Nous nous gardons de dire puisqu’il faut déclamer. Un final cut tonitruant pour une belle histoire démarrée délicieusement, poursuivie délicatement et clôturée aimablement. Jazzablanca montre ses biceps, cogne à l’envi, caresse là où le sens du poil prononce son forfait. Le Canado-libanais porté par des origines italiennes se lâche d’emblée, racontant ses descendances. Mika aux commandes d’une fin de belle aventure pour un public chauffé à blanc. Beau et gosse à la foi, l’artiste fonce tête baissée, dissimulant le trac qui fait grandir. A la foule surexcitée, il lance, après livraison de deux de ses succès : « Je m’appelle Mika, et vous ? » La marée humaine est en délire. S’ensuit un alignement sagement réfléchi de hits implacables jusqu’à ce qu’il découvre une pancarte dont il se saisit : « Je ne le savais pas, mais je découvre que Mika en marocain signifie ‘’sac poubelle’’. Du coup, je garde ceci en souvenir. » Professionnel jusqu’à l’indécence, le chanteur séduit à bras raccourcis. Voilà qui rehausse une ambiance gentiment nourrie en première partie, assurée par un groove certain. Venu de Brooklyn, l’ensemble Antibalas, noyé dans un afrobeat redondant, secoue à outrance la sépulture du Nigérian Fela Kuti. La fratrie est rejointe par le Marocain Mehdi Nassouli pour une tentative de fusion gnaoua. Et Mika qui fait le ménage derrière. Pendant ce temps, une jeune silhouette fait éruption sur l’une des terrasses VIP : le ministre de la Culture, de la Communication et de la Jeunesse Mehdi Bensaïd. Ravi d’être de la fête, il nous raconte qu’il vient tout droit d’Essaouira où se tient le festival gnaoua : « Il faut faire plaisir à tout le monde. Hier Essaouira, aujourd’hui Jazzablanca, cela fait partie de mes prérogatives de ministre. » Et le département de la Culture dans tout cela ? « Il y aura augmentation de budget. Je ne sais pas encore de combien, mais on va négocier. » Voilà qui « rassure », sachant que la part allouée à la chose culturelle est historiquement chétive. Mais Bensaïd sait également parler musique. Le poussant à trouver un équivalent de Mika au Maroc, il répond tout de go : « Lartiste ! » Le rappeur originaire d’Imintanoute devrait corser son flow. Ainsi s’achève cette 16e édition, ainsi prend fin un périple de trois jours pleins, mouvementés et salvateurs.