le Royaume est-il suffisamment outillé en matière de ressources humaines pour réussir ce challenge ?
Je dirai non, pour plusieurs raisons, liées notamment à l’insuffisance des effectifs de formateurs dans les diverses disciplines en lien à l'halieutique, et à l’absence d’une institution de formation dédiée entièrement à ce domaine. Il s’agit, à mon sens, de deux problèmes majeurs capables de freiner le développement de ce secteur à fort potentiel.
Où en est-on au Maroc, aujourd’hui, par rapport à la formation dans ce domaine ?
-En retard. Ce sont d'ailleurs, aujourd’hui, les étudiants qui ne sont pas les mieux classés en 2ème année du cycle préparatoire en Agronomie qui sont orientés vers la filière "Halieutique", ce qui témoigne de l'attractivité limitée des métiers impliqués par ce secteur. Ceci s’explique, bien évidemment, par la tendance suivie au Royaume, basée notamment sur une exploitation de rente des produits de la pêche, même si ces derniers représentent aujourd'hui, selon les données officielles, près de 40% de la valeur des exportations de produits alimentaires du pays.
D’ailleurs, la question que je me pose encore, à ce jour, est la suivante : pourquoi le secteur halieutique est intégré dans une formation en agronomie à l’institut agronomique et vétérinaire Hassan II? Pourquoi ne pas en faire une filière à part entière, dans un établissement spécialement institué pour la formation et la recherche dans les domaines de l'halieutique et l'aquaculture ?
Le secteur halieutique, avec ses composantes des pêches et de l'aquaculture, devrait faire l’objet de formations spécialisées avec des professeurs de très haut niveau effectuant des recherches de pointe, comme c’est le cas dans plusieurs pays, qui disposent d’instituts de formation du supérieur dédiés à ces thématiques.
Quelles opportunités offre ce secteur pour le capital humain ?
Les opportunités ne manquent pas. Il y a tout le département de la pêche relevant du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche maritime et des Eaux et Forêts, avec son siège à Rabat et ses antennes régionales. Les zones de pêche, le long des côtes atlantique et méditerranéenne, présentent sans aucun doute un besoin en matière de capital humain dans ce sens, notamment pour assurer le contrôle des halles aux poissons, des débarquements ou même des volumes pêchés.
Quel état des lieux dressez-vous de l’emploi (qualité/ opportunités d’évolution…) dans ce domaine à fort potentiel ?
C’est une question sur laquelle il nous reste beaucoup de travail à faire. Toutes les écoles d’ingénieurs du monde disposent d’une cellule spéciale pour favoriser l’employabilité des lauréats. Chose dont nous ne disposons pas encore, ni dans le secteur halieutique, ni en agronomie.
Depuis la mise en place du Plan Maroc Vert, nous avons vécu une dynamique d’emploi importante en lien avec les projets qui se sont installés. Cependant, depuis la fin de 2018, nous vivons une conjoncture différente avec des difficultés à placer tous les lauréats sur le marché de l’emploi et ce, en raison de la crise économique que connaît le Royaume, suite à la pandémie de COVID-19, l'inflation mondialisée, etc.
D’après vos observations, quelles sont les potentialités des métiers de l’aquaculture ?
En termes d’administration, le Maroc a certainement besoin d’ingénieurs spécialisés dans ses principaux ports, surtout dans des questions pointues telle que la qualité des produits de la mer. Ce qui nous appelle, bien évidemment, à réfléchir sur une stratégie claire à la hauteur des ambitions fixées.
Quelles actions recommandez-vous pour que ce secteur soit en phase avec les avancées que connaît cette activité à travers le monde en matière d’emploi ?
Le Royaume dispose de potentialités importantes qu’il faut saisir par rapport à une demande mondiale en produits de la mer qui ne cesse d'augmenter. Il est important d'accompagner cet essor, notamment par l'investissement dans de nouvelles technologies, la digitalisation, etc. Mais pour ce faire, il lui faut un capital humain bien formé et à la hauteur des projets de développement promis.
Si le Maroc veut vraiment valoriser davantage le patrimoine des produits de la mer, il faut penser à une école indépendante, dans le cadre d’une stratégie nationale transversale, avec une formation de haut niveau encadrée par des spécialistes en la matière pour pouvoir attirer les meilleurs.
Il est également question d’encourager la recherche scientifique dans ce secteur. Sur ce créneau en particulier, je pense qu’on est très en retard car à ma connaissance, nous ne disposons pas encore de suffisamment de travaux de recherches très pointues, tout en sachant que le Royaume dispose de très grands potentiels qu’on devrait bien exploiter.
Améliorer l’attractivité des métiers du secteur halieutique s’avère donc plus que nécessaire.
Je dirai non, pour plusieurs raisons, liées notamment à l’insuffisance des effectifs de formateurs dans les diverses disciplines en lien à l'halieutique, et à l’absence d’une institution de formation dédiée entièrement à ce domaine. Il s’agit, à mon sens, de deux problèmes majeurs capables de freiner le développement de ce secteur à fort potentiel.
Où en est-on au Maroc, aujourd’hui, par rapport à la formation dans ce domaine ?
-En retard. Ce sont d'ailleurs, aujourd’hui, les étudiants qui ne sont pas les mieux classés en 2ème année du cycle préparatoire en Agronomie qui sont orientés vers la filière "Halieutique", ce qui témoigne de l'attractivité limitée des métiers impliqués par ce secteur. Ceci s’explique, bien évidemment, par la tendance suivie au Royaume, basée notamment sur une exploitation de rente des produits de la pêche, même si ces derniers représentent aujourd'hui, selon les données officielles, près de 40% de la valeur des exportations de produits alimentaires du pays.
D’ailleurs, la question que je me pose encore, à ce jour, est la suivante : pourquoi le secteur halieutique est intégré dans une formation en agronomie à l’institut agronomique et vétérinaire Hassan II? Pourquoi ne pas en faire une filière à part entière, dans un établissement spécialement institué pour la formation et la recherche dans les domaines de l'halieutique et l'aquaculture ?
Le secteur halieutique, avec ses composantes des pêches et de l'aquaculture, devrait faire l’objet de formations spécialisées avec des professeurs de très haut niveau effectuant des recherches de pointe, comme c’est le cas dans plusieurs pays, qui disposent d’instituts de formation du supérieur dédiés à ces thématiques.
Quelles opportunités offre ce secteur pour le capital humain ?
Les opportunités ne manquent pas. Il y a tout le département de la pêche relevant du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche maritime et des Eaux et Forêts, avec son siège à Rabat et ses antennes régionales. Les zones de pêche, le long des côtes atlantique et méditerranéenne, présentent sans aucun doute un besoin en matière de capital humain dans ce sens, notamment pour assurer le contrôle des halles aux poissons, des débarquements ou même des volumes pêchés.
Quel état des lieux dressez-vous de l’emploi (qualité/ opportunités d’évolution…) dans ce domaine à fort potentiel ?
C’est une question sur laquelle il nous reste beaucoup de travail à faire. Toutes les écoles d’ingénieurs du monde disposent d’une cellule spéciale pour favoriser l’employabilité des lauréats. Chose dont nous ne disposons pas encore, ni dans le secteur halieutique, ni en agronomie.
Depuis la mise en place du Plan Maroc Vert, nous avons vécu une dynamique d’emploi importante en lien avec les projets qui se sont installés. Cependant, depuis la fin de 2018, nous vivons une conjoncture différente avec des difficultés à placer tous les lauréats sur le marché de l’emploi et ce, en raison de la crise économique que connaît le Royaume, suite à la pandémie de COVID-19, l'inflation mondialisée, etc.
D’après vos observations, quelles sont les potentialités des métiers de l’aquaculture ?
En termes d’administration, le Maroc a certainement besoin d’ingénieurs spécialisés dans ses principaux ports, surtout dans des questions pointues telle que la qualité des produits de la mer. Ce qui nous appelle, bien évidemment, à réfléchir sur une stratégie claire à la hauteur des ambitions fixées.
Quelles actions recommandez-vous pour que ce secteur soit en phase avec les avancées que connaît cette activité à travers le monde en matière d’emploi ?
Le Royaume dispose de potentialités importantes qu’il faut saisir par rapport à une demande mondiale en produits de la mer qui ne cesse d'augmenter. Il est important d'accompagner cet essor, notamment par l'investissement dans de nouvelles technologies, la digitalisation, etc. Mais pour ce faire, il lui faut un capital humain bien formé et à la hauteur des projets de développement promis.
Si le Maroc veut vraiment valoriser davantage le patrimoine des produits de la mer, il faut penser à une école indépendante, dans le cadre d’une stratégie nationale transversale, avec une formation de haut niveau encadrée par des spécialistes en la matière pour pouvoir attirer les meilleurs.
Il est également question d’encourager la recherche scientifique dans ce secteur. Sur ce créneau en particulier, je pense qu’on est très en retard car à ma connaissance, nous ne disposons pas encore de suffisamment de travaux de recherches très pointues, tout en sachant que le Royaume dispose de très grands potentiels qu’on devrait bien exploiter.
Améliorer l’attractivité des métiers du secteur halieutique s’avère donc plus que nécessaire.