Sous un arbre, évoquant l’antan incomparable aux jours nouveaux, sur un tapis naturellement gazonné et défriché, submergé de voix muettes de fourmis subitement décontenancées, prenons-nous la vague décision de nous y inviter, optant pour la voix basse, allant jusqu’au bout de l’éclat sagement déroulé. Cela renvoie intensément aux défunts repas sur l’herbe, ce qui fait couler une eau bénite et jamais mouillante.
L’entretien démarre comme par enchantement. Un bâton-rompu à la palabre libre et forte en thèmes. Ce que nous maintenons jusqu’au bout de ce face-à-face noyé dans le vent et le soleil bellement enlacés, au flirt dramatiquement inassouvi. Nous sommes sur le site de l’Anfa Park où se tient depuis l’an dernier Jazzablanca, pendant le montage des différentes plateformes réputées recevoir le festival.
Moulay Ahmed Alami se laisse (dé)faire avec le flegme qui fait de son présent son lendemain. Et la question subite et composite tombe : comment se sent-on à quelques jours du coup d’envoi d’un festival qui frappe à mains nues ? Réponse en gonds de velours : « Excité, surexcité. En fait, cela ressemble à la veille d’un accouchement. J’attends voir le bébé sortir avec impatience. » L’homme est fébrilement optimiste.
Et pour cause… L’édition 2022 le conforte dans sa folle ténacité. Il ne jure que par la cassure du présent, la construction du futur, les caresses du passé.
L’entretien démarre comme par enchantement. Un bâton-rompu à la palabre libre et forte en thèmes. Ce que nous maintenons jusqu’au bout de ce face-à-face noyé dans le vent et le soleil bellement enlacés, au flirt dramatiquement inassouvi. Nous sommes sur le site de l’Anfa Park où se tient depuis l’an dernier Jazzablanca, pendant le montage des différentes plateformes réputées recevoir le festival.
Moulay Ahmed Alami se laisse (dé)faire avec le flegme qui fait de son présent son lendemain. Et la question subite et composite tombe : comment se sent-on à quelques jours du coup d’envoi d’un festival qui frappe à mains nues ? Réponse en gonds de velours : « Excité, surexcité. En fait, cela ressemble à la veille d’un accouchement. J’attends voir le bébé sortir avec impatience. » L’homme est fébrilement optimiste.
Et pour cause… L’édition 2022 le conforte dans sa folle ténacité. Il ne jure que par la cassure du présent, la construction du futur, les caresses du passé.
L’approbation du roi
Rentrons dans le dur. Le festival s’ouvre essentiellement sur l’apport majestueux de Nile Rogers de la formation Chic et auteur ou producteur de hits concoctés pour Sister Sledge, passant par David Bowie ou encore Duran Duran. Nous ne sommes pas dans le hasbeen, plutôt dans le rappel d’une belle époque : « Il ne faut pas oublier que cette grosse pointure des années 70 et 80 a redonné vie à des artistes en perdition », dit Moulay Ahmed qui raconte qu’avoir cette année Rogers est le fruit d’un échange avec le manager de Ben Harper présent l’année dernière sur la grande scène de Jazzablanca.
« Il m’a dit qu’un évènement de cette belle qualité mérite qu’on réfléchisse à d’autres pointures dont Niles. »
Pas tombée dans l’oreille d’un sourd, Moulay Ahmed retient la proposition et booke celui qui a fait transpirer des générations sur des sons soul-funk-disco. Le line-up de cette édition fait du festival une volumineuse livraison. Beth Hart, droguée blues, rockeuse inconsolable et bête de scène n’est certainement pas à Jazzablanca pour se balader sur scène. Dès qu’elle a du répondant, elle enflamme à tout va. « Lorsque je l’ai fait venir au Megarama de Casablanca en pendant de Jazablanca il y a quelque temps, je n’étais pas sûr de mon choix.
Mais elle était rapidement sold out ! Terrible. Je la fais revenir cette année dans un festival, dans un cadre précis. Elle va cartonner, sachant que les gens la préfèrent à Aloe Black. C’est tout de même curieux ! », dit Moulay Ahmed plutôt enthousiasmé. Mais quand on lui évoque la programmation de Mika en qualifiant ce choix de ratissage large, il refuse d’y adhérer arguant que c’est une approche familiale pour le public, citant même sa mère : « C’est intergénérationnel et c’est ce que j’aime. » Ailleurs, on intègre l’Afro beat déjà présent au Jazzablanca à travers la belle présence du batteur émérite du légendaire Fella Kuti, l’aimable défunt Tony Allen.
Il y a du local également sur les scènes de l’Anfa Park comme en ville où l’accès est gracieux. Cette année, le festival groove des épaules puisqu’il swingue sous le couru patronage royal. « Jai eu des frissons quand j’ai reçu le document. Je me suis dit que le Roi croit en ce que fait cet évènement », raconte Alami. Et comme pour toute symphonie bien orchestrée, il y a toujours un bémol, ici, elle est sujette à un « vivre ensemble » qui marque le ton d’une inadéquation vieille comme le lendemain d’une grosse soirée.
Le Jazzablanca 2023 est télescopé avec le festival Gnaoua d’Essaouira. Plus secouant, est le timing de 2024. Les deux évènements embrasseront les mêmes dates. Que le jazz métissé inspire les gnaouas fusionnant. Le reste n’est que fluide attraction.
Anis HAJJAM