L’humeur : Du journalisme à la brocante

Etais-je un jour journaliste ? Le suis-je actuellement ? Le serais-je « ultérieurement » ? Les réponses à ces questions rageusement personnelles, sont d’une inutilité certaine, mais je compte m’y atteler, pas pour leur trouver une quelconque légitimité mais pour les faire barbotter dans l’incongrue évolution de ce métier. J’essaie ce pari, choix de l’histoire et de faits largement aléatoires. Je ne parle pas de mes débuts, cela ennuierait les nouveaux, je n’évoque pas les novices puisqu’ils me qualifieraient de has-been. Je dis juste que j’écris des textes, et ce, depuis que j’ai arrêté de produire des articles. Ces derniers m’informent et me forment.

Ensuite, ils me grondent en me montrant la sortie… vers autre chose, vers une vie plus compliquée et grandement plus instructive. Je dis « oui » pour me retrouver dans la force du verbe, dans l’incroyable gestuelle du sens. Et je m’y noie jusqu’à ce qu’un réveil brutal me fasse tomber du lit moelleux de la création caressant l’âme et l’esprit. Cela commence par un bruinement, suivi d’un déluge. Une pluie déployant des cordes mouillant le lambda, submergeant de ses rafales l’idéal « client » prêt à avaler plusieurs tasses. Et je découvre que tout ce que le métier et mes aînés m’enseignent part en vrille. L’heure est au voyeurisme, à l’approximation, à la douloureuse invention. Des sites Internet sous aucun contrôle étalent une malencontreuse science applaudie et relayée par d’analystes morts dans l’œuf qu’ils pondent eux-mêmes. Ici, je déplore la posture de l’incrusté mais également celle de l’homme, muni d’un cigare qui enfume, se vautrant comme connaisseur. Mais qui suis-je pour juger ou transcender ? Un acharné qui ne vise comme victime, par entêtement professionnel, que sa propre personne. Bref, le journalisme passe d’art à brocante.