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Khadija Zoumi : De Sebta et Melilia, la contrebande sera bannie


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 7 Septembre 2020

La décision de mettre fin à la contrebande à Sebta et Melilia est salutaire, selon Mme Khadija Zoumi. Retour sur les actions de l’OFI en faveur des femmes-mulets.



Khadija Zoumi
Khadija Zoumi
- Le ministre de l’Intérieur a déclaré, lors d’une réunion avec un collectif de militantes de partis politiques, qu’il est décidé à fermer la porte à toute reprise de la contrebande depuis Sebta et Melilia. Quel est votre commentaire ?
- D’abord, il faut savoir que le sujet des femmes-mulets a été abordé par le ministre de l’Intérieur passagèrement et occasionnellement. Cependant, il n’a pas manqué de confirmer que le Maroc est catégoriquement contre la contrebande, qui sévit depuis longtemps au passage frontalier de Bab Sebta. Du point de vue de l’Organisation de la Femme Istiqlalienne (OFI), c’est une bonne décision, puisque la contrebande détériore l’économie de notre pays, au profit d’autres pays.

- Quelles sont les actions menées par l’OFI en faveur des femmes-mulets ?
- Mettre un terme à cette contrebande est une mesure salutaire et nécessaire. L’OFI travaille depuis longtemps sur ce dossier. Nous avions organisé une rencontre ouverte avec des femmes du passage frontalier de Sebta. A cette occasion, certaines d’entre elles nous ont fait part des détails affreux qu’elles vivaient au cours de leur passage. Une autre femme, aveugle, présente à cette occasion, avait raconté de profonds maux, qui ont fait couler les larmes des participantes. Un communiqué de l’OFI fut rendu public à cette occasion, invitant par la même le gouvernement à fermer la porte à toute reprise de la contrebande depuis Sebta. Une activité illicite qui a fait couler beaucoup d’encre sur ces femmes désignées comme “femmesmulets”.

Dans le même contexte, nous avons demandé l’alternative, toujours suivant les lignes soulignées par le Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, M. Nizar Baraka, en rompant avec ce genre d’activités. La contrebande fait plus de mal que de bien à notre pays en général, et aux femmes en particulier. Nous avons également proposé d’y créer une free zone. C’est ce qui s’est effectivement produit. Sauf que, la vraie question, que nous nous posons toujours, est-ce que ces femmes vont bénéficier d’opportunités de travail dans cette zone ? La contrebande existe probablement dans d’autres coins du royaume, mais à Sebta, le taux y est très élevé. L’image produite était flagrante. Elle a attiré l’attention de tous et a fait couler beaucoup d’encre. Elle a entaché au plus haut point l’image de la femme marocaine. C’est la raison pour laquelle nous avons attiré l’attention du gouvernement sur la nécessité de protéger l’économie nationale.

- Quelle est la situation de ces femmes en cette période de pandémie ? 
- Leur situation n’est pas différente de celle des femmes oeuvrant dans le secteur informel. Elles sont les premières perdantes, sachant qu’elles constituent un important contingent dans ce secteur. Ce qui nous pousse à nous poser une question pertinente : quand est-ce que sera améliorée la situation de ces femmes dans le marché de travail et quand est-ce que leur travail deviendra convenable pour elles ? Autant de questions dévoilées par la pandémie du Coronavirus. Nous attendons toujours des solutions qui aideront à cicatriser les blessures causées à ces femmes, victimes de la violence, dans toutes ses formes.

Recueillis par Safaa KSAANI 

Portrait : Une syndicaliste chevronnée

Khadija Zoumi, 60 ans, a été élue le 23 juin 2018 à la présidence de l’Organisation de la Femme Istiqlalienne (OFI). Elle a rejoint l’Organisation une année après sa création, en 1988. Elle est également connue pour son activisme syndical. L’enseignante s’est imposée au sein de la Fédération indépendante de l’enseignement avant d’être nommée secrétaire provinciale de l’UGTM à Rabat en 1994 et de devenir la première femme à diriger l’antenne régionale du syndicat affilié à l’Istiqlal. Khadija Zoumi est aussi l’une des femmes qui ont intégré la direction de l’Istiqlal avec l’avènement du Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, M. Nizar Baraka. Une position qu’elle met au service de la défense des femmes sur tous les fronts. Khadija Zoumi est active dans des organisations internationales, comme l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Depuis 2014, elle siège dans la commission exécutive de cette organisation. Une fois élue, elle a disposé du droit de désigner plus de la moitié de la direction de l’organisation qu’elle préside. Les 15 noms qu’elle a proposés au Conseil national ont été retenus alors que 13 autres membres ont été élus au niveau des régions en plus d’une représentante des MRE.

S. K.

Repères

Fin de la contrebande à Sebta et Melilia
Le ministre de l’Intérieur est décidé à fermer la porte à toute reprise de la contrebande depuis Sebta et Melilia. « Pour la défense de la dignité de la femme marocaine, nous n’autoriserons pas le retour à une situation qui donne une mauvaise image de la femme », a-t-il précisé, mardi 1er septembre, à l’occasion d’une réunion avec un collectif de militantes de partis politiques réclamant d’appliquer le principe constitutionnel de la parité lors des prochaines élections. Abdelouahed Laftit a souligné que « le Maroc est prêt à discuter toutes les alternatives qui permettent aux personnes touchées » par les mesures prises par les autorités marocaines pour réduire la contrebande de vivre dignement. Une activité qui « non seulement nuit à l’économie locale et nationale mais aussi à l’image de la femme marocaine », a-t-il déploré.
Des «Hamalates» victimes des bousculades
La pression à Bab Sebta se fait de plus en plus grande pour les transporteurs de marchandises. Des milliers de femmes-mulets traversaient au quotidien la frontière entre le Maroc et l’Espagne, rémunérées par des commerçants marocains pour transporter des marchandises espagnoles destinées à être revendues au Maroc, comme des vêtements ou des produits alimentaires. Elles sont victimes de “mauvais traitements, de harcèlement et de vol”, souligne le rapport parlementaire sur la question. En 2017, au moins quatre sont mortes, piétinées dans des bousculades ayant eu lieu à un poste-frontière situé entre la ville marocaine de Fnideq et Sebta, qui jouit d’un statut de port franc. 








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