Le 9 mars 2023 a été célébrée la Journée mondiale du Rein qui vise à sensibiliser le grand public à l’importance de la santé rénale et aux conséquences désastreuses d’un diagnostic tardif des maladies silencieuses qui peuvent affecter l’un des organes les plus vitaux du corps humain. Dans un contexte où les modes de vie sont marqués par des facteurs aggravants comme le manque d’exercices physiques et les habitudes déséquilibrées d’alimentation, l’augmentation des nombres de patients souffrant de diabète ou d'hypertension artérielle, entraîne "mécaniquement" une augmentation des cas d'insuffisance rénale. Il arrive souvent que nombre d'entre eux ne soit dépisté qu'à l'approche du stade terminal et, dans ce cas, le recours à la dialyse ou la greffe devient obligatoire. Au Maroc, l’un des organismes les plus actifs dans ce domaine est l’association REINS, qui, depuis plusieurs années, œuvre à sensibiliser le grand public et à améliorer les conditions de traitement et de vie des personnes souffrant de maladies rénales.
En référant à la moyenne mondiale, le nombre de Marocains qui sont touchés par ce fléau dépasse les trois millions d’individus. « Depuis l’avènement de la Journée mondiale du Rein en 2006, nous avons toujours travaillé pour augmenter la prise de conscience concernant ce sujet et pour faire de la prévention un des principaux axes de lutte, en parallèle à la promotion du don et de la transplantation d’organes », affirme Pr Amal Bourquia, présidente de l’Association REINS. Pour l’édition 2023 de la Journée mondiale du Rein, l’association a ainsi organisé une semaine d’activités de sensibilisation autour de plusieurs thèmes, notamment l’amélioration des soins rénaux, la santé rénale pour tous, la maladie rénale post-pandémie, ou encore la Maladie Rénale Chronique (MRC) à l’ère de la couverture médicale généralisée. Une large campagne de sensibilisation et d'information lancée via les réseaux sociaux a également été mise en place, sachant que, dans notre pays, le seul nombre de patients dialysés a atteint les 34.000, dans un contexte où la prévalence et l’incidence de ces maladies ne cessent d’augmenter.
3 millions de malades
En référant à la moyenne mondiale, le nombre de Marocains qui sont touchés par ce fléau dépasse les trois millions d’individus. « Depuis l’avènement de la Journée mondiale du Rein en 2006, nous avons toujours travaillé pour augmenter la prise de conscience concernant ce sujet et pour faire de la prévention un des principaux axes de lutte, en parallèle à la promotion du don et de la transplantation d’organes », affirme Pr Amal Bourquia, présidente de l’Association REINS. Pour l’édition 2023 de la Journée mondiale du Rein, l’association a ainsi organisé une semaine d’activités de sensibilisation autour de plusieurs thèmes, notamment l’amélioration des soins rénaux, la santé rénale pour tous, la maladie rénale post-pandémie, ou encore la Maladie Rénale Chronique (MRC) à l’ère de la couverture médicale généralisée. Une large campagne de sensibilisation et d'information lancée via les réseaux sociaux a également été mise en place, sachant que, dans notre pays, le seul nombre de patients dialysés a atteint les 34.000, dans un contexte où la prévalence et l’incidence de ces maladies ne cessent d’augmenter.
Implication du secteur libéral
« Cette année, nous avons réussi à sensibiliser le syndicat des néphrologues privés du Maroc pour se joindre à nous dans la célébration de cette Journée grâce à l’implication du Pr Najib Amghar. Nous avons toujours été seuls à aborder ces sujets et à nous intéresser à l’ensemble de la problématique que posent les maladies rénales à tous les niveaux », précise Pr Amal Bourquia. C’est dans ce contexte qu’une conférence-débat, sous le thème : "La maladie rénale dans tous ses états", a été organisée le jeudi 9 mars à Rabat, afin de fédérer le plus grand nombre de parties prenantes. « Cette action traduit notre grande volonté à faire adhérer les néphrologues du secteur libéral dans la prise de conscience de la gravité de la MRC et dans les efforts déployés pour stopper son évolution et pour protéger la santé de nos concitoyens », résume la même source. Une dynamique nécessaire au vu de la mortalité liée à la MRC qui menacerait de devenir la cinquième cause de décès dans le monde d’ici 2040.
Un enjeu national
Ainsi, à l’image d’autres défis sanitaires au Maroc, le chantier lié aux maladies rénales est de ce fait un enjeu de santé publique déterminant, d’autant plus que beaucoup reste à faire, en dépit des avancées réalisées ces dernières années. « Il est certain que la généralisation de la couverture médicale va permettre aux patients avec atteintes rénales - surtout chroniques - d’accéder à une meilleure prise en charge. Cependant, la réussite de ce grand projet nécessite la conjugaison des efforts des différentes parties prenantes, dont le gouvernement et les acteurs du système de santé. Peu présente dans les programmes de santé des gouvernements, la maladie rénale chronique est une menace mondiale pour la santé publique et doit prendre une place essentielle dans le projet national. Par ailleurs, la préparation aux événements inattendus est extrêmement importante pour les patients souffrant de maladies rénales », conclut la présidente de l’Association REINS.
Omar ASSIF
3 questions au Pr Amal Bourquia
« Des avancées prometteuses se produisent grâce à l'application de l’Intelligence Artificielle »
Néphrologue et présidente de l'association REINS et de la Société marocaine de santé et environnement, Pr Amal Bourquia répond à nos questions.
Néphrologue et présidente de l'association REINS et de la Société marocaine de santé et environnement, Pr Amal Bourquia répond à nos questions.
Le personnel et les équipements nécessaires pour le traitement des maladies rénales au Maroc, ont-ils évolué ces dernières années ?
Il est certain que le nombre de centres et de générateurs de dialyse a beaucoup progressé, avec également quelques changements positifs dans la qualité et la disponibilité de certains traitements. En revanche, de nombreux efforts restent à faire pour améliorer encore plus la qualité de ces traitements, mais surtout pour développer la transplantation, car la dialyse ne se conçoit que dans un programme intégrant la transplantation également, pour pouvoir ainsi donner le choix au patient par rapport au type de technique à utiliser.
Qu’en est-il de la mobilisation de votre association pour faciliter les procédures de don d'organes ?
L’association REINS a toujours travaillé pour faire le point sur la situation délicate du don et de la transplantation d’organes au Maroc, sensibiliser à l'importance du don d'organes, démystifier les mythes liés à cet acte thérapeutique et attirer l’attention sur le nombre sans cesse croissant de patients qui décèdent en attente d’organes. D’ailleurs, une des étapes importantes est la journée d’étude qui s’est tenue en novembre dernier au siège du CNOM à Rabat et qui s’est focalisée sur cette thématique afin d’identifier les obstacles et de proposer des solutions. Cette rencontre a connu la participation de représentants issus d’un large spectre de parties prenantes et a donné suite à plusieurs recommandations importantes pour catalyser ce chantier vital.
Les avancées récentes technologiques et médicales permettent-elles d’ouvrir de nouveaux horizons pour le traitement des maladies rénales ?
Il y a eu effectivement plusieurs voies que la recherche a pu ouvrir, notamment le recours au rein de porc génétiquement modifié, les expériences de réanimation d’organes après arrêt cardiaque, ou encore les modifications du groupe sanguin pour disposer de plus de donneurs. Cela dit, la grande évolution concerne le numérique dans le domaine médical et des soins en néphrologie. Des avancées prometteuses se produisent grâce à l'application de l’Intelligence Artificielle qui peut avoir un impact profond sur la prise en charge des patients grâce à son apport notamment à la stratification précise des risques et l'initiation d'un traitement pour les dysfonctionnements rénaux. Cela dit, ce chantier nécessite de veiller au respect des réglementations éthiques, notamment la confidentialité, la sécurité des informations et des données, ou encore la responsabilité médicale et les relations médecin-patient.
Il est certain que le nombre de centres et de générateurs de dialyse a beaucoup progressé, avec également quelques changements positifs dans la qualité et la disponibilité de certains traitements. En revanche, de nombreux efforts restent à faire pour améliorer encore plus la qualité de ces traitements, mais surtout pour développer la transplantation, car la dialyse ne se conçoit que dans un programme intégrant la transplantation également, pour pouvoir ainsi donner le choix au patient par rapport au type de technique à utiliser.
Qu’en est-il de la mobilisation de votre association pour faciliter les procédures de don d'organes ?
L’association REINS a toujours travaillé pour faire le point sur la situation délicate du don et de la transplantation d’organes au Maroc, sensibiliser à l'importance du don d'organes, démystifier les mythes liés à cet acte thérapeutique et attirer l’attention sur le nombre sans cesse croissant de patients qui décèdent en attente d’organes. D’ailleurs, une des étapes importantes est la journée d’étude qui s’est tenue en novembre dernier au siège du CNOM à Rabat et qui s’est focalisée sur cette thématique afin d’identifier les obstacles et de proposer des solutions. Cette rencontre a connu la participation de représentants issus d’un large spectre de parties prenantes et a donné suite à plusieurs recommandations importantes pour catalyser ce chantier vital.
Les avancées récentes technologiques et médicales permettent-elles d’ouvrir de nouveaux horizons pour le traitement des maladies rénales ?
Il y a eu effectivement plusieurs voies que la recherche a pu ouvrir, notamment le recours au rein de porc génétiquement modifié, les expériences de réanimation d’organes après arrêt cardiaque, ou encore les modifications du groupe sanguin pour disposer de plus de donneurs. Cela dit, la grande évolution concerne le numérique dans le domaine médical et des soins en néphrologie. Des avancées prometteuses se produisent grâce à l'application de l’Intelligence Artificielle qui peut avoir un impact profond sur la prise en charge des patients grâce à son apport notamment à la stratification précise des risques et l'initiation d'un traitement pour les dysfonctionnements rénaux. Cela dit, ce chantier nécessite de veiller au respect des réglementations éthiques, notamment la confidentialité, la sécurité des informations et des données, ou encore la responsabilité médicale et les relations médecin-patient.
Stratégie : Améliorer le dépistage et le traitement des maladies rénales
En dépit des efforts et des avancées enregistrées au niveau national dans le dépistage et le traitement des maladies rénales, les spécialistes estiment que beaucoup reste encore à faire afin de limiter les dégâts causés par ce fléau. « Il faut d’abord œuvrer pour protéger la santé des reins en encourageant l’adoption des modes de vie sains (accès à une eau salubre, exercice, régime alimentaire sain, lutte antitabac, etc.) et mettre en place des mesures de prévention appropriées, car de nombreuses maladies rénales peuvent être prévenues, retardées ou maîtrisées », estime Pr Amal Bourquia. L’autre axe majeure d’intervention consiste à améliorer le dépistage des maladies du rein en garantissant l'accès à des outils d'identification (tests d'urine et de sang notamment). « Dépister les personnes à haut risque, ainsi que le diagnostic et le traitement précoces peuvent prévenir ou retarder les maladies rénales au stade terminal », souligne la présidente de l’association REINS. Suite au dépistage, la lutte contre les impacts des maladies rénales consiste à améliorer l’accès et l’offre de soins pour les patients insuffisants rénaux. « Chez les femmes, la grossesse peut également être une occasion précieuse pour le diagnostic précoce de la maladie rénale, permettant la planification d'interventions thérapeutiques », poursuit la même source, qui appelle également à rattraper le retard enregistré dans l’intégration du numérique dans les systèmes de soin et à engager l’ensemble des organismes qui pourraient contribuer au chantier de la lutte contre les maladies rénales.
MRC : Une détérioration progressive de la vitale fonction rénale
La maladie rénale chronique (MRC) est une détérioration progressive de la capacité des reins à filtrer les déchets métaboliques du sang. Selon les cas, la vitesse de cette détérioration peut varier de quelques mois à plusieurs années. Principalement causée par des maladies comme le diabète et l’hypertension artérielle, la MRC prend la forme d’une acidification du sang qui entraîne le développement d’une anémie, endommage les nerfs et les tissus osseux et augmente le risque d’athérosclérose. Les symptômes peuvent comprendre : mictions nocturnes, fatigue, nausées, démangeaisons, soubresauts et crampes musculaires, perte d’appétit, confusion, détresse respiratoire et œdème du corps. Le traitement de la MRC peut varier selon le stade d’avancement de la maladie. Il vise à limiter les liquides, le sodium et le potassium dans l’alimentation et implique le traitement d’autres pathologies qui ont favorisé ou accéléré la détérioration de la fonction rénale. Le diagnostic précoce est très important pour éviter de devoir recourir à la dialyse ou à la greffe des reins.