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La lutte de la mémoire contre l’oubli


Rédigé par Rachid Idrissi Kaitouni* le Mercredi 27 Septembre 2023



Le devoir historique et l’honnêteté intellectuelle ne peuvent m’autoriser à faire mienne cette affirmation selon laquelle « la France n’arrive toujours pas à se départir de son complexe régicide ». Il est vrai que ce propos ne pouvait être porté que par des autorités intellectuelles incontestables et de premier plan. Il s’agit du Doyen Georges Vedel lequel avait, avec tact mais non moins d’autorité, mis fin à un semblant de polémique devant mettre aux prises l’intrépide Mahdi El Manjra, défendant un principe de droit au très fougueux Edgar Faure se barricadant derrière la raison d’Etat, au sujet du sommet de La Bolle. 

Au début des années 1980…

La préséance ayant été bousculée, l’auteur du « Coup d’Etat permanent », hôte de la conférence, s’est vu infliger une remise à l’ordre et à l’endroit de l’honneur des participants africains par S.M. Hassan II. Sans revenir sur le cas d’espèce en question, tout le monde n’avait pas manqué de saisir les arguties, développées avec finesse et non moins de persuasion du Doyen Vedel, pour relayer, aux difficultés de l’instabilité du pouvoir né depuis le régicide de 1793 avec son cortège de révolutions et contre-révolutions jonchées de tyrannies, fruits d’accidents de l’histoire. Une façon subtile de dire que le nouveau locataire de l’Élysée était mal assis… En août 1953, les autorités coloniales (François Mitterrand étant ministre de l’Intérieur) ont mis à exécution un attentat contre la monarchie par l’exil du Roi Mohammed V. Ce fut un grand tournant dans l’histoire du Maroc et de la colonisation en général. Un moment funeste. La répression coloniale, avec son cortège de morts, de disparus et de détenus venait de commettre l’irréparable. Le retour du Roi est devenu, désormais, le préalable à toute discussion. C’est sur cette intransigeance qu’a commencé l’histoire unique et sans pareille de « la révolution du Roi et du Peuple ». Tout le monde est témoin de ce soulèvement populaire ayant porté l’exilé jusqu’à l’avoir vu sur la lune, par un peuple blessé et irrésolu au fait accompli. Une façon de lutter contre l’oubli et exprimer un attachement ancestral à des structures étatiques millénaires 

Souvenirs pour La France et le monde…

La forme monarchique de l’Etat marocain n’est aucunement à mettre en cause (de même que l’article 89 alinéa dernier de la Constitution française de 1958) et cela devait suffire pour ne plus servir d’écran de fumée lorsque l’ex colonisateur se trouve en situation institutionnelle difficile ou lorsque les pouvoirs publics de ce pays se heurtent à rétablir les vérités sur le legs colonial. Pour ne rien manquer à toutes les exactions et les intrigues dont on connait l’origine, les instigateurs et leurs motivations -sans céder à leurs énumérations, celles qu’aucun Marocain ne peut permettre ni tolérer sous quelque motif que ce soit- ne peuvent remettre en cause la parole d’honneur du Maroc surtout lorsqu’elle émane de son Souverain. En fait, l’incompréhension épisodique des sentiments de confusion des autorités françaises à l’égard du Maroc -reliée par une insoutenable agressivité des médias, en particulier lorsqu’il s’agit du Roi- trahit un sentiment de détestation en même temps que d’admiration d’un système politique debout depuis plus de douze siècles. Cela peine à cacher un malaise historique profond, propre d’abord à son histoire et ensuite à l’héritage de la colonisation. La reconnaissance sans ambiguïté et définitive de la marocanité du Sahara s’articule autour d’un postulat que les autorités françaises ont du mal à franchir, sous peine d’heurter la troïka militaire héritière de la colonisation française, sans oublier, toutefois, de souligner que ce qui fut appelé le Sahara occidental a été donné à l’Espagne en « squattage », en dépit du droit des us et des coutumes. Et, comme pour ne pas se trahir face à la confiscation et l’amputation de larges territoires marocains, la vérité historique reste confisquée et toujours sous scellés par le pouvoir français. Le contentieux franco-algérien ne sera définitivement résolu qu’à cette condition. La lutte du Maroc pour le parachèvement de son intégrité territoriale politique et morale est la lutte fatidique de la mémoire contre l’oubli. Le monde nouveau qui s’établit ne peut se calquer sur les erreurs du passé. L’Algérie campe sur une imposture. Les autorités françaises, par leurs agissements, s’en rendent évidemment complices.
 
*Rachid Idrissi Kaitouni est ancien Ambassadeur du Maroc en république Tchèque, ancien Secrétaire général du Parlement.
 
 







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